Déjà publié le 3 janvier 2016 lors de sa diffusion sur BBC One, cet article consacré à l’épisode spécial de Sherlock est remis en avant à l’occasion de sa diffusion sur France 4, ce jeudi 19 mai à 21h00.
Quand le meurtre d’un gentilhomme frappe le Londres Victorien par sa présence fantomatique, Sherlock Holmes n’a d’autre choix que d’affronter ses propres démons pour résoudre l’enquête, toujours épaulée par le fidèle Watson.
Une chose est sûre, il faut de la patience lorsqu’on aime une série telle que Sherlock. L’attente entre chaque nouvelle aventure du détective de génie est souvent ressentie comme interminable ce qui rajoute d’autant plus au plaisir de le retrouver. Alors quand l’idée d’un épisode spécial à l’occasion de la période festive a été annoncée, l’impatience a rapidement pris le dessus. À l’arrivée, The Abominable Bride — ou L’Effroyable mariée chez nous — parvient plus ou moins à satisfaire dans son ensemble, décevant tout de même dans son approche narrative en ignorant finalement le propos qu’elle développe en faveur d’une révélation excitante pour la prochaine saison.
En fait, cette nouvelle enquête de notre cher Sherlock Holmes se déroulant à l’époque victorienne et se complaisant, non sans succès, dans le fantasmagorique est tout ce qu’il y a de plus frustrante une fois que l’on s’est rendu compte que les apparences sont trompeuses. Ce n’est pas tant que l’histoire a du mal à délivrer, car elle le fait très bien sur tous les aspects pour lesquels Sherlock est appréciable, seulement il y a comme un léger sentiment de se faire mener en bateau, et ce, pas pour les meilleures raisons du monde.
La réalité est que Steven Moffat et Mark Gatiss avaient une idée en or avec cette intrigue hors contexte. Les scénaristes tenaient probablement une pépite qui n’attendaient qu’à être apprécié. Le souci est qu’ils développent, de manière sous-jacente, toute une thématique pro-féministe qui se voit mise au placard dès que le retournement de situation principal se dévoile dans le dernier tiers de The Abominable Bride. Au lieu d’être renforcé par ce soudain développement, leur propos perd en force et se retrouve relégué au simple outil scénaristique alors qu’il y avait une réelle réflexion derrière leur adaptation du texte de Sir Arthur Conan Doyle.
Un détail qui n’est malheureusement pas si surprenant étant donné que Sherlock n’a jamais été un show politique, préférant mettre en avant des personnages complexes pour donner du sens à l’histoire et un sentiment de fraicheur à des enquêtes qui tomberaient autrement dans la banalité. Cet épisode fait, quoi qu’il arrive, un travail exemplaire pour capitaliser sur ce qui a été fait jusqu’à présent, autant à travers la relation de Sherlock et Watson que dans les interprétations délirantes et délirées de Mycroft, Mrs Hudson ou encore Mary.
À vrai dire, on oublie rapidement les quelques erreurs commises par un manque d’implication quant à l’approche historique de base face à la maitrise de la réalisation et le jeu d’acteur impeccable. À ce stade, le plus surprenant est que malgré les défauts que possède ce nouvel épisode, l’impression de retrouver une branche oubliée de sa famille est celle qui prédomine. Il n’est alors pas déplaisant de se plonger dans la psyché de Sherlock Holmes et de le voir se débattre une fois de plus avec un mystère qui en cache un autre. Il est simplement dommage, compte tenu du niveau de maitrise que continue à délivrer la série, que la thématique frontalement abordée ne soit pas aussi bien traitée que le reste et tombe rapidement dans la simplicité. Heureusement, et comme ce fut le cas avec The Abominable Bride, retrouver toute l’équipe pour une saison 4 sera tout de même un plaisir en 2017, pour déjouer la nouvelle machination mise en place.
