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Séries Terra Nova : Même des dinosaures n’auraient pu la sauver

Terra Nova : Même des dinosaures n’auraient pu la sauver

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Terra Nova Saison 1 - Terra Nova : Même des dinosaures n'auraient pu la sauver

mrmean - Terra Nova : Même des dinosaures n'auraient pu la sauverIL Y A DES SERIES QUI NOUS ATTIRENT PLUS QUE D’AUTRES. IL Y A DES SERIES QUI NOUS DEÇOIVENT PLUS QUE D’AUTRES. CHEZ CRITICTOO, NOUS AVONS DECIDE PENDANT QUELQUES SEMAINES DE PARLER DE CE QUI FAIT MAL : CES CREATIONS QU’ON ETAIT PRETS A AIMER, MAIS QUI SONT PASSEES A COTE DE LEUR SUJET OU QUI N’ONT PAS SU REMPLIR LE CONTRAT.

Certains projets sont trop ambitieux pour leur propre bien-être. C’est probablement le triste constat à tirer de l’échec que fut Terra Nova. Il faut dire que quand on associe le nom de Steven Spielberg à une histoire de dinosaures, les attentes sont élevées. L’ombre de Jurassic Park planait sur le projet, même si le long métrage n’avait en réalité que peu à voir avec ce que la série avait à offrir.

En fait, Terra Nova voyait encore plus gros que le film en nous entrainant à l’ère crétacée où le show prend place. Enfin, revenons un peu en arrière. En 2149, la vie sur Terre est menacée d’extinction. La famille Shannon (Jason O’Mara, Shelley Conn…) s’embarque dans un voyage qui les mènera 85 millions d’années dans le passé, dans la colonie dirigée par Nathaniel Taylor (Stephen Lang), symbole d’une seconde chance pour l’humanité.

Dès le départ, vu que l’on nous a informés que le budget était élevé, il n’est pas surprenant que le plus large public possible soit visé. Tout est ainsi fait pour que l’on nous offre un show d’aventure familial. Les Shannon s’imposent alors comme étant le cœur du récit — et non les dinosaures ou les militaires — et rien ne se fera réellement sans que l’un d’eux ne soit impliqué.

Cela dit, Terra Nova vendait du dinosaure et donc du danger qui renforce les enjeux de l’histoire, à savoir la sauvegarde de l’humanité. C’est gros, mais moins que les monstres préhistoriques. Du moins, c’est ce que l’on pouvait espérer, mais la série mettra peu de temps à révéler qu’il n’en est rien. Bien entendu, ils seront utilisés sporadiquement pour donner le jour à des scènes d’actions et pour mouvementer les épisodes ; ce sera leur seule vocation au point qu’on pourrait presque oublier à quelle époque on se trouve s’ils ne venaient pas nous le rappeler de temps en temps. Autant dire que l’exploitation de l’environnement fut une déception.

Les dinosaures ne sont pas ce qu’il y a de plus dangereux dans le coin. C’est l’homme qui est immédiatement devenu le prédateur dominant. L’angle n’a rien de nouveau, mais on pouvait espérer que la conjoncture particulière de la colonie dirigée par le colonel Taylor allait rapidement imposer une différence, offrir un angle frais à la série.

Il n’en fut rien. D’ailleurs, la complexité n’est pas de mise à Terra Nova, ce que la famille Shannon illustre quasiment en continu tout du long. Les personnages sont avant tout animés par leurs propres intérêts, mais ils ne sont pas pour autant mauvais, loin de là. Pourtant, cela aurait pu les aider à gagner en profondeur et à les sortir du rôle qui leur a été attitré au point de départ. Malheureusement, une fois qu’ils ont rempli leur fonction, ils deviennent majoritairement obsolètes.

Le problème de la série devient rapidement évident. En mettant les Shannon au cœur des évènements, c’est l’aspect familial qui prend le dessus et les scénaristes se refusent d’y apporter de la nuance. Rien de ce qui aurait pu complexifier le récit n’est alors solidement développé.

On pouvait espérer que les ennemis de la colonie compensent, mais ce ne sera pas vraiment le cas. Installé comme étant la première menace, un groupe de colons qui a pris son indépendance se révèle être un artifice introduit pour faire passer le temps avant que le véritable adversaire se dévoile. On peut occasionnellement compter sur Nathaniel Taylor pour briser la monotonie de l’histoire, mais cela n’est pas suffisant. Tout comme le message écologico-économique qui s’affirme progressivement et qui restera trop simpliste pour qu’on y prête réellement attention.

Arrivé au bout des 13 épisodes, non seulement Terra Nova n’a pas su délivrer le grand spectacle qu’elle promettait au point de départ, mais aucun propos original ou substantiel ne s’affirma pour compenser ce manque. La série a été placée dans une zone de confort qui réduit ses ambitions à néant et les personnages unidimensionnels n’ont fait qu’empirer la situation.

Sur papier, tout était là pour que l’on ait quelque chose de différent et d’abouti, mais l’exécution paresseuse et une pénible absence de prises de risques ont fait que ce show s’est simplement effondré sous son propre poids. La production était trop massive pour qu’une série aussi générique ne puisse survivre. Dans ce sens, Terra Nova est la parfaite illustration du fait que le blockbuster décérébré n’est pas à sa place sur le petit écran.