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Séries Outlander saison 4 : Un second souffle américain

Outlander saison 4 : Un second souffle américain

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outlander saison 4 bilan critictoo - Outlander saison 4 : Un second souffle américain

Attention ! Cet article contient des spoilers légers sur la première moitié de la saison 4.

Si la saga littéraire Le Chardon et le Tartan de Diana Gabaldon connaît un succès fulgurant, c’est qu’elle mélange avec audace romance, aventure et drame historique, tout en bousculant constamment ses lecteurs, tant dans ses propos que dans ses retournements scénaristiques. S’il a été reproché à cette saison 4 d’Outlander une trop grande prise de liberté par rapport aux romans, la série n’a rien perdu de ses fondamentaux et a su prendre les risques nécessaires.

On commence avec un changement de décor radical, direction la côte est des États-Unis. Avec le gouvernement britannique en place et les tensions agitant les colons et les Indiens, on retrouve l’atmosphère politique oppressante de la première saison. Sur ces friches, les Fraser embarquent pour la plus grande aventure de leur vie, bâtir leur foyer. Ils seront rapidement rejoints par Brianna (Sophie Skelton), qui devra être au XVIIIe pour enfin trouver sa place, et par Roger (Richard Rankin), convaincu que sa belle ne peut pas s’en sortir sans lui.

Les problèmes d’une époque

Outlander utilise à nouveau les problématiques d’une période pour nous amener à réfléchir sur des problèmes sociétaux encore bien d’actualité. Les Amérindiens en ont été le parfait exemple cette année. En une dizaine d’épisodes, plusieurs peuples indigènes et des personnages passionnants ont alimenté une réflexion personnelle autour de l’Homme et de la violence. Qui du colon conquérant ou de l’Indien exploité est le sauvage des deux ? La série a l’élégance de ne pas tomber dans le cliché des « méchants Européens » et, au lieu de répondre clairement, se contente d’entretenir le débat.

Pour ce qui est de la représentation, Outlander n’a pas fini de déconstruire les rapports humains pour mieux exposer sa vision complexe sur le sujet. Auprès de la gent féminine, on accumule encore les personnages forts, que cela soit avec Jocasta (Maria Doyle Kennedy) qui incarne une sorte de matriarche manipulatrice, mais sympathique, ou avec Brianna, stéréotype de la jeune femme bornée et libérée du milieu du XXe siècle qui gagne en nuances au fil des épisodes. Du côté des hommes, ils sont plus que jamais mis à l’honneur sous tous leurs aspects, notamment grâce à Roger et au retour de Lord John Grey (David Berry).

La série ne peut cependant pas tirer dans le mile à chaque fois, et se prend quelque peu les pieds dans le tapis avec son histoire de révolte contre le gouvernement britannique colonial qui ne décolle jamais vraiment. On oubliera également la tentative d’aborder les enjeux esclavagistes. Si le sujet est passionnant, le temps qui lui est consacré ne permet que de dépeindre une vision à la limite du politiquement correct de la situation.

Un passage de flambeau

On sent avec cette quatrième saison un vrai tournant dans la dynamique d’Outlander. De Claire (Caitriona Balfe) et Jamie (Sam Heughan) au milieu des autres, on passe à quelque chose de plus chorale, centrée autour de la famille Fraser. Brianna et Roger prennent les devants de la scène, et on s’étonne même parfois à trouver leur histoire plus prenante que celle des supposés héros. Bien que les maquilleurs ne semblent pas toujours au courant, Claire et Jamie vieillissent et la prochaine génération arrive.

Ce changement progressif de narration est très réussi et le récit gagne ainsi en profondeur. L’évolution de la relation complexe entre Roger et Brianna est passionnante, on peut dire à la fin de saison que ces deux-là ont définitivement les épaules pour prendre la relève — même si ça n’était clairement pas gagné d’avance. Cette prise de recul permet même paradoxalement de donner un second souffle au couple de Claire et Jamie.

Chemins croisés

Outlander est une histoire de personnages. C’est pour cette raison qu’on lui pardonne facilement quelques incohérences et un hasard vraiment clément. Cette saison cependant, Jamie et Claire évoluent peu. Seul Jamie est légèrement bouleversé par son rôle de père et retombe dans de vieux travers. Sans que cela soit désagréable, le couple reste globalement dans sa zone de confort.

Une fois n’est pas coutume, c’est du côté de Brianna et de Roger qu’il faut se tourner pour avoir plus de matière. Les deux évoluent drastiquement dans cette saison qui vient marquer leur entrée brutale dans le monde adulte, le vrai. Brianna, ancienne petite fille capricieuse, devient une femme responsable, tandis que Roger laisse petit à petit ses principes machistes au placard et embarque dans une aventure non sans risque au nom d’un amour fantasmé.

Sa quête pour Brianna est un véritable voyage initiatique, marqué par la spiritualité et les remises en question. Ce personnage, dont la présence était parfois difficile à justifier, devient clairement l’un des plus intéressants. La fin de la saison fait brillamment justice au chemin parcouru et à l’homme qu’il devient. Alors qu’on n’aurait pas parié un kopeck sur le couple qu’il forme avec Brianna il y a quelques semaines, on est maintenant profondément impatient d’en voir plus.


En osant s’aventurer sur de nouveaux territoires, autant au sens propre que figuré, Outlander s’offre une seconde jeunesse. Bien qu’elle ne soit pas exempte de défauts, cette saison est probablement l’une des plus réussies de la série et ne cesse de surprendre. Rendez-vous l’année prochaine pour voir si la tendance se confirme !