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Séries Pan Am : Prêt à vous envoyer en l’air ?

Pan Am : Prêt à vous envoyer en l’air ?

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PeakTV - Pan Am : Prêt à vous envoyer en l’air ? À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée. 

Le 25 septembre 2011, le vol inaugural de Pan Am accueille pas moins de 11 millions de passagers. Le 19 février 2012, le vol pour Haïti ne compte qu’un peu plus de 3 millions de voyageurs. Pour éviter le crash, Pan Am ferme ses portes moins d’un an après son lancement. Un destin qui, dans le monde du petit écran, n’a rien de bien surprenant. Elle ne fait que rejoindre une longue liste d’œuvres télévisuelles de qualité qui ont loupé le coche, et qu’il est toujours important d’aller exhumer afin de réanimer le souvenir, ou tout simplement donner envie de la découvrir.

Se déroulant durant les années 60, la série d’ABC ressuscitait pendant 14 épisodes une époque révolue en nous relatant les histoire des emblématiques hôtesses de l’air de la tout aussi emblématique compagnie aérienne Pan American World Airways surnommée la Pan Am. De Paris à Rome, en passant par New York et Berlin, Maggie, Laura, Colette et Kate sont les héroïnes d’une époque d’émancipation qui comptent empoigner leurs destins.

De manière caricaturale, on pourrait dire que la série de Jack Orman était un Mad Men grand public. Rien de péjoratif dans ce propos, l’ambition de la création d’ABC était avant tout d’offrir aux spectateurs un divertissement léger, mais rigoureux, attrayant, romanesque pour sûr, thrillesque par moment.

Certains qualifieraient le show de bordélique, j’y préfère le terme bouillonnant. C’est ainsi qu’est née l’incompréhension, certains voulaient une proposition frivole, amusante, sans prise de tête, là où d’autres désiraient une série intelligente et émotionnelle. Les scénaristes ont emprunté une troisième voie, celle du compromis donnant vie à une production hybride.

Chaque épisode de Pan Am se divisait en deux. D’un côté, des intrigues essentiellement basées sur les romances entre les différents personnages. C’est ici que réside tout le dépaysement de la série, on embarque dans des destinations aux quatre coins du monde. Ces paysages sont propices à une ribambelle de situations rocambolesques aux élans romanesques. Car, oui, Pan Am va multiplier les romances pour lesquelles on aura plus ou moins de sympathie ; j’ai pour ma part un attachement pour le couple formé par Colette et Dean — le commandant de bord.

Mais, de l’autre côté, chaque épisode contient une intrigue ayant trait à l’espionnage avec le personnage de Kate, espionne pour le compte de la CIA. Si dans un premier temps, tout cela reste assez inoffensif, les scénaristes vont peu à peu donner plus d’ampleur à ce récit invoquant à l’occasion l’esprit d’un James Bond pour capter l’époque. La Guerre froide, le discours de Kennedy à Berlin, les séquelles de la Seconde Guerre mondiale ou encore le racisme sont abordés, Pan Am balayant les années 60. Si l’équipe créative ne pouvait pas toujours insister comme elle l’aurait voulu, la série a su donner le jour à quelques beaux moments d’émotions, spécifiquement grâce à Colette, d’origine française, qui a fui l’occupation nazie et porte en elle les marques.

Progressivement, ses héroïnes de papier glacé se sont dévoilées à nous. Plus complexe que les apparences le suggéraient, elles ont pu ainsi donner corps à un propos féminin, mais surtout féministe, notamment avec Maggie incarnée par Christina Ricci. Pan Am est une série sur l’émancipation, où les femmes prennent leurs destins en main. Le métier d’hôtesse de l’air est pour elles un moyen d’acquérir une autonomie financière, mais également de s’ouvrir aux cultures avec leurs voyages. Pour certaines, c’est ce qui leur a permis de sortir de leurs conditions précaires, pour d’autres, c’est un rêve de petites filles. C’est au travers de tout cela que les scénaristes parviennent à créer un attachement pour ces personnages, ce qui rend d’autant plus difficile de leur dire au revoir.

Ainsi, Pan Am était un mélange des genres, une série aussi volubile que sérieuse. En a résulté un drôle d’hybride qui peut déplaire, mais qui est loin d’être dénué de charme. Car, derrière l’humour, le rocambolesque, les élans sentimentaux, Pan Am a su, à sa manière, capter l’époque.

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