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The IT Crowd : Les nerds les plus hilarants du petit écran

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Bien souvent, la télévision nous offre un reflet de notre époque et, parfois, il y a des séries qui nous proposent une vision de ce que sera l’avenir. À une échelle moindre et, autant le dire, de façon relativement absurde, c’est dans cette seconde catégorie que The IT Crowd est aujourd’hui à placer.

Bien entendu, quand la comédie de Graham Linehan débuta il y a une décennie de cela, on ne peut pas dire qu’elle représentait ce que l’on attendait du futur. En fait, cela était en partie le contraire. Vétéran à qui l’on devait déjà des classiques comme Father Ted (créée avec Arthur Mathews) et Black Books (avec Dylan Moran), Linehan revenait sur Channel 4 avec une sitcom multi-caméra.

Comme cela était également le cas sur le petit-écran américain, la télévision britannique tournait de plus en plus le dos à ce format. Le succès de The Office a fait bougé les choses dans ce sens et des mockumentaires qui émergeaient de toute part, tandis que – de façon plus générale – le single-camera dominait largement. Cela est d’ailleurs toujours d’actualité, notons-le.

Malgré le fait que The IT Crowd était donc filmé devant une audience et plusieurs caméras, c’est son contenu qui était précurseur. Son humour est quant à lui intemporel dans son implacable efficacité.

« Have You Tried Turning It Off And On Again? »

Bienvenue chez Reynholm Industries

Le concept de The IT Crowd est assez simple. C’est l’histoire d’une bande de rebelles qui s’opposaient au reste du Monde. Concrètement, la série suivait les péripéties des membres du département informatique chez Reynholm Industries. Certes, cela ne faisait pas d’eux les plus grands rebelles que l’univers ait portés, mais ils assumaient leur anticonformiste à bras le corps et de manière totalement involontaire.

Au cours des 4 saisons (+1 épisode spécial de conclusion !), nous n’avons jamais découvert ce que Reynholm Industries pouvait bien offrir comme service. Un mystère qui n’en était pas un, puisqu’il était avant tout question de ce qu’elle représentait : un géant corporatiste défaillant, mais que rien n’arrête. Roy Trenneman (Chris O’Dowd), Maurice Moss (Richard Ayoade) et accessoirement Jen Barber (Katherine Parkinson) se trouvaient à la fois au cœur de ce monstre et à côté.

Plus clairement, comme l’agent FOX Mulder et ses X-Files, ils étaient relégués au sous-sol – là où personne ne passait accidentellement. La raison de cela était simple : ils étaient des informaticiens. Personne ne les comprend, mais tout le monde a besoin d’eux.

En 2006, ce que l’on appelle aujourd’hui la culture geek n’avait pas été totalement diluée pour mieux être assimilée par le consumérisme populaire afin d’être ingurgité dans le but de générer des profits. À l’époque, il s’agissait d’un gimmick, une manière de se moquer tout en caractérisant des personnes qui ont souvent des problèmes à s’intégrer et qui s’enfermaient dans leur univers – et restaient connectés aux ordinateurs.

En 2017, tout le monde est constamment connecté justement, et on connait tous quelqu’un qui arbore fièrement sa carte de membre du club des geeks. Ces personnes ne ressemblent donc aucunement à Roy et Moss, mais s’en sont inspirés.

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Moss, Roy & Jen

Personne ne peut réellement avouer vouloir être l’un de ces énergumènes. Moss est un inadapté social, un nerd de haut grade dont l’intelligence est aussi élevée que son humour est inaccessible. Rire de lui est plus facile que rire avec lui.

L’irlandais Roy apparait bien souvent plus accessible, mais c’est uniquement à cause de sa proximité avec Moss et parce qu’il a clairement plus conscience de la réalité dans laquelle il vit. Plus irascible que son ami, il n’est finalement qu’un misanthrope qui déteste devoir accomplir des tâches qui sont simplement en dessous de lui.

Avec eux, nous trouvons Jen qui n’est là que parce qu’elle a menti sur son CV. Elle n’y connait et n’y comprend rien à l’informatique. Son travail est donc celui d’intermédiaire. Elle fait le lien entre ses deux collègues et le reste de l’entreprise qui, comme elle, ne sait pas vraiment ce que « IT » signifie. Avec les années, elle deviendra aussi marginale que ses comparses, mais son expertise en informatique restera inexistante.

L’émergence de la culture geek

The IT Crowd était, à cet égard, réellement visionnaire. Internet et tous les appareils électroniques qui ont envahi notre quotidien durant les dix dernières années restent un mystère insondable pour la majorité des gens qui les utilisent. Comme le fait Jen, prétendre y connaitre quelque chose est juste un réflexe.

