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Smash : Pou Pou Pi Dou ! (saison 1)

Smash Saison 1 - Smash : Pou Pou Pi Dou ! (saison 1)

Karen, une jeune actrice/chanteuse pleine de rêves vit à New York et enchaîne les castings sans succès. Jusqu’à celui-ci, qui projette de raconter la vie de Marilyn Monroe sous la forme d’une comédie musicale de Broadway. Karen est donc prise dans la troupe, mais en tant que doublure seulement, le rôle-titre étant attribué à Ivy, une habituée des planches…

Alors, il donne quoi ce « Glee pour adultes » ? La série de Fox ayant eu le mérite de proposer – avec succès – un concept original (la comédie musicale sérielle) il y a trois ans, il était peu surprenant d’apprendre l’année dernière qu’un autre network allait tenter sa chance. Ce sera donc NBC, en manque de hits (on dit « Smash » à Broadway) depuis longtemps qui enverra un autre musical sur son antenne. Si les shows partagent bien évidemment le goût du chant et de la danse à longueur d’épisodes, la comparaison peut aller un peu loin, mais trouve également ses limites. Smash propose d’emblée autre chose et voit – beaucoup – plus grand, et pour cause : it’s Broadway baby !!!

La série crée par Theresa Rebeck (auteure de plusieurs musicals sur l’avenue New-Yorkaise), offre pour la troisième fois de la saison la possibilité de voir le nom de Steven Spielberg au titre de producteur éxécutif, après Falling Skies et Terra Nova. Des extraterrestres et dinosaures aux coulisses du show-business, il y a un grand pas que maître Spielby se permet aisément de franchir. L’influence du réalisateur sur Smash n’est pas flagrante dans le propos, mais difficile de dire que son goût pour l’image de cinéma n’est pas présent. Durant ces 15 épisodes d’une beauté visuelle incontestable et d’une réalisation léchée de bout en bout, la direction artistique n’est jamais remise en cause. Les robes scintillent, les Marilyn sont glamour, le montage laisse les scènes se dérouler et permet de voir le réel travail d’une troupe en pleine création. La plus grande qualité de Smash réside sans doute dans cet aspect : les amateurs de belles images devraient être servis, et pour certaines séquences (les musicales évidemment, mais pas uniquement), le passage en cinémascope ne démériterait pas.

Smash joue très bien sa carte du réalisme, en proposant une véritable plongée dans les méandres du travail artistique. Ça cherche, ça tâtonne, ça interrompt, ça attend les modifications des chorégraphies, ça gueule sur les danseurs, ça essaye et réessaye les costumes, et surtout ça répète les chansons encore et encore, pour immerger le spectateur au cœur du labeur collectif. Nous sommes alors des petites souris qui regardent par un trou dans le mur pour assister, comme l’ensemble des personnages, à la création du show. Un regard intelligent et moins évident que dans Glee, qui, elle, nous donne à voir en permanence le travail fini (faudrait pas déconner,  y’a des morceaux à vendre sur iTunes après…). Sur les chansons en particulier, Smash possède une ambition différente qui permet de se rendre compte que le nombre de chansons par épisode est assez réduit et que, sous les apparences, la série cache finalement plus un soap qu’une comédie musicale.

Bien oui, dans une entreprise comme celle de monter un show sur Broadway, les protagonistes n’ont d’autres choix que sacrifier leur vie personnelle pour donner les moyens à la pièce de se construire. Et ces sacrifices incluent de longues discussions avec le conjoint, des reproches, des contrariétés des non-dits… Chaque personnage a donc droit à sa storyline d’ordre personnel, et c’est là que le bât blesse. Les relations de Tom et de Karen ne nous intéressent pas, idem pour l’adultère de Julia ou l’arrivée de la maman d’Ivy. Seul Eileen réussit à nous prendre par moments, par l’intervention de son ex-mari, qui offre des situations dignes des meilleures screwballs comedies (comédies romantiques US vachardes des années 30 et 40). De plus, le show met un peu de temps à bien introduire ses nombreux personnages principaux (au moins 6), et donne par moments l’impression de ne pas savoir où donner de la tête. D’où une sensation parfois étrange pour le spectateur, comme une perte de repères.

Comme pour l’aspect créatif du musical, les parties soap ne sont jamais aussi bonnes et intéressantes que lorsqu’elles concernent l’aspect professionnel. On assiste alors à des débats furieux entre les créatifs (auteurs, productrice, metteur en scène) dans les bureaux, des guerres d’égo impitoyables et, globalement, une fusion permanente des esprits, montrant bien (on imagine en tout cas) le stress perpétuel qu’engendre la participation à ce genre de production. Il y une vibration constante, et l’amour que tous les protagonistes portent à ce Bombshell (le titre final de la pièce) déchaîne les passions – avec bonheur pour le spectateur. En comparant la qualité des aspects professionnels et personnels, on se dit qu’à l’instar d’un The Office chantant, Smash aurait simplement dû être une comédie musicale de bureau, et aurait ainsi gagné en efficacité.

Évidemment, la concurrence entre les deux chanteuses est au centre de l’histoire. Et ici, comme pour Twilight, il faudra choisir son camp : team Ivy ou team Karen. Le match oppose donc la blonde pulpeuse, dont la ressemblance avec Marilyn est frappante et dont les années d’expériences sur les planches en font la promise incontestée ; contre la brune, inexpérimentée et naïve, mais symbole du rêve américain (yes, she can), de nouveauté dans un monde trop formaté et sans surprise. Mais le doute n’est pas vraiment permis quant à la grande gagnante. Le point de vue de Karen étant celui d’entrée dans la série, et malgré les différents rebondissements plus ou moins inspirés (notamment la présence d’Uma Thurman dans la seconde moitié de la saison, au final assez anecdotique), la série ira finalement dans cette direction jusqu’au bout, ne laissant pas d’autre choix (comme dans Twilight donc, pauvre Team Jacob) que d’assister à la naissance d’une American Idol (dont Katharine Mc Phee, son interprète, sort tout droit). Smash = Glee pour adultes ? Pas sûr.

La série reste au final agréable à regarder, par son approche « making of romancé » des coulisses de Broadway. Les spectateurs qui sont restés jusqu’au bout auront sans doute assisté à ce qu’ils attendaient d’un tel show : des numéros de qualités, du strass et des paillettes, un peu de férocité et de drama propres au monde du spectacle, et une bonne dose de Marilyn, icône parmi les icônes, et figure sacrificielle du show-business par excellence. Les autres n’auront probablement pas tenu 15 épisodes…