Les grandes séries scandinaves ont tendance à fonctionner à coup de 3 saisons. The Bridge ne semblait pas être destinée à déroger à la règle et, lors de sa diffusion en Suède, tout laissait penser que la fin était proche. Cette troisième se présentait alors réellement comme étant l’aboutissement de ce qui a été construit auparavant et nous proposa une conclusion douce amère qui n’appelait pas nécessairement une suite.
L’histoire reprend donc 13 mois après l’arrestation de Martin. Kim Bodnia a choisi de ne pas poursuivre, insatisfait par ce qui était prévu pour son personnage. Ce départ laisse naturellement un vide, mais celui-ci est habilement utilisé par Hans Rosenfeldt. Le scénariste a en effet décidé d’ôter progressivement à Saga (Sofia Helin) tous ses repères et, en commençant par son ancien partenaire, il donne clairement le ton.
De plus, c’est également l’occasion d’introduire de nouvelles figures, à commencer par Henrik Sabroe (Thure Lindhardt) qui sera donc le détective danois sur l’enquête. Celle-ci est naturellement tortueuse. The Bridge/Bron a des standards dans le genre et cela ne change pas. Avec ses courtes storylines secondaires qui viennent rapidement se fondre dans la principale pour l’étoffer, la complexifier et la dérouter, cette saison 3 se révèle être assez fournie. On pourrait même aller jusqu’à dire que la structure narrative est ici encore plus maitrisée qu’auparavant.
Cela fonctionne particulièrement bien, car une thématique générale émerge progressivement et touche autant les détectives que l’investigation qu’ils mènent. Ici, la notion de famille est au centre, explorée à travers le prisme de lointaines blessures qui sont restées ouvertes qui refusent toujours de se fermer.
Ainsi, ce ne sont plus les cicatrices de Martin qui sont examinées, mais bien celles de Saga qui voit réapparaitre dans son existence sa mère. Il ne faut pas longtemps pour comprendre que, si celle-ci prétend être la victime et sème la confusion dans la tête de sa fille, elle est loin d’être sans défense et se révèlera être une véritable manipulatrice.
En plongeant Saga dans un état de détresse, Hans Rosenfeldt la montre faillible et ouvre la voie pour qu’Henrik puisse affirmer son rôle. Il aurait été aisé de rejeter ce nouveau partenaire, mais ses fantômes le transforment rapidement en sorte d’âme sœur pour Saga. Le duo trouve sans tarder sa propre dynamique. Il n’était clairement pas question de remplacer Martin, mais bien d’aider Saga à tenir la distance.
Henrik fournira l’appui demandé, mais se présentera également comme étant un personnage complexe et terriblement à sa place dans l’univers de The Bridge.
Les choses deviennent donc rapidement très personnelles pour les détectives dans cette troisième saison, mais l’investigation n’est pas non plus oubliée. Utilisée au premier abord pour aborder des points politiques sensibles au Danemark, l’enquête se réorientera dans sa seconde moitié pour raconter une histoire plus en phase avec ce qui tourmente Saga et Henrik.
Il est indéniable que The Bridge (Bron) a évolué pour être surtout au sujet de Saga, mais Hans Rosenfeldt ne s’est pas laissé dépasser par sa création et a su composer une saison aussi dense que les précédentes dont aucun aspect n’est négligé. En utilisant en plus le passé du show et en affirmant des thématiques fortes, il parvient à jouer sur tous les fronts sans que cela n’affecte les personnages ou l’intrigue principale dont la tension est parfaitement distillée. L’ensemble est donc maitrisé d’un bout à l’autre. Si la série s’était arrêtée là, cela se serait indéniablement fait sur une note positive.
Bien qu’envisagée pendant un temps comme étant la dernière, cette saison 3 de The Bridge a finalement eu une suite. Retrouvez notre bilan de la saison 4.
