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Séries Orange Is The New Black Saison 4 : Unies face à l’adversité

Orange Is The New Black Saison 4 : Unies face à l’adversité

Orange Is The New Black S04 1 - Orange Is The New Black Saison 4 : Unies face à l’adversité

Après une saison de transition qui annonçait des changements dans le quotidien des détenues, Orange Is The New Black est de retour avec une saison 4 qui embrasse pleinement cette voie. Le chaos prend donc le dessus en rebattant les cartes d’une prison qui va être changée en profondeur tout en exploitant les éléments qui font communauté quand on est confronté à une solitude, un ennemi commun.

Ainsi, le premier épisode s’ouvre sur un arrivage de prisonnières rendant Litchfield surpeuplé. Les privilèges disparaissent peu à peu et les nouveaux gardes cherchent à régner en maîtres tyranniques. L’envolée lyrique et cathartique dans le lac concluant la saison 3 se fait alors le chant du cygne des beaux jours et un avenir sombre se prépare pour nos pensionnaires.

Le désordre domine la première partie d’une saison où le microcosme d’Orange Is The New Black est fortement chamboulé. Avec les changements de direction impliquant des restrictions budgétaires et de droits, les détenues avec lesquelles nous vivons depuis quatre ans vont perdre peu à peu de leur territoire et de leur liberté d’action, entraînant des pas de côté vers la contrebande et la criminalité. Cette composante a toujours été présente, notamment avec Vee en saison 2, mais elle prend ici des proportions plus dangereuses comme en attestent les latinas. Le monde du pénitencier n’est pourtant plus le même, car des nouvelles arrivantes aux nouveaux gardiens en passant par un Caputo directeur, un vent de réformes s’impose.

Alors que Jenji Kohan fait habituellement porter son discours aux femmes, cette saison 4 verra l’émergence d’un Caputo particulièrement engagé. Le dirigeant de Litchfield délaisse son costume de clown naïf pour démontrer que le changement est possible dans le bon sens, même si cela va à l’encontre de la productivité. Ainsi, il veut améliorer le quotidien de ses pensionnaires. À travers lui, la série aborde les conditions de vie de plus en plus rudes dans les prisons surpeuplées et délivre avec brio une diatribe qui se construit tout au long de la saison. Entre manipulations d’une MCC (Management & Correction Corporation) déconnectée de la réalité carcérale et la nécessité d’évolution, Orange Is The New Black questionne les notions de surveillance, de justice et de punition face à la condition humaine et la décence. La sincérité de Caputo permet alors de rendre cette intrigue encore plus prenante et, surtout, plus tragique quand arrive la fin.

Alors que la saison démarrait – comme toujours – sur des notes de comédie exposant le quotidien des détenues, la tragédie s’invite rapidement dans les destins des personnages. Alex, Red et Lolly, complices du meurtre d’un faux garde voulant tuer la première, donnent corps à une intrigue criminelle proposant une belle composition aux interprètes. La découverte du cadavre enterré dans le jardin fait imploser le sentiment de sécurité, tout en renforçant les liens dans une famille dont les membres sont prêtes à tout les unes pour les autres. Pourtant, Lolly sera « sacrifiée » pour couvrir les traces de l’équipe, mais pas avant de nous offrir une histoire émotionnellement prenante et dévastatrice.

Si Piper est intégrée à mi-parcours à cette intrigue, c’est surtout symptomatique de son inutilité. Sa seule véritable fonction sera de lier les différentes parties de la prison, notamment à travers une guerre de gangs où s’écharperont, au final, les latinas, les « Blacks » et des néonazis fraichement incarcérées. Même si cela ne respire pas l’originalité, ce pan de la saison permet de créer un peu de suspense dans une lutte de pouvoir intrinsèque à cet environnement. Les communautés se resserrent face à l’adversité et autour de figures fortes comme Red, Taystee et Maria.

Mais les individualités sont toujours au centre de chaque épisode – principalement autour de la famille hispanique cette saison – pour mieux dépeindre la réalité d’une vie carcérale. Ainsi, le retour de Nikki et Sophia insuffle du drame dans des destins compromis par l’emprisonnement. Que ce soit les problèmes de drogue de la première ou identitaires de la seconde, ces deux trajectoires font la synthèse de la perversion du système s’opérant cette saison et engageant l’ensemble des personnages dans une voie de plus en plus sombre malgré l’unité face à l’adversité.

Ce sera d’ailleurs vers cela que la saison va se diriger sur sa fin. Les conditions de détention sont devenues insoutenables autant pour les droits que pour les corps. La mort d’un de nos personnages préférés accentue la colère grondante pour conclure la saison sur une pointe de violence. L’insurrection contre le régime quasi-totalitaire de Piscatella, chef des gardes, et de son équipe incompétente, apparaît inévitable et totalement justifiée quand elle se produit. On quitte alors Litchfield dans un état d’alerte générale, un point de non-retour devant changer la série en profondeur.

Orange Is The New Black fait définitivement bouger ses lignes dans une saison 4 où la solidarité est plus que jamais testée, mais s’en trouve également renforcée. Mêlant toujours avec intelligence comédie et drame, elle accumulera le long de ses treize – trop courts – épisodes des tensions qui exploseront dans un final bouleversant et redéfinissant, à coup sûr, la série et ses personnages. Un an, c’est bien trop long.