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Séries Occupied Saison 2 : La politique de l’ennui

Occupied Saison 2 : La politique de l’ennui

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Dire que la saison 2 de cette série norvégienne était attendue de pied ferme était un euphémisme. Cette série imaginée par l’un des maîtres scandinaves du polar Jo Nesbo et pilotée par Erik Skjoldbjærg (à qui l’on doit la version originale d’Insomnia) avait mis la barre très haute dans la production sérielle européenne.

À la fois thriller politique, polar et œuvre d’anticipation, Occupied possède de sérieux atouts pour convaincre : raconter une occupation « pacifique » de la Norvège par la Russie, à la demande de l’Union européenne, pour mettre la main sur les ressources pétrolières du pays, alors décidé à passer aux énergies propres. La première saison suivait ce changement lent, mais bien palpable, avec une ironie mordante. Le regard porté sur les institutions, notamment celles de la vieille Europe, mais aussi plus globalement sur les démocraties modernes donnait à Occupied une terrible crédibilité et une parfaite actualité. Las, la saison 2 s’embourbe dans une dynamique incohérente, semblant défaire une à une toutes les qualités qu’on avait appréciées auparavant.

Six mois ont passé depuis l’appel à la mobilisation lancé par le réseau Free Norway et l’escalade guerrière qui a suivi. Anita Rygg, ancienne cheffe de cabinet de Jesper Berg qui accepte de prendre un poste dont personne ne veut : celui de Premier ministre norvégien. Exilé, Berg dirige quant à lui la résistance grâce à l’interface d’un jeu vidéo. Dupvik, désormais chef du PST (la Sécurité intérieure norvégienne), tente de son côté de mettre à genou l’opposition, qui commet des actes terroristes, et d’anticiper les tentatives de coups d’état qui se trament.

Sous prétexte de s’intéresser aux petites histoires des personnages dans la grande histoire politique qui se construit, Occupied oublie de raconter le monde d’aujourd’hui, ses tensions, ses enjeux économico-politiques. En abordant les compromissions que chacun peut (ou veut) faire pour vivre avec cette nouvelle donne géopolitique, la série s’égare grandement.

Comment croire que Bente puisse s’associer avec des Russes alors qu’elle avait découvert que son mari journaliste avait été tué par ces derniers parce qu’il allait révéler leurs opérations secrètes illégales en Norvège ? Dupvik, certes sous pression de par sa position de patron de la sécurité intérieure, se transforme en parfait petit fasciste (décisions arbitraires et dictatoriales, actions violentes). Si la transformation du personnage peut avoir un intérêt, pourquoi user de clichés et passer par des intrigues personnelles plutôt que professionnelles ? L’enlèvement de sa fille, la vengeance de sang-froid… tout ça ne correspond pas à l’homme ambigu et réfléchi esquissé en saison 1. Pire, la spirale (prévisible) du personnage et le détachement avec sa famille n’apporte strictement rien à l’histoire.

Jesper Berg s’en sort un peu mieux que les autres en devenant un leader en fuite, assez malin pour échapper à ses poursuivants, organiser des opérations « Norvège Libre » et tenter de retrouver une position diplomatique intéressante. Mais même ici, les scénaristes usent de ficelles maintes fois utilisées.

À l’image des personnages, Occupied a perdu en ambigüité dans cette saison 2. Ennemi visible qui n’était presque qu’un leurre mis en place par l’Union européenne en saison 1, la Russie apparait maintenant comme une nation belliqueuse et conquérante. La diplomatie européenne a presque disparu.

De série engagée et complexe, Occupied est tombée en saison 2 dans la banalité et les clichés. Elle aura bien du mal à se relever de cette faute de parcours, malgré une fin choc qui ouvre potentiellement de nouvelles perspectives. Un gâchis incompréhensible.

La saison 2 d’Occupied sera disponible en DVD à partir du 28 février 2018.

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