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Séries Sweet/Vicious Saison 1 : Comédie noire/Coup de poing nécessaire

Sweet/Vicious Saison 1 : Comédie noire/Coup de poing nécessaire

sweet vicious saison 1 - Sweet/Vicious Saison 1 : Comédie noire/Coup de poing nécessaire

Une série est un média. Comme son nom l’indique, elle représente un moyen ; que ce soit pour éduquer, pour informer et plus simplement pour divertir. Elle ne doit pas forcément avoir un objectif précis, elle ne possède pas le devoir d’œuvrer pour quoi que ce soit. Certains créateurs décident pourtant de donner un but à leur série, qui va au-delà du simple divertissement. Sweet/Vicious en fait partie.

Création de Jennifer Kaytin Robinson, Sweet/Vicious nous parle de Jules (Eliza Bennett), une étudiante américaine tout ce qu’il y a de plus cliché. Elle est souriante, porte un sac à dos tout mignon et fait partie d’une sororité. Néanmoins, cette image parfaite se retrouve complètement renversée par ses activités nocturnes : elle est une justicière masquée qui tabasse les étudiants masculins accusés de viol. Elle pourra compter sur l’aide d’Ophelia (Taylor Dearden), une hackeuse qui cherche un sens à sa vie, entre deux joints.

La série, tout comme sa protagoniste principale, sort dès lors des représentations traditionnelles des séries adolescentes. Si la touche MTV se ressent dans le nombre de relations amoureuses développées et franchement peu intéressantes, Sweet/Vicious va bien plus loin que cela, nous racontant les histoires de jeunes filles violées, à travers leur colère, leur impuissance et leur combat pour réapprendre à vivre. Ici ce n’est pas du tout utilisé comme moyen scénaristique facile pour créer de l’intensité dramatique ; Jules a été violée par Nate (Dylan McTee), et on suit toutes les étapes de sa reconstruction après ce qu’elle a subi. Et cela passe par être une justicière, à l’aide d’Ophelia.

Si les deux/trois premiers épisodes mettent un peu de temps avant de se débarrasser de la « patte MTV », la relation que vont former Jules et Ophelia représente l’une des grandes qualités de la série. L’alchimie que possèdent les deux actrices rend très vite leur amitié aussi crédible qu’appréciable. Si je suis moins fan de celle partagée entre Jules et Kennedy (Aisha Dee), elle est néanmoins essentielle au développement de l’histoire, et l’équipe créative réussit très bien à retomber sur ses pieds. En réalité, les amitiés féminines sont vraiment mises au centre de la série. Sweet/Vicious est l’incarnation poussée au maximum du girl power et c’est franchement cool.

Qui plus est, cette série est importante. Importante parce qu’elle coche toutes les bonnes cases de comment traiter le viol comme acte en lui-même, et les conséquences qui s’ensuivent. Les épisodes All Eyez on Me (1.05) et Fearless (1.06) sont durs à regarder, tellement ils décrivent avec finesse et sensibilité ce qui est arrivé à Jules. Sans jamais exagérer quoi que ce soit, les scénaristes nous montrent toute la solitude, le désespoir et la recherche de sens et de soutien de la part de Jules. Eliza Bennett s’impose d’ailleurs comme une révélation dans le rôle.

Sweet/Vicious ne s’interdit cependant pas de rire, et c’est tant mieux. L’humour est très présent, à travers des dialogues souvent inspirés. Comme souvent dans les séries estampillées adolescentes, on a le droit à toutes les références possibles et inimaginables à la pop culture. Cela contrebalance intelligemment les côtés plus sombres de l’intrigue, sans pourtant jamais les dévaloriser ou leur faire perdre de l’importance. Ophelia et Harris (Brandon Mychal Smith) remportent d’ailleurs la palme du duo comique le plus efficace.

De plus, et c’est un des points qui m’a le plus surpris, les scènes de combat de Sweet/Vicious sont plutôt bien réalisées ! Alors certes ce n’est pas Banshee, mais le tout est relativement fluide et dynamique, ce qui crédibilise encore un peu plus l’ensemble. La scène d’action dans le restaurant dans Pure Heroine (1.10) s’avère d’ailleurs très bien chorégraphiée, mêlant violence et tension.

En fait, si on enlève les défauts inhérents à une série MTV, Sweet/Vicious pêche un peu dans la résolution de son intrigue. Tout va un peu trop vite, notamment dans la résolution de la partie policière, expédiée alors qu’elle avait énormément occupé l’espace durant la saison. Les deux derniers épisodes sont donc parmi les plus faibles, même s’ils comportent leurs moments remarquables — ce qui touche Nate se montre par exemple cathartique.

Néanmoins, cela ne nous fait pas oublier que Sweet/Vicious réussit là une première saison de très bonne facture. Le sujet traité était tout sauf évident, et l’équipe créative s’en tire avec tous les honneurs du monde. Sweet/Vicious est une série qui compte, une série qui pourra peut-être alimenter le débat sur le viol et le harcèlement sexuel. Si la série devait s’arrêter là, la saison 2 étant incertaine, elle resterait un gros coup de cœur de ce début d’année sériel.

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