Aller au contenu
Séries Autres séries The Chi Saison 1 : la vie à Chicago, modes d’emploi

The Chi Saison 1 : la vie à Chicago, modes d’emploi

The Chi Saison 1 - The Chi Saison 1 : la vie à Chicago, modes d’emploi

Lancée en janvier sur Showtime et déjà renouvelée pour une saison 2, The Chi est une création de Lena Waithe, une des plumes et un des visages derrière Master of None. Elle nous raconte la vie d’un quartier du sud de Chicago où les habitants sont connectés entre eux à la suite du tragique meurtre d’un des jeunes du voisinage. Ils se doivent tous de dépasser leurs traumatismes et reprendre une existence qui n’est pas tous les jours un long fleuve tranquille.

Ce qui impressionne de prime abord avec The Chi, c’est la plongée qu’elle propose dans un quartier considéré comme « chaud » et qui est pourtant plein de vie(s). Les personnages se croisent dans un puzzle relationnel auquel il faut quelques épisodes pour appréhender les pièces. On ne sait pas immédiatement quels sont les liens entre eux, chacun étant occupé par des histoires personnelles distinctes, mais qui se rejoignent autour de la mort d’un jeune du quartier.

Lena Waithe réussit alors à construire des personnages qui sont bien plus que des membres d’une même communauté afro-américaine. Que ce soit par leurs ambitions professionnelles (de chef de cuisine à gangster), leurs niveaux de vie — se côtoient occupants des logements pauvres et ceux des lofts design — ou leurs problèmes personnels, chacun réussit à se payer la part du lion et à s’affirmer sous nos yeux sans écraser les autres.

Être noir est ce qui les rassemble, pas nécessairement ce qui les unit. Sur ce point primordial, la mort du jeune Coogie sert de focale pour nous exposer les disparités qui existent dans le quartier. Chaque personnage est impliqué à un degré différent dans ce drame et flirte avec sa propre zone d’ombre. Le cas de Brandon (Jason Mitchell), grand frère de la victime, révèle alors en quoi cet événement modifie profondément un individu sans qu’il tombe pour autant dans la facilité de la vengeance. La tentation est présente, presque physique, mais elle ne se réalise pas parce qu’il a trop à perdre.

The Chi Saison 1 b - The Chi Saison 1 : la vie à Chicago, modes d’emploi

Si un certain optimisme peut s’en dégager, notamment dans les scènes de quartier dignes des grandes heures de Treme, The Chi n’oublie pas que la communauté de ce Chicago peut aussi être sombre. En ce sens, la trajectoire de Ronnie nous donne toute la portée tragique d’une plongée involontaire (ou presque) dans la criminalité, réellement concrétisée par la mainmise de Quentin (Steven Williams) sur le quartier.

À l’autre pôle reste alors les habitants qui tentent de s’en sortir avec le peu qu’ils ont. L’angle économique est un passage obligé dans ce type de série et est parfaitement incarné par le parcours d’Emmett (Jacob Latimore), père célibataire qui peine à joindre les deux bouts malgré l’aide de sa mère. Sans jouer sur la corde sensible, son histoire se tisse finement, d’une justesse incroyable.

Ce qui étonne et donne toute sa singularité à The Chi est qu’elle parvient à mêler les genres sans qu’ils soient mis dos à dos. Ainsi, au pur drame raconté par le deuil se frotte la série sur la criminalité et policière (portée notamment par le détective Cruz) sans qu’elle écrase son propos plus social sur la monoparentalité. Au milieu de tout cela fleurit alors un récit « coming of age » incarné par les adolescents, surtout par Kevin (Alex Hibbert) qui expérimente les premiers amours en même temps que le monde plus rude qui l’attend dans le genre d’environnement où il grandit.

Tout cela s’écrit avec un équilibre épatant, que ce soit pour l’écriture, la réalisation ou la prestation des acteurs. On attend cependant plus concernant les personnages féminins, mais il y a tellement de possibilités à explorer dans ce microcosme que c’est un défaut pour lequel on veut bien attendre la correction tant l’équipe aux mains de la série semble savoir ce qu’elle fait.

The Chi montre déjà qu’elle en a beaucoup dans le ventre et qu’elle a encore énormément de choses à délivrer. Son récit multiple et tentaculaire lui permet d’être autant une chronique du quotidien qu’une histoire policière ou une quête identitaire pour ses personnages. Elle jongle entre des éléments complexes avec une dextérité impressionnante, ne donnant qu’envie d’en voir et d’en savoir plus.

Étiquettes: