Aller au contenu
Séries Orphan Black : La véritable attaque des clones

Orphan Black : La véritable attaque des clones

  • par
  • 5 min read

Orphan Black Saison 3 Promo Tatiana Maslany - Orphan Black : La véritable attaque des clones

PeakTV - Orphan Black : La véritable attaque des clones À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.

Débarquée de nulle part en 2013 sur BBC America, Orphan Black est une petite série canadienne au nom au moins aussi mystérieux que son synopsis qui a immédiatement retenu l’attention des critiques et est parvenu à développer une base de fans solide. Gros concept, petits moyens, ce petit bijou de science-fiction en quête d’identité créé par Graeme Manson et John Fawcett a su marquer de son passage discret le petit écran.

Tout commence avec Sarah Manning (Tatiana Maslany), jeune mère célibataire fauchée et à la dérive qui décide sur un coup de tête de se glisser dans la vie d’une inconnue qui lui ressemble étonnamment. Évidemment, tout va dégénérer très vite et cette sombre histoire d’usurpation d’identité prend un tournant radical et fantastique, à base de clones, d’eugénisme et de complots internationaux.

La science-fiction au service de l’humain

Le clone, tout comme le monde parallèle, est un ressort classique de fiction permettant d’explorer les dessous de l’Homme avec un grand H. Si le but reste le même, le sujet est traité dans Orphan Black sous un angle intimiste et se voit doté d’une bonne dose de chaleur humaine. Transhumanisme, bioéthique, manipulation génétique, les sujets à double tranchant s’enchaînent sans pour autant être survolés et permettent aux plus geeks d’entre nous de faire chauffer leurs neurones.

Qu’est-ce qui nous définit ? C’est la question que posent continuellement les scénaristes sans y répondre réellement. Si certains postulats, comme la prévalence de l’expérience sur la génétique, sont très clairs, d’autres débats sont laissés à l’appréciation de chacun. Dans son positionnement, Orphan Black a trouvé un équilibre rare dans la science-fiction qui en fait une œuvre intelligente et divertissante.

Malgré ses airs de thriller et les problématiques à grande échelle qu’elle aborde, Orphan Black est également une chronique familiale touchante et rafraîchissante. Son écriture bouscule les fondamentaux de la famille en parlant d’adoption, de couple monoparental et de liens bien au-delà de ceux du sang. Véritables hymnes à la différence et à la tolérance, ses 5 saisons sont aussi admirables en termes de représentation et de diversité.

Une pour tou(te)s

Bien qu’elle regorge de qualités, le succès d’Orphan Black repose en grande partie sur son incroyable interprète principale : Tatiana Maslany. Quasi-inconnue avant le pilote, elle se retrouve à incarner une quinzaine de personnages totalement différents, dont quatre à presque chaque épisode. Expressions, accents, manières, rythmes, à chacun son style et tout est parfaitement rodé. Nominée et récompensée à de multiples reprises, l’actrice est la grande révélation de la série.

Parce que le plus souvent les grandes idées s’accompagnent d’un peu de confusion, Orphan Black connaît des périodes creuses et s’embourbe parfois dans sa mythologie très dense. C’est dans ces moments qu’elle peut compter sur ses personnages. Dans le quatuor principal — les sestra — on retrouve : Sarah, l’héroïne paumée mais futée, parfait point d’accroche pour le spectateur ; Cosima, la scientifique solaire et pétillante ; Alison, la mère de famille désespérée mais jamais à court de ressources ; et Helena, l’enfant sacrifié au cœur d’une conspiration.

Viennent se greffer quelques personnages secondaires très efficaces qui gagnent en lisibilité avec le temps, notamment Mrs S., mère adoptive de Sarah interprétée par l’excellente Maria Doyle Kennedy, Evelyne (Évelyne Brochu), la petite-amie frenchie et redoutable de Cosima, et Donnie (Kristian Bruun), mari d’Alison qui passe de sidekick à acolyte nécessaire. Félix (Jordan Gavaris), le frère adoptif de Sarah s’impose comme le plus touchant et réussit l’exploit de s’intégrer au groupe des filles. Malheureusement, les ajouts de casting plus tardifs et moins solides souffriront de la comparaison avec les acteurs en place.

Un patchwork charmant et efficace

Ce qui fait également d’Orphan Black une série à part, c’est sa faculté à changer de ton. Chaque clone s’ancre dans un univers bien spécifique : film noir pour Sarah, thriller pour Cosima, comédie pour Alison. Très vite, ces ambiances entrent en confrontation et le résultat est incroyablement maîtrisé, un mélange de Desperate Housewives et de la Quatrième Dimension que l’on n’attendait pas mais qui manquait à nos vies. Les épisodes très sombres sont entrecoupés de vrais moments de légèreté qui promettent rires et sourires.

Orphan Black est une série fascinante et très bien construite, palliant ses quelques défauts narratifs avec un rythme haletant et une gestion quasi-parfaite de la tension dramatique. Visuellement, elle peut compter sur des effets spéciaux impeccables qui font oublier que ces clones qui se touchent et se prennent dans leurs bras sont joués par une unique personne.


Le Canada montre depuis des années un certain talent pour les productions de science-fiction différentes et humanistes, Orphan Black ne fait pas exception. Bien que rattraper par son ambition en cours de route, elle a l’élégance de revenir aux sources et de se recentrer pour offrir une conclusion pleinement satisfaisante. Elle possède un charme fou qui n’opère pas uniquement sur les amateurs du genre.