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Parenthood : déconstruction des relations humaines (saison 5)

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Soignée de son cancer, Kristina décide de se lancer dans une campagne pour le poste de maire. Alors que Joel profite d’une opportunité professionnelle, Julia rencontre des difficultés à affronter les obstacles familiaux maintenant qu’elle est mère au foyer. Amber annonce qu’elle va se marier, tandis que Sarah tente de faire décoller sa carrière de photographe. Max développe aussi un intérêt pour la photo et Hank le prend sous son aile. Jasmine accouche d’une fille. Camille veut vendre la maison.

La famille Braverman a fait son retour avec l’une de ses plus longues saisons composées de 22 épisodes (comme ce fut le cas pour la seconde). Si la précédente fut occupée par le cancer de Kristina, la rupture (et ce qui s’ensuit) se révèle être au centre de cette cinquième année.

Les scénaristes de Parenthood vont s’atteler à décortiquer les relations des protagonistes pour les pousser à prendre de difficiles décisions. Joe et Julia sont alors le cœur de cette saison, le couple vivant une crise conjugale impossible à résoudre. Leur dynamique familiale était modifiée avec l’arrivée de Victor, et si son intégration dans leur foyer était déjà un long processus auquel le couple aurait dû consacrer plus de temps, l’inversion des rôles entre Julia et Joe aura eu raison d’eux. La première, carriériste, se retrouve chez elle, tandis que son mari s’investit dans son travail et cette situation créera un climat conflictuel entre eux. S’il y a une volonté de traiter avec équité chaque parti, on peut regretter l’intégration d’éléments extérieurs perturbateurs (avec Ed et Peet) de manière aussi clichée. Cela, en vérité, dessert quelque peu les personnages, surtout que la situation empire par moment de façon forcée. L’équilibre est alors difficilement maintenu, surtout lorsque Joe et Julia n’affrontent pas vraiment les problèmes qui rongent leur relation. S’il n’y a rien d’étonnant à ce que Joe ne soit pas le plus verbal qui soit, ce qui entraine la chute du mariage n’est finalement jamais exprimé.

Si les scénaristes de Parenthood ne font donc pas un sans-faute dans le traitement de la séparation d’un couple marié avec enfants, le sujet mérite largement d’être confronté et malgré les écueils, aura su être traité avec doigté. Erika Christensen et Sam Jaeger héritent ainsi d’un matériel sensible et dense leur offrant la possibilité de se démarquer.

Cette volonté d’authenticité dans l’histoire de Joe et Julia ne se retrouve pas dans toutes les intrigues de la saison, à commencer par ce qui touche Kristina et Adam. Entre la campagne pour le poste de maire, puis le projet de monter une école, on peut dire que Kristina a des ambitions (nobles). Il s’agit de situations très exigeantes autant sur un plan monétaire que personnel. Si cela est occasionnellement soulevé, le couple parait évoluer dans un monde où la vie est vraiment peu chère ; ils font tout de même tout cela en payant aussi les études d’Haddie à Cornell. Quand obstacles il y a, ces derniers ne se révèlent pas suffisamment complexes pour donner réellement une valeur à leur histoire – tout particulièrement la campagne qui a un effet limité et se montre très oubliable.

Cela reflète aussi le fait que l’équipe créative de Parenthood a 22 épisodes et que, finalement, la série gagne en force avec des saisons plus courtes. Des intrigues dont on aurait pu se passer s’étireront sur la longueur, comme les histoires de cœur de Drew, très vite répétitives. La meilleure partie reste le parallèle construit avec ce que traverse sa sœur Amber, bien que ses émois personnels soient certainement plus intenses et justifiés que ceux de Drew. À ses côtés, la séparation prend donc une autre forme, bien plus intéressante et compliquée. Si la virée en voiture parait être un cliché télévisuel, la rencontre avec son père est diablement efficace et aide à mettre en perspective les problèmes affectifs qui rongent Amber – et à un certain degré, son frère aussi.

À côté, les histoires de Camille et Zeek, s’ils permettent d’entrer un peu plus dans l’intimité du couple qui est souvent en arrière-plan, tourneront continuellement autour de la même problématique, sans ajouter quoi que ce soit. Le pire étant la résolution expéditive. Dans quel monde immobilier vivent ces gens-là ? Pas celui d’aujourd’hui en tout cas ! Malgré tout, les épisodes nous offriront de belles scènes entre parents et enfants, que ce soit Camille se confiant à Julia ou Zeek en compagnie de Crosby. Pour ce dernier, d’ailleurs, si sa maison aura des problèmes, la saison se révèle légère et le cadet de la famille brille avant tout grâce à ses interactions avec les autres. La dynamique avec Adam est toujours particulièrement excellente.

À sa façon aussi, les développements de Sarah sont définis par une notion de rupture. Celle-ci s’est produite à la fin de la saison précédente où après avoir choisi Hank, elle s’est retrouvée toute seule. Personnage le plus inconsistant de toute la série, Sarah semble avoir tout de même trouvé grâce à Hank une direction professionnelle et sentimentale plus stable. Si on ne sait trop comment elle a obtenu sa place de concierge, elle continue dans le domaine photographique, maintenant inévitablement un lien avec son ancien patron. On n’évitera quand même pas les détours inutiles, comme son histoire avec le super médecin. Au lieu de participer à faire évoluer Sarah, ce dernier se transforme en un simple accessoire scénaristique pour compliquer les décisions qu’elle doit prendre.

De son côté, Hank n’est pas un Braverman, mais ses attaches avec la famille font de lui un des personnages les plus intéressants de la série. Plus que sa relation avec Sarah, c’est celle qu’il entretient avec Max qui se démarque de cette saison. Le fils d’Adam et Kristina se montrera sûrement plus exécrable qu’il ne le devrait (sauf dans les derniers épisodes), mais l’association avec Hank permet de porter un regard nouveau sur le syndrome d’asperger, à travers le photographe. Les questions qui sont soulevées aident à la fois à rendre Hank plus complexe, mais aussi à se frotter au sujet sous un angle adulte.

En définitive, cette saison 5 de Parenthood aura connu quelques égarements et aura tiré un peu en longueur certaines intrigues, faisant ainsi baisser le niveau général qualitatif. Rien de bien grave, car le show saura toujours saisir les bons moments, soulever des questions intelligentes et dépeindre des bouts d’existence avec honnêteté, humour et sensibilité.