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Séries Philharmonia Saison 1 : Une partition sans fausses notes ?

Philharmonia Saison 1 : Une partition sans fausses notes ?

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Philharmonia Saison 1 - Philharmonia Saison 1 : Une partition sans fausses notes ?

Avec Philharmonia, Marine Gacem s’empare d’un genre souvent méprisé, celui du soap. Loin des rebondissements abracadabrantesques d’un Dallas, la série de France 2 puise son inspiration dans les récentes mutations du genre. Héroïne aussi charismatique qu’énigmatique, tension sexuelle sur fond de guerre d’égos et des morts semant le trouble. Nul doute, il plane sur ces 6 épisodes la papesse du soap 2.0, Shonda Rhimes.

Tout débute lorsque Hélène Barizet (Marie-Sophie Ferdane), musicienne de génie devenue chef d’orchestre, est nommée à la tête du Philharmonia contre l’avis de la Direction et des musiciens. Première femme à diriger un orchestre permanent, elle attise les jalousies tout autant que l’admiration. Bien décidée à s’imposer, elle chamboule les codes établis en prenant sous son aile la jeune Selena Rivière (Lina El Arabi), violoniste virtuose.

Le parti pris de Marine Gacem est simple, proposez une série ambitieuse dans le fond — la musique classique a de quoi rebuter certain — avec la forme d’un soap thrillesque afin de ne pas braquer le public. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela marche ; si l’on peut regretter que la musique se fasse moins centrale — surtout dans les épisodes 4 et 5 —, il n’en reste pas moins que Philharmonia est d’une belle efficacité dans l’exécution de son récit. Mais, pour autant, si un meurtre fait office de fil rouge tout du long, la nouvelle création de France 2 s’en dégage habilement afin de brosser le portrait d’une femme.

Avec Hélène Barizet, la production française s’offre un personnage de la trempe d’une Annalise Keating (Murder) ou Olivia Pope (Scandal). Autrement dit, une femme multiple, forte, troublante, fascinante, inquiétante et génialement charismatique, Marine Gacem parvient a brouiller les pistes, à nous surprendre en ne faisant jamais réellement entrer son héroïne dans une case. Magistralement incarnée par Marie-Sophie Ferdane, dont le jeu déstabilisant finit par nous emporter, Hélène se révèle peu à peu à nous. Pétrie par l’inquiétude de contracter la maladie de sa mère, elle fait face à un mari volage et la méfiance de tous. Au milieu de tout ce chaos qui semble l’entourer, la musique est une rage venue de l’intérieur, un réconfort de chaque instant auquel elle tient plus que tout.

Cette fureur pour la musique, elle la retrouve dans la jeune Selena, campée par Lina El Arabi. Aussi frêle qu’ambitieuse, elle voit dans l’orchestre le moyen de s’émanciper d’une famille qui lui fait honte ; et elle voit en Hélène la mère qu’elle n’a jamais réellement eue (elle fut abandonnée à la naissance et adoptée par la suite). Au fil des épisodes sa personnalité se fait plus ambiguë. Génie du violon, elle est propulsée au poste de premier violon (deuxième fonction la plus importante après chef d’orchestre), sa candeur initiale se dissipe peu à peu pour laisser apparaître ses zones d’ombre.

Ironiquement, Philharmonia se révèle être très féminine dans un univers pourtant dominé par le masculin. Le milieu symphonique est décrit comme âprement patriarcal, ancré dans une hiérarchie qu’il est dangereux de vouloir bousculer, asphyxié par le besoin impérieux d’argent afin de faire survivre l’orchestre. Au fond, l’arrivée d’une maestria est une dissonance dans un milieu qui n’en tolère aucune. D’ailleurs, Léopold Saint-Just, directeur du Philharmonia, s’en accommode assez mal, souvent méprisant pour ne pas dire totalement misogyne, il tente de déstabiliser Hélène par tous les moyens, sentant en elle une menace.

Au centre de tout cela, la musique. Sorte de reine, elle surplombe l’ensemble de la série. Osant le mélange des genres, la BO de Philharmonia se révèle aussi schizophrénique que ses personnages, Mozart, Vivalvi, Bach côtoie ainsi « Boys don’t cry » de The Cure, Lalo Schifrin et son thème du film Mission Impossible ; ou encore Richard Strauss et son « Ainsi parlait Zarathoustra » immortalisé dans le 2001 l’Odysée de l’espace de Kubrick. À noter la présence de deux titres entièrement écrits pour la série par Étienne Perruchon.

Ainsi, la série déploie un récit riche en tension qui, si elle l’utilise comme élément conducteur un meurtre, ne se prélasse jamais dans la facilité d’un récit policier. Philharmonia est le grand soap français qu’on n’attendait plus, celui qui va grignoter du côté de How to Get Away with a Murder, en explorant la richesse de son univers tout en ne perdant jamais de vue l’envie de divertir.

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