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Séries The Deuce Saison 3 : Le fin d’une époque (fin de série)

The Deuce Saison 3 : Le fin d’une époque (fin de série)

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The Deuce Saison 3 Eileen Lori - The Deuce Saison 3 : Le fin d'une époque (fin de série)

Quand on a déjà vu une série de David Simon, on peut deviner comment les autres se terminent. The Deuce ne fait pas exception. Cette troisième et dernière saison atteint une conclusion similaire aux précédentes : tout se termine, mais la vie continue sous une autre forme.

Nous retournons donc à New York pour découvrir ce qui arrive aux habitants de The Deuce alors que le quartier est sur le point d’être transformé. C’est la fin de l’année 1984. L’industrie pornographique s’est déjà en grande partie déplacée à Los Angeles où se trouve à présent Lori (Emily Meade), mais Eileen (Maggie Gyllenhaal) et Harvey (David Krumholtz) sont restés où ils étaient et continuent à faire des films. Frankie (James Franco) est toujours noyé dans ses combines. Vincent (James Franco) et Abby (Margarita Levieva) sont encore ensemble, mais une distance s’est creusée entre eux. La communauté gay est ravagée par l’épidémie de Sida et Paul (Chris Coy) voit ses amis mourir les uns après les autres.

Eux et tous les autres que nous suivons dans cette saison 3 sentent que la fin est proche, mais la vie continue et il existe toujours des raisons de se battre. Cependant, la mort est partout. The Deuce commence à disparaitre avant même que les immeubles ne soient détruits.

The Deuce est au sujet d’une communauté. C’est l’histoire de personnes – certaines ont véritablement existé – qui sont laissées pour compte. Wall Street et les politiciens veulent qu’ils s’effacent pour laisser l’argent couler à flots. Dans le cas de ce quartier, on nous offre l’exemple parfait des conséquences de la gentrification, les pauvres sont mis à la porte pour augmenter le standing et la valeur économique de Manhattan.

Néanmoins, il est question de le vivre à dimension humaine et chacun doit alors trouver un moyen de s’en sortir. Une partie n’y parviendra pas. Certains épisodes sont d’ailleurs baignés dans un désespoir qui affecte la saison dans son ensemble. Il y a toujours d’occasionnelles pointes d’humour et quelques intrigues plus légères, mais il y a également une mélancolie qui devient contagieuse et un futur incertain qui rend l’ensemble amer — la représentation de l’industrie pornographique à Los Angeles ne fait qu’amplifier cette amertume.

Ce qui évite à cette saison 3 de The Deuce d’être étouffé par ce qui va mal, c’est la volonté de ses personnages à ne pas se laisser abattre – comme Eileen qui combat contre vents et marées pour faire son film et trouver sa voix en tant qu’artiste ou encore Paul qui embrasse le militantisme de sa communauté pour donner un sens à tout ce qui se passe. Suivre celles que l’on a rencontrées dans la rue alors qu’elles prennent le contrôle de leur existence est également un bon contrepoids pour toutes celles qui échouent à le faire.

Durant huit épisodes, le futur de ce quartier apparait ainsi toujours plus clairement défini, mais tout semble pouvoir arriver à ses habitants. Les scénaristes exploitent cela à merveille pour livrer des scènes fortes, prendre au dépourvu et continuer à développer leur propos sans compromis.

Quand la conclusion se matérialise, c’est un nouveau New York qui a pris le dessus. Les problèmes ont été déplacés, certains sont morts, d’autres ont évolué et quelques-uns ont simplement disparu dans la masse. La série a permis de regarder en arrière, de donner vie à cette période presque oubliée pour mieux commenter celle qui s’est installée à sa place.

The Deuce s’affirme comme étant une petite page d’Histoire qui se referme ainsi après seulement trois saisons. Elle avait été vendue au commencement comme étant à propos de la pornographie à New York, mais elle était surtout au sujet d’un groupe d’individus qui n’avaient pas leur place dans la société et qui se sont battus pour survivre, pendant un temps tout du moins.