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Séries Dans la saison 3 de The 100, Pike est l’antagoniste qui a besoin qu’on lui consacre un épisode

Dans la saison 3 de The 100, Pike est l’antagoniste qui a besoin qu’on lui consacre un épisode

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charles pike the 100 - Dans la saison 3 de The 100, Pike est l'antagoniste qui a besoin qu'on lui consacre un épisode

Incarner un antagoniste unidimensionnel n’existant que pour semer le chaos dans une série télévisée est un travail ingrat. C’est celui que doit remplir Michael Beach dans la troisième saison de The 100 dans la peau de Charles Pike.

Peut-être car Michael Beach est destiné à être à tout jamais Monte Parker de New York 911 dans mon cœur, je ne déteste pas Charles Pike. Ce n’est pas entièrement sa faute s’il voit le monde en noir et blanc et qu’il a opté pour une approche extrémiste pour résoudre un conflit avec les Grounders dont il ne possédait pas au départ tous les tenants et aboutissants. Non, une partie du blâme peut être simplement mise sur le dos des scénaristes.

Cette saison 3 de The 100 se développe avec un objectif simple : la volonté d’illustrer le cycle sans fin de la violence. Arrêter le bain de sang est difficile. Dès lors que Grounders ou Sky People agissent selon l’axiome « œil pour œil, dent pour dent », chaque mort en appelle une autre et cela se répète indéfiniment.

Avec Clarke et Lexa, il y a donc eu des tentatives – après un certain nombre de massacres de tous les côtés – pour mettre un terme définitif à la guerre. Pour cela, les deux femmes ont dû se détacher de leur soif de vengeance et des codes de leur société pour tenter d’établir la paix.

Cela aurait pu être possible s’il n’y avait pas eu Pike. Ancien professeur sur The Ark, ce dernier est introduit comme le leader d’un groupe de survivants de la station parmi lesquels on trouve par ailleurs la mère de Monty. Leurs rencontres passées avec les Grounders les ont poussés à opter pour une solution radicale, comprendre tuer leur ennemi sans discussion.

Chaque action de Pike met à l’épreuve tout ce que Clarke et les siens ont cherché à bâtir. Pike est alors un outil scénaristique, le personnage qui est utilisé pour mettre le feu aux poudres. Si les négociations sont sur le point de mener à une paix temporaire, Pike et ses hommes sont là pour éviter que cela se produise durablement.

C’est donc son but premier. Le second est de servir de catalyseur à la crise existentielle de Bellamy, complètement paumé en cette troisième saison suite à la mort de sa petite amie. Aveuglé par le sang qui n’a de cesse de couler, le poids de la culpabilité pour les cadavres qui s’accumulent (et le fait que ses choix ont entrainé la mort de celle qu’il aime), Bellamy a décidé de suivre Pike.

Ce n’est pas en total désaccord avec sa personnalité. Plus que tout, Bellamy est un excellent second et il est dévoué aux siens. Là encore, les scénaristes ne lui ont pas consacré suffisamment de temps pour bien légitimer comment il pouvait finalement suivre Pike et par là même renier les valeurs de sa sœur – pour laquelle il est prêt à tout normalement.

Reste que l’on peut toujours extrapoler sur les choix de Bellamy, boucher les trous grâce à ce que l’on sait de lui sans trop de difficulté pour expliquer son comportement. Cela est par contre difficile à faire dans le cas de Pike ou encore la mère de Monty. Après tout, comment une femme qui a élevé un fils si gentil à la base peut-elle être aussi mauvaise ?

Cette question et, finalement, les motivations de Pike se trouvent dans ce que j’appelle l’épisode manquant. Cette saison 3 de The 100 n’aurait pas besoin de grand-chose pour donner à ses enjeux auprès de Pike plus de cohérence et de poids. Il aurait suffi d’un épisode nous relatant ce que son groupe a vécu en arrivant sur Terre.

On sait tout ce que les autres ont traversé, les choix qu’ils ont fait, comment ils en sont venus à collaborer avec les Grounders. Pike et les siens ont été attaqués par les Grounders – plus spécifiquement par le clan Ice Nation. Cependant, cette saison de The 100 s’est contentée de nous signifier rapidement ce que le groupe de Pike avait pu vivre, puis a enchainé avec les classiques guerres de pouvoir et tueries qui rythment les épisodes. En gros, on nous a juste dit, alors qu’il fallait nous montrer.

Dans un tel contexte, il faut extrapoler plus que de mesure et ce n’est pas tâche aisée, surtout lorsque tout est fait pour que l’on embrasse les Grounders et déteste Pike. Ce qui compte est que la vision de Pike n’est pas saine et nous rapproche simplement de la dictature. Il est l’antagoniste dans sa forme la plus simple, sans même posséder le background qui donnerait à ses actions une dimension supplémentaire.

Retour à l’épisode manquant. Celui où l’on découvre comment Pike est passé de professeur à leader sans pitié. Celui où l’on apprend comment le père de Monty est mort et comment sa mère est devenue cette femme sans émotion. Celui où l’on assiste aux massacres qui ont à l’évidence traumatisé ce groupe de survivants plus que n’importe lequel au point de préférer tuer tout le monde plutôt que d’avoir un semblant de paix. Celui qui permet au moins de comprendre Pike et son groupe, qu’on connait si peu et qui ont pourtant un rôle important au sein de cette saison 3 de The 100.

Pike n’est probablement qu’une diversion, une façon d’occuper le temps et d’offrir un environnement au sein duquel Jaha peut s’insérer sans trop de résistances. Il y a trop à faire pour Kane qui s’oppose à Pike pour qu’Abby puisse lui demander de se tourner vers Jaha. Et même si Pike ne servait qu’à cela, cette saison 3 de The 100 aurait gagné dans sa première partie à développer le personnage pour donner du poids à ses actions et une complexité supplémentaire à ses jeux. Un épisode, ou juste un demi-épisode auraient fait l’affaire et auraient compensé quelques lacunes.

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