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The Killing Saison 3 : dans les rues de Seattle

the killing saison 31 - The Killing Saison 3 : dans les rues de Seattle

Un an après l’affaire Rosie Larsen, Linden reprend du service en tant que détective quand Holder entre en contact avec elle. Ce dernier se retrouve à enquêter sur la disparition d’une jeune fille des rues qui est liée à une série de meurtres connectée à une vieille affaire de Sarah.

Après deux saisons consacrées à l’affaire Rosie Larsen, The Killing a fait son retour pour une saison 3 avec une toute nouvelle investigation. Cette fois-ci, un tueur en série sévit à Seattle et ses victimes sont de jeunes personnes qui vivent dans la rue et donc en grande partie invisibles pour beaucoup.

La saison reprend tout de même un an plus tard et doit tout d’abord réunir de nouveau Holder et Linden, le premier étant toujours détective, mais la seconde a quitté son poste. Seulement, Sarah ne peut combattre qui elle est réellement, même si elle aura tenté d’être quelqu’un d’autre et se sera menti un moment à elle-même. Cela peut sonner comme un détail au départ, mais arrivé à la fin, cela aura de son importance pour cerner complètement l’état psychologique de l’enquêtrice dans son acte final – et même dans la conversation qui se jouera entre elle et le coupable.

Cela reflète assez bien l’excellent travail scénaristique effectué sur cette troisième saison de The Killing ; au lieu de se perdre dans de fausses pistes pour maintenir le suspense, les scénaristes optent cette fois-ci pour un simple approfondissement de son environnement et de ses personnages.

L’univers policier prend donc totalement vie grâce à Linden et Holder, mais aussi ceux qui l’entourent, avec Skinner, l’ancien partenaire de la première et maintenant superviseur, et Carl Reddick (Gregg Henry), le coéquipier en début de saison de Stephen.

Il va de soi, Linden et Holder traverseront tous les deux différentes épreuves. La première aura tiré des leçons de l’affaire Rosie Larsen mais elle sera aussi prise en étau à deux reprises au cours de la saison, donnant le jour à de longues et mémorables scènes en voitures. La saison approfondira aussi quelques pans de son passé en utilisant l’affaire qui l’avait conduit à un séjour en hôpital psychiatrique et sa complexe relation avec Skinner. De son côté, Holder sera émotionnellement plus impliqué dans cette enquête et se liera avec Bullett, une fille des rues. Cette relation sera l’opportunité d’explorer un autre aspect de sa personnalité et de le montrer sous un jour différent.

Sans étonnement, Joel Kinnaman et Mireille Enos font un travail remarquable et, occasionnellement, ils aideront même à passer outre quelques décisions scénaristiques. En vérité, il n’y a pas de doute que l’équipe créative de la série menée par Veena Sud a bien conscience du talent de ses acteurs ; elle se reposera habilement dessus pour fournir l’émotion nécessaire et donner une autre consistance à son histoire.

À côté de la partie policière seront alors développés deux autres univers, celui de la rue et le couloir de la mort – les deux étant évidemment liés à leur façon à l’investigation. Peter Sarsgaard dans la peau du condamné à mort délivrera une partition sans faute, se montrant impitoyable ou désespéré et d’un bout à l’autre bouleversant. Les autres détenus et les gardiens viendront étoffer cette partie de l’histoire, la rendant plus vivante, brute et éprouvante jusqu’au bout.

Si les jeunes dans les rues ne donneront pas naissance à des vagues émotionnelles aussi fortes, cela ne sera pas pour autant poignant à un certain niveau, juste de manière différente. On peut là aussi souligner les belles performances des actrices – avant tout Bex Taylor-Klaus dans le rôle du tomboy Bullett. Les scénaristes de The Killing rendent en tout cas la vie de ces jeunes perdus palpables et significatives alors même que les crimes reposent sur le fait qu’il s’agit avant tout d’âme invisible aux yeux de la société – un constat aussi terrible que réaliste. Aussi subtilement articulé est le parcours de Danette (parfaitement incarnée par Amy Seimetz ), la mère de Callie, une jeune fille disparue, qui est posée comme clairement incompétente et peu concernée au départ pour se retrouver dans une position quasiment opposée au final.

Certaines décisions créatives prises au cours de cette saison 3 de The Killing pourraient sans aucun doute être discutées, la saison connait un petit coup de mou et quelques incohérences doivent naitre dans la résolution de l’affaire. Seulement, les défauts sont compensés par une enquête accrocheuse et une belle exploration des personnages au cœur de l’intrigue. Leur évolution apparait naturelle, tirant sur différentes cordes émotionnelles où se confondent autant la joie que le désespoir.

En bout de route, cette saison 3 de The Killing se révèle vraiment réussie, offrant un regard fouillé et intelligent sur le monde de la rue et celui du couloir de la mort qui enrichissent naturellement l’univers assez sombre de la série. Il en ressort une véritable implication psychologique auprès de personnages qui sont parfaitement interprétés d’un bout à l’autre par des acteurs tout simplement excellents.