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The Good Place, une série sans dessus ni dessous

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The Good Place Saison 2 - The Good Place, une série sans dessus ni dessous

Attention, l’article contient des spoilers sur la saison 2 de The Good Place.

Depuis son premier épisode, The Good Place propose un univers unique. En arrivant au Paradis, Eleanor, Chidi, Tahani et Jason doivent composer avec un nouveau monde dirigé d’une main de maître par Michael. Ils doivent réapprendre à vivre dans une communauté loin de leurs habitudes ou même de leur comportement.

Le twist de la fin de la saison 1 vient alors apporter une toute nouvelle lecture à ce qu’ils ont vécu et le monde où ils sont. Tout cela n’était qu’un mirage : ils sont dans The Bad Place. Par ce retournement de situation, The Good Place fait plus que relancer la série dans une nouvelle direction ou même proposer une relecture philosophique de ses burlesques aventures, elle redistribue les cartes et déconstruit les règles de son récit.

Pendant 13 épisodes, nous avons suivi l’acclimatation des personnages dans un environnement serein où Eleanor a dû se plier à des règles de vie qui n’étaient pas les siennes. Impossible de jurer dans « The Good Place » et un « fuck » se transforme en « fork ». Au-delà du potentiel comique, c’est un signe que ce paradis a son propre code éthique avec lequel le spectateur, tout autant que le personnage, doit composer. Michael a construit un quartier avec sa charte qui est alors profondément chamboulée au treizième épisode. Tout autant que les mensonges qui ont construit la vie terrestre des personnages, l’au-delà peut tromper.

Mais la maestria de la série ne s’arrête pas là. Le récit en lui-même brise les règles qu’il s’est imposé. Alors que l’on nous annonce et que l’on suit pendant une saison l’histoire d’étrangers devant mériter leur place au paradis, elle en dérive complètement. Bien que l’on s’attende à une nouvelle tentative de Michael, démon découvert, de torturer ses petites choses à la merci de sa propre simulation, The Good Place déraille instantanément et nous propose une pléthore de reboots aux règles aussi définies qu’éphémères.

Ainsi, l’épisode Dance Dance Resolution (2.03) apparaît moins comme une multitude d’histoires qui auraient pu arriver que la réécriture constante que la série va subir. Toute la seconde saison va alors suivre un chemin imprévisible, emmenant ses personnages et sa narration dans des recoins insoupçonnés. En plus de jouer sur sa propre mythologie, elle la confronte à des personnages qui n’en ont aucune mémoire : Eleanor et Chidi sont des âmes sœurs mais s’en défendent, par exemple.

Même les personnages qui sont supposés maîtriser la situation, à savoir Michael et Janet, ne sont plus maîtres d’eux-mêmes et de l’histoire qu’ils veulent créer. Michael, contaminé par une affection pour ses instruments de torture, cassent les propres règles régissant l’Enfer pour les sauver et arriver à un semblant de stabilité (The Good Place). Janet, quant à elle, parvient à ne plus être une interface, mais se découvre des sentiments pour Jason et une amitié pour Michael. Il n’y a plus de frontières entre Bien et Mal, entre humanité et robot.

« There are not fixed rules that work in every situation. » (2.10 – Rhonda, Diana, Jake and Trent).

Et en fin de saison 2, la série en vient même à briser la plus fondamentale des règles, celle qui, malgré la folie de la série, semblait immuable : la vie et la mort. Après un passage chez La Juge dans le merveilleux The Burrito (2.11), Michael parvient une nouvelle fois à contourner le règlement, à créer un précédent (et quelque chose de stable ?) : ils renvoient les quatre humains à leurs vies avant leur mort.

The Good Place nous montre alors encore qu’elle est prête à briser le pacte de lecture qu’elle propose épisode après épisode pour surprendre, mais aussi pour nous questionner sur les capacités d’un récit à ne pas être celui qu’il paraît être, tout comme les personnages n’ont jamais été authentiques envers eux-mêmes avant de se rencontrer et trouver un point de repère dans leur (après) vie. Mais est-ce que la série ne se jouerait pas encore une fois de nous ?

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