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Suspect Numéro 1 New York (Prime Suspect) : une courte plongée dans la vie d’une brigade

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prime suspect avec maria bello - Suspect Numéro 1 New York (Prime Suspect) : une courte plongée dans la vie d'une brigade

Prime Suspect, rebaptisée chez nous Suspect n°1 New York, est diffusée sur France 2 à partir de ce lundi 1er juin à 20h55.

Nous sommes à la rentrée 2011 sur NBC lorsque Prime Suspect  — rebaptisée Suspect Numéro 1 New York en France — fait ses débuts sur le network américain qui ne se porte pas très bien. En développement depuis septembre 2009, le projet avait dû être mis en pause face à l’incapacité de trouver la bonne actrice pour le premier rôle. D’abord entre les mains du créateur de Without a Trace, c’est finalement Peter Berg et Sarah Aubrey (Friday Night Lights) qui développent la série qui arrive sur le petit écran américain – et plus tard en France sur Canal+.

C’est alors Maria Bello qui a décroché le rôle-titre, celui de la détective Jane Timoney qui est transférée au sein d’une équipe du département homicide de New York entièrement composée d’hommes. Elle est ainsi l’héritière américaine de Jane Tennison, personnage anglais de Lynda LaPlante incarnée par Helen Mirren qui affrontait l’univers machiste de la police anglaise dans la version originale diffusée entre 1991 et 2006 sur ITV.

Avec 20 ans séparant le lancement des deux séries, le remake américain devait s’adapter aux évolutions sociales qui se sont produites au cours de cette période sans pour autant dénaturer le concept ou perdre son propos de vue.

Lorsque Jane Timoney prend donc ses fonctions, elle doit aussi faire face aux regards de ses collègues dont certains considèrent qu’elle ne doit sa place qu’à une liaison passée qu’elle a entretenue avec un haut gradé de la police. Un difficile rapport de force se met en place, mais un qui est destiné à évoluer pour que le show puisse encore mieux s’émanciper et affirmer son identité.

Outre le fedora que porte Timoney, cette dernière se distingue par un tempérament bien trempé qui éloigne immédiatement le personnage d’une possible position de victime maltraitée par ses confrères. La détective a du répondant et n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle est, pour ne pas faciliter son intégration, bornée et assez désagréable aux premiers abords.

Prime Suspect trouve sa première force dans son portrait féminin sans concession qui s’éloigne habilement des stéréotypes pour mieux mettre en valeur les traits de personnalité de son héroïne. Timoney est tenace et compétente, mais aussi exécrable, ce qui complique ses rapports avec son entourage.

La série installe aussi avec brio une dynamique de groupe à la fois solide et imparfaite et donc terriblement crédible. Si c’est Timoney qui nous introduit dans cet univers dit masculin, ses différents partenaires vont tous confortablement s’installer dans le décor, se dévoiler, exposer leurs routines et leurs personnalités et participer à donner le jour à un microcosme policier. Les collègues de Jane obtiennent ainsi chacun une place dans cet ensemble, apprenant alors à accepter parmi eux la détective, à une exception près : le détective Duffy. Ce dernier reste en conflit continu avec Timoney, mais ils vont au fil des dossiers et des problèmes personnels apprendre à se respecter mutuellement.

Pour en arriver là, Prime Suspect ou Suspect Numéro 1 New York délivre un petit lot d’épisodes assez standards, loin d’être captivants sans pour autant être inintéressants. Au cours de sa saison, il y a une sorte de passage à vide où le show est en partie à la recherche de son propre rythme, du parfait équilibre entre ses enquêtes et l’exploitation de ses protagonistes.

Prime Suspect s’appuie sur ses personnages et son impeccable casting (avec entre autres Kirk Acevedo et Brían F. O’Byrne) pour fonctionner. Les policiers prennent vie à travers de simples échanges et si la série n’a pas eu le temps nécessaire pour les explorer comme il se doit, elle a su les doter d’une personnalité distincte. Le show s’affirme dans les multiples dialogues entre collègues, souvent piquants, humoristiques, efficaces et rythmés. C’est cette écriture qui aide Prime Suspect à se distinguer et à crédibiliser son univers.

L’équipe créative ne cherche pas à proprement parler à surprendre dans ses investigations, préférant se concentrer sur une représentation plus humaine et sociale au détriment d’une certaine originalité et de retournements de situations. À l’exception d’un ou deux dossiers, les affaires sont plutôt basiques et servent avant à tout à donner le jour à des personnages, à des quartiers, à des couches de sociétés qui sont affectés par une tragédie. L’instinct de flic est par ailleurs bien mis en avant, laissant ainsi la partie plus scientifique être un simple appui.

Prime Suspect a su sur le temps qui lui était imparti surmonter ses premiers obstacles narratifs pour s’affirmer comme une série policière avec une bonne dose d’humour, une pointe de sensibilité et des personnages attachants parfaitement interprétés.

Le show sera annulé au bout de 13 épisodes faute d’audiences, à une période où NBC rencontrait de nombreuses difficultés pour solidifier sa grille de programme. Une décision qui coûtera beaucoup au network à l’arrivée vu qu’elle enverra au casse-pipe deux autres séries dans la même case horaire – The Firm et Awake – pour arriver au terme de sa saison 2011/2012.