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Séries Sharp Objects : Une histoire tranchante, entre oppression et fascination

Sharp Objects : Une histoire tranchante, entre oppression et fascination

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sharp objects 2018 - Sharp Objects : Une histoire tranchante, entre oppression et fascination

Après Big Little Lies, HBO a poursuivi sa collaboration avec le réalisateur Jean-Marc Vallée pour porter à l’écran un autre roman : Sharp Objects — ou Sur Ma Peau chez nous — de Gillian Flynn, également connue pour avoir écrit Gone Girl.

L’auteur est par ailleurs co-scénariste sur ce sombre thriller mené par Marti Noxon qui retrace le retour de Camille Preaker (Amy Adams) dans sa ville natale de Wind Gap, au Missouri. Journaliste spécialisée dans les affaires criminelles, cette dernière sort tout juste d’un séjour en institut psychiatrique après des années d’automutilation lorsqu’elle est missionnée par son patron. Son objectif : lever le voile sur le meurtre de deux jeunes filles. Camille doit également se confronter à son passé trouble et renouer avec une mère toxique qu’elle gardait jusque-là à distance.

La violence au féminin

A l’exception du beau policier qui rode (Chris Messina) et d’une poignée de personnages secondaires, l’intrigue se construit principalement autour de personnages féminins. Sur papier ou à l’écran, Gillian Flynn donne vie à des femmes complexes et dangereuses, et Sharp Objects ne fait pas exception en s’émancipant des rôles « classiques » de femmes de fiction pour permettre à ses héroïnes d’être autre chose.

Sharp Objects fait le portrait de femmes brisées, traumatisées et malades. Toxicomanes, infidèles, paranoïaques, hypocrites, autant d’aspects d’ordinaire décriés et refoulés qui font toute la complexité des femmes de la série. Derrière les apparences que la société leur impose, les femmes de Sharp Objects abusent de violences camouflées, de cruauté perfide et insidieuse, entre couteaux dans le dos et messes basses assassines.

Impossible également d’évoquer Sharp Objects sans souligner son casting cinq étoiles. Amy Adams délivre une performance incroyable qui ne passera pas inaperçue dans les cérémonies à venir. Sur le fil, insaisissable tout en restant attachante et crédible, Camille s’impose comme un personnage intense, percutant et travaillé. A ses côtés, Patricia Clarkson incarne à la perfection cette mère toxique et terrifiante, insufflant la juste dose d’humanité pour rendre le personnage ambigu. La jeune sœur de Camille, Amma, est quant à elle jouée par la jeune Eliza Scanlen, une véritable révélation. En plus d’être excellentes individuellement, les trois femmes sont parfaitement accordées.

Un thriller étouffant

Dès les premières images, Sharp Objects s’impose comme une production exigeante qui ne devrait pas être regardée d’un œil distrait, au risque de passer à côté d’innombrables détails, des dialogues cryptiques aux mots cachés qui s’invitent à l’écran. Jean-Marc Vallée s’affirme en tant qu’excellent réalisateur tout en se distançant de son travail sur Big Little Lies, s’attelant cette fois à retranscrire la moiteur du Missouri. Maître pour signifier l’errance et la confusion, il s’appuie sur une narration éclatée avec des flashbacks intrusifs et des images crues. C’est un parti-pris qui peut rebuter, mais qui contribue indiscutablement à l’identité de la série.

Si l’esthétique donne le ton, l’investigation de Camille donne le rythme. Celle-ci patauge, piétine et cela peut s’avérer frustrant. Le traitement, très lent, participe à créer un malaise et à poser une ambiance qui demande un réel effort d’adaptation. L’ensemble gagne heureusement en fluidité dans sa deuxième moitié.

La mort est par ailleurs omniprésente à Wind Gap. Dans cette ville où la solitude est le lot de tous et où la suspicion et la délation sont de mise, tout peut très vite déraper. Rien de mieux que ce contexte lourd et étouffant pour décortiquer les rapports humains et leurs extrêmes. L’enquête et la vie personnelle de Camille entrent frontalement en collision dans un final terrible et incroyable, justifiant même un second visionnage.


Si Sharp Objects possède un rythme que l’on peut qualifier de quelque peu langoureux, la série s’affirme comme une œuvre exigeante qui gagne en puissance à chaque épisode. La série est une réussite dans son travail sur les détails qui impressionne et qui s’accumule pour mieux nous emporter et donner forme à une histoire qui laisse des marques.

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