Naturellement, la création de Graham Linehan n’était pas en avance sur son temps parce qu’elle nous montrait sans détour à quel point notre relation avec la technologie était plus un acte de foi qu’autre chose. En fait, sa réussite a été d’embrasser la culture geek avant qu’elle ne soit pervertie afin d’être mieux démocratisée.

Dans ce sens, les t-shirts que portait Roy ont indéniablement laissé une empreinte notable sur la pop culture – même si Sheldon Cooper est crédité pour cela. Le décor de la série a par ailleurs joué un rôle important dans cette même logique. The IT Crowd identifia comme aucune autre auparavant ce qu’étaient les particularités de la culture geeks en allant plus loin que de simples références. Cela servait certes comme matériel humoristique, mais le résultat fut un hommage comique plus qu’un acte de moquerie.

Si beaucoup aujourd’hui se contentent de lancer une référence pop plus ou moins bien placée, Graham Linehan s’était approprié le code source et l’utilisait pour créer son propre matériel sans dépendre du reste. En suivant cette voie, sa série est devenue aussi intemporelle que précise par rapport à son sujet.

L’univers de The IT Crowd s’étendait au-delà des murs de ce bureau désormais mythique. En fait, c’est le monde extérieur qui fournissait à Roy, Moss et Jen de quoi nous faire rire. Dans le registre, les dirigeants de Reynholm Industries se sont imposés comme étant les parfaits catalyseurs de l’absurdité qui créait le contraste nécessaire pour valider la position tenue par les employés du département IT.

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Le narcissique légèrement sociopathe Denholm Reynholm (Chris Morris), puis son fils Douglas Reynholm (Matt Berry), le glorieux crétin au comportement le plus souvent inapproprié, ont joué des rôles importants dans le show. Leurs invraisemblables échelles de valeurs et les dialogues tendancieux qu’ils employaient étaient des sources inépuisables d’humour. Le fait qu’ils étaient riches excusait tout pour eux et apportait à la série une bonne excuse pour offrir un angle supplémentaire à la critique sur le fonctionnement hiérarchique de la société qui était en son cœur – ce n’était pas pour rien que Roy et Moss étaient au sous-sol après tout.

La réussite de The IT Crowd ne peut bien entendu pas être réduite à ses personnages. Son format était peut-être considéré comme daté au moment de son lancement, son humour se reposait lui aussi sur des techniques qui pouvaient apparaitre légèrement désuètes au premier abord. Il s’agissait en effet bien d’une sitcom muti-caméra dans le sens le plus traditionnel qui soit. Son humour était alors autant physique qu’il s’appuyait sur les dialogues.

C’est ainsi qu’on arrive au moment où le casting se doit d’être célébrer. En tête, se trouve bien entendu Richard Ayoade. C’est clairement autour de Moss que l’univers du show s’est construit et son interprète portait ce poids sur ses épaules avec une aisance déconcertante. De sa gestuelle à son élocution, sans oublier son style vestimentaire, Ayoade n’avait qu’à être présent pour faire rire.

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Face à lui, Chris O’Dowd s’imposa comme un complément naturel. Son énergie faisait avancer les épisodes et il n’était pas non plus en reste quand il était question d’humour physique.

Au milieu, Katherine Parkinson eu un peu de mal à s’imposer dans un premier temps, étant coincée dans le siège de la personne « normale » de l’équipe, mais elle trouva rapidement son rythme, appuyant sur les boutons de ses collègues pour leur permettre d’aller encore plus loin.

Elle jouait également ce rôle face au vétéran Chris Morris et à l’inimitable Matt Berry, se présentant comme étant finalement l’élément le plus indispensable du show, car elle était le catalyseur de son humour.

Enfin, il y avait l’écriture de Graham Linehan. Clairement au service de ses comédiens dont il maitrisait les forces, le scénariste a su offrir des commentaires pertinents sur les mouvances liés aux technologies et sur notre rapport avec celles-ci. Surtout, il a su créer des gags mythiques comme la boite internet, le numéro d’appel d’urgence ou encore le fabuleux avertissement anti-contrefaçon.

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The Last Byte

Si on excepte l’épisode spécial de conclusion, The IT Crowd s’est achevée il y a plus de 7 ans. Depuis, Chris O’Dowd, Richard Ayoade et Katherine Parkinson n’ont pas chômé, mais n’ont toujours pas endossé de rôles aussi emblématiques. Il est probable que ce constat ne change pas dans l’immédiat. La comédie de Graham Linehan n’a, comme trop de sitcoms de ce calibre, mis du temps à trouver son public, mais cela ne l’empêcha pas d’être influente et de mériter qu’aujourd’hui encore on prenne du moment pour rappeler combien elle était réussie. Si vous ne l’avez pas vu, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.