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On Becoming A God In Central Florida : que vaut l’arnaque pyramidale de Kirsten Dunst ?

On Becoming A God In Central Florida Saison 1 Kirsten Dunst - On Becoming A God In Central Florida : que vaut l'arnaque pyramidale de Kirsten Dunst ?

Que faire quand un homme conduit par son désir de monter dans la Founders American Merchandise est tué par un crocodile ? Pour Krystal (Kirsten Dunst), la femme de ce dernier qui doit s’occuper de la famille, et notamment de leur nouveau-né, la réponse est de suivre les traces de celui-ci. Elle va à son tour tenter de monter les échelons de cette arnaque pyramidale et se révélera être bien plus douée que quiconque ne pouvait le penser.

On Becoming a God In Central Florida propose ainsi sur Showtime une comédie noire – créée par Robert Funke et Matt Lutsky – qui cherche à décortiquer les rouages d’un système qui broie les individus tout en passant au microscope une frange de la population qui essaie de joindre les deux bouts tant bien que mal. La série est surtout un terrain de jeu pour Kirsten Dunst que nous n’avions pas vu à la télévision depuis la seconde saison de Fargo.

Krystal doit donc faire face au décès de son mari, incarné brièvement par Alexander Skarsgard, qui la laisse sans le sou, mais avec la conviction que l’on peut monter les échelons de la Founders American Merchandise, une société qui se spécialise dans l’arnaque pyramidale. Heureusement (ou malheureusement), Krystal se révèle être excellente quand elle reprend le poste de son mari, sous les conseils et les orgasmes du jeune Cody Bonar (Théodore Pellerin), devenant elle-même la mentore de son voisin Ernie Gomes (Mel Rodriguez).

Il y a certes un côté jouissif à voir Kirsten Dunst donner ainsi dans la manipulation, la méchanceté et l’énergie. Son personnage est bien loin des rôles de mère courage que nous voyons à la télévision et n’est attiré que par le pouvoir. Les rapports de domination qu’elle entretient avec Cody sont parmi les éléments les plus intéressants de la série tant ils questionnent les relations homme-femme (et la sexualité) sans en faire une question de vie ou de mort.

Il est alors dommage que le reste ne suive pas. L’intrigue de la Founders American Merchandise possède un terrain riche et fertile, mais s’aventure trop dans la folie et le bizarre pour donner quelque chose de solide au final. Tous les personnages qui gravitent autour de Krystal, à l’exception de Cody et par moments d’Ernie, n’ont malheureusement aucun intérêt si ce n’est de faire avancer un récit qui nous raconte toujours la même chose. Les scénaristes tentent d’étoffer leur univers, mais cela ne fonctionne jamais, passant toujours leurs personnages secondaires en force sans leur donner un matériel plus émotionnel. Cela se répercute sur Krystal, le cœur de la série, qui n’a pas un parcours subtil et progressif : elle apparaît avide et mauvaise dès le second épisode, la suite ne nuançant jamais cet état de fait.

La vraie arnaque dans tout cela, ce n’est pas celle qui se déroule sous nos yeux, c’est le rêve américain en son entier. Le message que tente de faire passer On Becoming A God In Central Florida peut résonner à un certain niveau, mais manque de coffre, d’écho à la situation actuelle pour totalement opérer. Krystal n’est pas un miroir de l’américain moyen tel qu’il ou elle pourrait s’y reconnaître et elle ne subit pas les injustices d’un système inégalitaire d’une manière qui pourrait appeler à une juste rébellion de sa part. Non, elle semble simplement appâtée par le pouvoir et l’argent, conduite par une revanche que l’on ne comprend jamais et qui ne correspond pas tout à fait avec ce que le sujet principal peut donner.

Au bout de six épisodes, je vais laisser le soleil de la Floride et Krystal devenir une déesse sans moi. Il manque une consistance dans le développement des personnages qui semble déjà enterrée et le récit ne propose pas de direction qui puisse intéresser au-delà de son actrice principale. Si elle s’était un peu plus intéressée à un message pourtant évident et facile, On Becoming a God in Central Florida aurait pu creuser le sillon que Lodge 49 réussit mille fois mieux, celui d’une douce dramédie amère qui dissèque comment la société a laissé tomber ses enfants et comment ils s’organisent pour survivre à la désillusion.