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Séries Roswell New Mexico Saison 1 : Des cowboys et des aliens

Roswell New Mexico Saison 1 : Des cowboys et des aliens

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Roswell New Mexico Saison 1 Liz - Roswell New Mexico Saison 1 : Des cowboys et des aliens

Après les mutants, les vampires et les super-héros, il était grand temps que Julie Plec s’attaque aux aliens. Surfant sur la vague de reboots des séries pour adolescents des années 1990/2000, The CW nous ramène à Roswell et ses grandes étendues arides dans une nouvelle version intitulée Roswell, New Mexico.

En ce haut lieu des manifestations extraterrestres se cachent trois aliens humanoïdes super sexys qui tentent de vivre parmi les humains. Leur vie clandestine se voit menacée lorsque l’un d’eux choisit d’exposer ses capacités hors du commun pour sauver celle qu’il aime. S’en suit une histoire d’amour contrariée sur fond de complot à plus ou moins grande échelle. Et des retournements de situation. Partout. Dans tous les sens.

Une réécriture pas toujours inspirée

De la série originale, on conserve grossièrement le pitch de départ, les noms des personnages, des pouvoirs surnaturels incompréhensibles et quelques messages de bienveillance, mais c’est à peu près tout. Produite par Plec et scénarisée par Carina Adly MacKenzie, Roswell, New Mexico se veut plus mature, et cela passe notamment par des personnages plus âgés. L’essence de la série s’en voit profondément modifiée : les grandes étapes de l’adolescence sont délaissées au profit de remises en question existentielles plus vastes, parfois aussi plus difficiles à traiter de façon convaincante.

L’autre changement majeur concerne l’ajout d’intrigues qui viennent inutilement complexifier l’histoire. Le personnage principal, Liz (Jeanine Mason), a maintenant une sœur junkie dont la mort prématurée quelques années auparavant serait en lien avec la présence des aliens Max (Nathan Parsons), Michael (Michael Vlamis) et Isobel (Lily Cowles). Cette enquête au rabais est supposée porter cette saison, mais s’articule terriblement mal.

Le seul intérêt aurait pu être d’amener quelques réflexions autour du deuil, mais ces dernières ne dépassent malheureusement jamais le stade des évidences. À force de multiplier les rebondissements et de vouloir donner du sens à des histoires qui n’en ont pas, on s’éloigne de l’essentiel, à savoir les personnages, leurs relations et la parabole qui devrait se cacher derrière tout ça.

De l’étude de la différence au symbolisme religieux

Roswell, New Mexico est en effet surtout un joli conte sur l’acceptation de l’autre et l’intégration des minorités. C’est en tout cas ce que voulaient être les premiers épisodes qui partent ensuite très vite en cacahuète (toute ressemblance avec une série comportant des vampires musculeux serait totalement fortuite). L’immigration, de par la situation de la famille de Liz, joue un rôle important dans la mise en place des personnages. Les parallèles avec les rêves de liberté de Michael et les peurs d’être démasqué de Max sont même plutôt pertinents.

Le tout est par la suite remplacé par quelque chose de bien plus mystique à laquelle il peut être difficile d’adhérer. Pour ceux à qui les indices subtils auraient échappé, Max est explicitement comparé à un messie dans l’épisode final. Il est également presque sous-entendu par un personnage que les miracles des écrits sacrés sont le fait d’autres extraterrestres. Le mélange du fantastique et du religieux n’est pas nouveau, mais traité aussi frontalement, ça ne passe pas.

L’équipe créative a clairement des ambitions qui dépassent autant leur capacité d’écriture que les compétences de jeu des acteurs. Les messages, à la fois trop nombreux et inconséquents, sont transmis de force par des dialogues qui manquent de finesse et un montage tout aussi poussif. Pour ce qui est de la forme, la seule chose qui fonctionne vraiment reste la bande-son, meilleur support de l’émotion dans le récit.

Jamais loin des clichés

Bien qu’elle ne soit pas réellement une série teen étant donné que ses personnages ne sont cette fois pas des adolescents, Roswell, New Mexico s’attachent aux énormes stéréotypes du genre. Les histoires d’amour de Liz sont calquées les triangles amoureux classiques de The CW, la jeune femme n’a aucune alchimie avec Max qui a le charisme d’une huître et le développement de leur histoire n’a aucune fluidité. À côté de cette amourette qui prend tout l’espace, la romance entre Alex (Tyler Blackburn) et Michael est maltraitée d’un bout à l’autre alors qu’elle était de loin la plus touchante et crédible.

Les personnages secondaires sont également inexistants, bloqués dans des cases aux ressorts scénaristiques formatés, le « méchant » révélé sur le tard est ridicule, tout le monde devient trop fort trop vite… Roswell, New Mexico tombe donc dans tous les pièges de son genre. Adieu la relation frère/sœur ambiguë, le parcours du jeune homosexuel dans l’armée, le deuil parental. Tous les axes intéressants sont passés à la trappe.

On a cependant parfois l’impression que tout cela est parfaitement assumé. Il se dégage de la série un charme qui saura certainement plaire à certains. Roswell, New Mexico est un soap, souvent mal écrit et mal construit, mais aussi terriblement addictif, car les scénaristes maîtrisent le rythme et jouent efficacement avec les attentes du spectateur.


Après une saison, on peut mettre Roswell, New Mexico dans la catégorie des séries que l’on regarde en connaissance de cause, avec l’espoir de rire avec, et surtout de, la série et de passer un bon moment. Ceux qui devaient l’apprécier l’ont sûrement déjà regardée et elle n’est probablement pas à conseiller aux autres. Ceci dit, si les beaux gosses mono-expressifs qui crachent des éclairs par les mains, c’est votre truc, vous pouvez tenter !