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Séries The Game : La guerre froide à l’anglaise

The Game : La guerre froide à l’anglaise

The Game Serie Anglaise - The Game : La guerre froide à l'anglaise

une saison - The Game : La guerre froide à l'anglaise La fin d’une saison télévisuelle est toujours accompagnée d’annulations. Et si certaines séries vont au bout de leur histoire, d’autres sont forcées de s’arrêter trop tôt. Chez Critictoo, nous avons alors décidé de revenir pendant quelques semaines sur certaines séries qui ont su laisser leur marque malgré le fait qu’elles n’ont pas eu l’opportunité de poursuivre au-delà de leur première et donc unique saison.

Londres. 1972. Joe Lambe, un espion anglais, est informé par un de ses homologues soviétiques qu’un vaste complot orchestré par l’URSS va frapper au cœur du pouvoir britannique. L’opération Glass devient l’objet de toute l’attention d’une équipe d’agents spécialement formée autour de « Daddy », vénérable figure du MI5.

Créée par Toby Whithouse (Being Human), The Game aurait pu être une adaptation d’un des romans de John le Carré (La Taupe, The Night Manager). Il n’en est rien, cependant il est indiscutable que l’auteur anglais a joué le rôle de muse pour Whithouse.

On retrouve au sein de cette première saison et unique saison de The Game une intrigue très cérébrale qui se rapproche du style de  le Carré. En effet, l’équipe d’agents dont fait partie Joe Lambe enquête sur cette mystérieuse opération Glass en plaquant des micros chez des individus que l’on soupçonne d’être compromis, en interrogeant sous couvert de fausse identité des personnes plus ou moins impliquées. Tout cela s’entre mêlé pour finalement aboutir à la conclusion qu’une taupe se cache dans l’équipe.

De prime à bord, l’intrigue qui se dessine pourrait apparaître comme classique ou redondante. Il n’en est rien. Whithouse maîtrise son sujet et dissémine des révélations au fil de la saison afin de faire monter la tension à l’aide, notamment, des imparables cliffhanger de fin d’épisode.

Mais, au-delà de son aspect espionnage, la série met l’accent sur les relations entre les personnages et les dilemmes auxquels ils font face. Celui qui émerge comme le cœur du show est Joe Lambe (Tom Hughes, maintenant dans Victoria), un espion hanté par le souvenir d’un amour saccagé par la logique des deux blocs. Dans ses premiers instants, il apparaît comme quelqu’un dénué de tout sentiment qui finalement finit par laisser entrevoir un être portant une culpabilité qu’il ne peut dévoiler.

Si le jeune agent secret est notre porte d’accès dans cet univers feutré où gravite autour de lui une belle galerie de personnage. On y retrouve notamment Bobby Waterhouse (Paul Ritter) qui se présente comme un homme ambitieux qui réprime sa propre homosexualité. Mais également le respectueux Daddy (Brian Cox), patron du MI-5, qui lutte pour garder sa place au sein de l’agence ou encore le couple Sarah (Victoria Hamilton) et Alan Montag (Jonathan Aris).

En s’attardant sur ces individus à la fois complexes et multiples, Toby Whithouse favorise l’attachement émotionnel du spectateur, qui va vivre avec plus d’intensité chacun des événements et surtout l’ultime épisode, déchirant à plus d’un titre.

Pourtant malgré une intrigue ingénieuse, un incroyable casting, mais aussi une ambiance empreinte d’une lente mélancolie, la série s’achève au terme de ces 6 épisodes. The Game parvient à clôturer de manière satisfaisante l’arc scénaristique autour de l’opération Glass, mais le développement psychologique de chacun des personnages est loin de connaître une fin digne de ce nom.

Le schéma de la série permettait en saison 2 d’introduire une nouvelle histoire d’espionnage tout en continuant l’exploration de chacun des personnages. D’ailleurs, l’ultime épisode laisse certains des protagonistes dans des situations émotionnelles instables qui auraient pu être pleinement développées par la suite.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Pour autant, si vous avez vu et aimé le film La Taupe de Tomas Alfredson ou suivez avec intérêt le destin des personnages de The Americans, The Game mérite toute votre attention.