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Séries Pose Saison 2 : Vivre, c’est déjà une révolution

Pose Saison 2 : Vivre, c’est déjà une révolution

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Pose Saison 2 Episode 7 - Pose Saison 2 : Vivre, c’est déjà une révolution

Après une brillante première saison, Pose avait le défi spécifique aux secondes saisons de maintenir le niveau, challenge encore plus complexe quand il s’agit d’une série produite par Ryan Murphy. Pour se faire, un bond dans le temps est réalisé, nous menant en 1991, alors que l’épidémie du SIDA frappe au plus dur. Dès lors, le ton est installé, cette saison sera faite autant de douleurs que d’épiphanies, menant les personnages au bout de leurs retranchements.

L’an dernier, nous apprenions à connaître la House of Evangelista, la mother Blanca et ses enfants Angel, Damon, Ricky et Papi. Si l’harmonie était au rendez-vous malgré un manque cruel de moyens, cela va rapidement se gâter. La maison, bien que pleine d’amour, ne supporte pas les individualités et les envies de chacun. Elle va alors se désintégrer à commencer par la relation de Damon et Ricky. Tromperie, ambition professionnelle, autant d’obstacles qui vont mener les deux à s’affronter avant de faire la paix. Mais quelque chose s’est cassé et ils ne peuvent plus revenir en arrière.

Si des dissensions apparaissent dès lors tout au long de cette saison 2, Pose aura peine à en profiter pour donner quelques beaux coups d’éclat. Elle s’attarde sur des relations lumineuses, comme Angel et Blanca, mais n’arrive pas à en créer de nouvelles, malgré toute sa volonté. Ainsi, on nous vend une relation entre Angel et Papi qui, si elle est mignonne et apporte de la légèreté, elle ne s’installe vraiment jamais comme étant naturelle. Des étapes dans le développement des personnages ont été oubliées pour que l’on puisse s’investir pleinement.

Ce dernier reproche pourrait être appliqué à toute la saison en son ensemble. Elle réussit à nous donner de belles émotions (notamment son final), des moments joyeux (la ballade en mer dans l’antépénultième épisode), mais tout semble détaché du reste, sans articulation globale. Des événements surviennent sans que l’on s’y attende, comme un décès qui nous offre un épisode qui est émotionnellement irréprochable, mais qui s’attarde sur un personnage que nous connaissions peu. Si Murphy et son équipe veulent faire une radiographie de ce monde et de cette époque, ils oublient souvent qu’ils utilisent des personnages et qu’il faut les étoffer, qu’ils ne sont pas de simples marionnettes au service de l’émotion ou du message.

Pourtant, ce message est présent et très bien délivré. Si la première saison voyait l’apparition de la maladie et son incompréhension, la seconde nous montre les conséquences dévastatrices et directes du SIDA. Elle s’ouvre sur un cimetière et se termine sur un des personnages qui est durement touché. Cependant, entre les deux, ils ont pu vivre. Mais les dix épisodes sont traversés par une peur, un lent déclin que Pray Tell incarne, même si Blanca lui vole la vedette sur la fin. Il cherche un sens à sa vie et, après s’être perdu dans la colère et le conflit, notamment avec ses amis, il trouve une raison de survivre en la personne de Ricky, mais aussi dans le militantisme, angle trop rapidement survolé et ô combien important !

C’est ça, la seconde saison de Pose, de merveilleuses intentions pour des exécutions maladroites. La série est une occasion immense pour exposer une communauté riche et pourtant mise au banc, une époque charnière pour ce monde et le nôtre en général. Malgré cela, elle peine à offrir un récit construit et épique avec les éléments qu’elle possède. Il manque un souffle provenant d’une intrigue au long cours, ce que la lutte contre le SIDA et pour sa visibilisation semblait donner au début de la saison.

Ce n’est pas pour autant que la saison est mauvaise, bien au contraire. Si elle ne parvient jamais à renverser la vapeur, elle nous donne des touches de quotidien sincères, à l’image de ce road trip entre filles du neuvième épisode ou le rassemblement autour de Candy dans le quatrième. On oubliera quand elle se la joue Glee des 90s, tuant dans l’œuf le potentiel dramatique de l’hospitalisation de Pray Tell. Elle se rattrape dans l’impact de la maladie sur Blanca et le rassemblement de son ancienne maison qui s’en suit. Par ailleurs, ce final a également le mérite d’adresser les problèmes internes à la communauté, à savoir que les hommes l’emportent toujours sur les femmes, imposant leur voix et leur vision au lieu de créer une égalité qu’ils revendiquent ailleurs.

En saison 2, Pose reste un récit majeur pour exposer ce que sont les années SIDA et le cœur de la communauté drag qui irrigue à nouveau ces dix épisodes riches en amour. Si elle ne gère pas correctement son drame et ses thématiques, elle ne les occulte pas pour autant et c’est déjà un point bien supérieur à d’autres séries. Il lui faudra alors être plus précise dans sa gestion des intrigues pour que l’on retrouve la superbe de la première saison. Une ère se termine avec le final, mais si nous n’allons peut-être pas retrouver tous les personnages, son âme sera présente et c’est tout ce qu’on lui souhaite.


Une saison 3 de Pose a été officiellement commandée et sera diffusée en 2020 sur FX.

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