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Séries Racines version 2016 rajeunit une histoire qui n’a rien perdu de sa force

Racines version 2016 rajeunit une histoire qui n’a rien perdu de sa force

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Roots 2016 - Racines version 2016 rajeunit une histoire qui n’a rien perdu de sa force

Déjà publié en juin 2016, cet article est remis en avant à l’occasion de la diffusion de Roots sur Numéro 23 à partir de 20h55.

Peu de séries ont eu un impact aussi important que Roots en 1977. Outre son succès public retentissant et son importance pour la représentation des Afro-Américains sur le petit écran, son influence sur la culture américaine de manière générale est aujourd’hui encore visible. Après tout, la série a ouvert la conversation sur l’esclavage que les livres scolaires n’abordaient pas ouvertement.

Faire un remake de Roots ne paraissait cependant pas nécessairement pertinent au premier abord. Après tout, entre 12 Years a Slave et Birth of a Nation ou encore la série Underground, la représentation de l’esclavage dans des œuvres populaires célébrées n’est pas discutable. Cependant, cette adaptation du roman d’Alex Hawley est avant tout une histoire de famille et celle de leurs origines.

Cette fois incarné par Malachi Kirby, Kunta Kinte est kidnappé en Afrique où il est ensuite vendu à des Anglais qui le revendront au propriétaire d’une plantation en Virginie. Kunta ne cessera de combattre pour retrouver sa liberté, jusqu’à ce qu’il réalise que protéger sa famille doit être sa priorité.

L’histoire dépasse Kunta Kinte, puisque nous suivrons ensuite sa fille Kizzi (Anika Noni Rose), puis le fils de cette dernière, Chicken George (Regé-Jean Page).

Avec de multiples sauts temporels, nous assistons donc aux périples de cette famille de 1750 à la fin de la guerre de Sécession, soit quatre générations d’esclaves – le récit se concluant avec la venue au monde du premier descendant de Kunta Kinte qui est né libre.

Ce remake de Roots ne touche donc pas au cœur de l’histoire que nous racontait déjà la série originale, rejouant les scènes iconiques avec autant de force. De plus, en pratiquement 40 ans, des détails historiques ont été découverts et le scénario en tient compte.

Néanmoins, la plus grande réussite de cette version 2016 est indéniablement sa cinématographie qui rend le visionnage bien plus prenant et intense. Le respect du matériel d’origine et des performances solides complètent un ensemble qui porte Roots au standard de la télévision moderne.

Malgré tout, l’intérêt de la série reste donc le propos qu’elle développe. L’histoire de Kunta Kinte et de sa famille n’est pas celle de l’esclavage, mais bien celle des origines d’un peuple et de la nécessité qu’il y a à ne jamais les oublier. On pouvait leur enlever leur liberté, on ne pouvait pas leur effacer ce qu’ils étaient. En six heures, nous revisitons le passé peu glorieux de l’Amérique, mais on ne perd jamais de vue l’Afrique qui faisait battre le cœur de Kunta et qui coulait dans les veines de ses descendants.

Ce constant rappel de la culture de Kunta Kinte, de ses traditions et de ses croyances est ce qui différencie Roots des autres œuvres traitant de ce sujet. La série montre non seulement le rôle que le passé jouait dans la vie des esclaves, elle illustre son importance dans la construction du pays qui est devenue le leur, même s’ils ne l’ont pas choisi.

Dans ce sens, Roots méritait indéniablement d’être revisitée pour qu’elle puisse trouver un nouveau public, mais cette nouvelle version aurait même dû arriver plus tôt quand on voit comment les conflits raciaux sont toujours aussi présents aux États-Unis aujourd’hui. Cette série n’est pas là pour donner des leçons, mais elle aide à ouvrir les yeux sur une réalité qui ne doit surtout pas être oubliée.