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Séries Tales From The Loop Saison 1 : Contempler la science de l’homme

Tales From The Loop Saison 1 : Contempler la science de l’homme

Tales From The Loop Saison 1 Episode 4 - Tales From The Loop Saison 1 : Contempler la science de l'homme

Que se passe t-il lorsque l’humain touche au plus près de l’inexplicable ? Adaptée des illustrations de l’artiste suédois Simon Stalenhag, Tales From The Loop pose la caméra et le scénario de Nathaniel Halpern (ancien de Legion) dans une petite bourgade où le gouvernement a construit « The Loop », un accélérateur de particules déclenchant de curieux phénomènes. Durant huit épisodes, disponibles sur Amazon Prime Video, la série va se focaliser sur l’appréhension et les conséquences de ces avancées technologiques souvent inexplicables sur une famille et leurs proches.

La particularité de Tales From The Loop est d’être à la croisée de plusieurs mondes. À travers le prisme de la famille de Russ (Jonathan Pryce), savant au fait du projet, la série va tisser un récit quasi-anthologique où chaque épisode se concentre sur un phénomène et un personnage en particulier. Le récit n’est cependant pas exempt de continuité puisqu’il gravite autour de la famille, explorant les rencontres avec le paranormal par ses individualités : Jakob (Daniel Zolghadri) et l’inversion de corps, sa mère Loretta (Rebecca Hall) qui rencontre son moi enfant, le mari George (Paul Schneider) dont l’origine de sa main robotique va être révélée, entre autres.

En résulte alors les “tales” du titre, chaque conte construisant sa propre histoire mais chacun ayant une incidence sur la suite des événements. Il est vraiment fascinant de voir se construire par petites touches l’univers de la série, les intrigues se présentant pour elles-mêmes mais apportant une pièce à l’édifice de The Loop. Cela nous permet de comprendre plus aisément les enjeux de cette avancée technologique sans que son origine nous soit tout à fait dévoilée.

En soi, la science-fiction peut apparaître comme un prétexte, un cadre venant nous conter des histoires humaines selon différents points de vue. La question qui semble intéresser l’équipe scénaristique est : comment le fantastique perturbe, interrompt la vie des personnages ? De ce fil narratif, il tisse un portrait d’hommes et de femmes confrontés à leurs peurs et leurs angoisses, au sens de l’existence. À chaque fin d’épisode, la seule réponse apportée qui importe est de comprendre comment le personnage concerné peut réfléchir sa vie parce qu’il a connu un événement, étrange certes, qui lui offre une vision plus large de l’existence.

Par exemple, dans le second épisode centré sur Jakob et son meilleur ami Cole (Duncan Joiner), toute la tension, même si elle est importante, ne se loge pas dans cette inversion de corps pour chacun vive l’adolescence de l’autre mais pour que l’un comme l’autre puisse réaliser que la vie qu’il mène n’est finalement pas si triste que cela. Là où Tales From The Loop se distingue, c’est dans le tragique qu’elle invite à la réflexion. L’émotion vient cueillir le spectateur qui se rend compte que l’expérience a mal tourné sans qu’aucun des personnages ne le sache. Nous devons vivre la suite de la série avec cet élément clé, modifiant alors notre perception du personnage et des conséquences que The Loop peut avoir.

Ceci n’est qu’un exemple parmi les huit récits qui composent cette merveilleuse petite saison. Quelques moments plus faibles, notamment le cinquième épisode, n’entament pourtant jamais cette contemplation douce-amère qui construit une ambiance qui n’appelle jamais vraiment la nostalgie mais l’utilise pour construire son décorum. Loin d’un Stranger Things à laquelle elle a été comparée (très loin) et avec laquelle elle partage une esthétique SF années 80, Tales From The Loop apparaît plutôt comme une bulle hors du temps, sans marqueur autre que ses personnages.

Il arrête même son cours dans un troisième épisode où deux amoureux vivent une histoire qui, malgré l’existence de cette parenthèse temporelle, montre que les amours les plus forts peuvent aussi avoir une fin. Il fait même un pas de côté dans un sixième épisode où un vigile (Ato Essandoh) réalise qu’il a du mal à assumer sa solitude et son homosexualité lorsqu’il rencontre son double dans un univers alternatif. Or, la solution ne réside pas dans la fuite ou la volonté d’être quelqu’un que l’on est pas, elle est d’assumer qui l’on est.

Dans Tales From The Loop, le temps dure toujours, il s’étire entre chaque épisode, revient sur lui-même, devient une boucle. Mais il ne lâche jamais l’essentiel : ses personnages. Ils aiment, se déchirent, se séparent et se rassemblent. La science-fiction est un prétexte exacerbant les sentiments et les histoires, révélant la nature humaine, celle où se niche les qualités et les défauts, l’essence même de ce que nous sommes.

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