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The Handmaid’s Tale Saison 2 : Cinquante nuances du mal

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The Handmaids Tale Saison 2 Spiode 7 - The Handmaid's Tale Saison 2 : Cinquante nuances du mal

Cette critique couvre les épisodes 1 à 8 de la saison 2 The Handmaid’s Tale et contient donc des spoilers.

En saison 2, The Handmaid’s Tale s’éloigne quelque peu du coup de poing qu’elle a été dans sa première saison pour se chercher quelque peu. En dehors du matériau originel de Margaret Atwood, Bruce Miller travaille désormais en dehors du livre. Un mal pour un bien ?

Nous avions quitté June/Offred dans un van se dirigeant vers une destination inconnue. Sauvée par la résistance ? Emmenée par les « Eyes », espions pour le gouvernement de Gilead ? Les doutes sont dissipés immédiatement et l’on suit alors pendant deux épisodes l’échappée de June grâce à Nick. Elle entrevoit alors enfin une porte de sortie, et ce, malgré un nouvel enfermement, « pour son propre bien ». Mais c’est bien quand elle choisit de prendre son destin en main que la délivrance se fait encore plus palpable. Une libération galvanisante, mais qui arrive trop tôt et qui est coupée en plein vol (ou juste avant).

Ce serait mal connaître l’oppression masculine et ses répercussions sur les femmes que de croire que l’avenir pouvait être meilleur. Au lieu de cela, June redevient Offred après avoir été arrêtée et retourne au centre des Handmaids où toutes ses consœurs sont punies pour son escapade. La série, par le truchement d’Aunt Lydia, plus ambigüe et cruelle que jamais, nous met face à la violence féminine, celle que des femmes peuvent exercer sur d’autres, conditionnée par un système patriarcal implanté profondément les poussant à être leur propre bourreau. De fait, The Handmaid’s Tale s’adresse alors aux obstacles utérins qui existent dans la libération de la femme et c’en est encore plus glaçant, à l’image de cette scène dans Baggage (2.03) où June doit manger (pour le bébé) devant toutes les autres étant châtiées.

Là où leur présence enveloppait les dix premiers épisodes, les hommes sont quasiment absents de cette seconde saison. Cela est d’autant plus significatif quand, après un léger passage à vide entre le 2.04 et 2.05 pour cause de remise en route de l’oppression de la servante sur ses maîtres, l’intrigue se focalise sur une relation plus que complexe : Serena et June. Après une attaque terroriste par une Handmaid sur les hauts dirigeants du pays, Serena prend en main la maison Waterford et les obligations que son mari ne peut présentement pas remplir, avec l’aide de June et de son passé d’éditrice.

Plus que les rapports de domination homme/femme, le second tiers de la saison fascine par ce rapport de forces et de lente douceur qui s’installe entre les deux femmes. Tout d’abord liées par le désir de maternité de l’une et la capacité biologique de l’autre, Serena et June en viennent à construire une étrange affinité sur leurs capacités intellectuelles. Elles se situent toutes les deux à deux extrémités du pôle, mais réalisent qu’elles ont bien plus en commun qu’elles le voudraient. Ainsi, Women’s Work (2.08) installe une connivence autour de ce qu’une femme peut faire pour l’autre dans ce monde et qui va être mis à l’épreuve par le retour de Fred et son déchaînement de violence, mais qui ne se matérialise pas tant chacune a intégré et internalisé son rôle de femme dans Gilead.

Pourtant, ces huit épisodes n’ont de cesse de redéfinir avec parcimonie, mais sûrement, le rôle de la femme et les (petites) résistances qu’elle peut conquérir. Emily, dans les Colonies avec Janice, parvient à avoir sa petite vengeance sur une autre femme avant de revenir à Gilead. Janice, elle, retrouve Angela dans des circonstances dramatiques, mais montrant, notamment à travers Serena, que ce système oppressif peut se détendre pour montrer un peu d’humanité. Une docteure, Martha depuis le début, retrouve son travail le temps d’une journée parce qu’elle est la seule à pouvoir sauver la petite. Les femmes s’affirment chacune à leur façon, sans renverser le système, mais en démontrant qu’il ne peut vivre sans elles et que c’est là l’erreur de l’avoir construit ainsi.

Si The Handmaid’s Tale perd un peu de sa force en cette seconde saison par une volonté précipitée de nous faire replonger dans le « torture-porn » devant nous réveiller sur les droits des femmes, elle réussit cependant à approfondir considérablement ses personnages, donnant un aspect plus humain et nuancé. Imparfaite, mais nécessaire.