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Séries The Knick : Médecine d’un autre siècle

The Knick : Médecine d’un autre siècle

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The Knick Saison 1 Clive Owen - The Knick : Médecine d'un autre siècle

Déjà publié en 2014, ce bilan est remis en avant à l’occasion de la diffusion de The Knick sur France Ô ce vendredi 2 décembre à partir de 22h55.

Alors que Cinemax s’est fait un nom sur ses programmes contenant de la violence et du sexe, le temps est venu de changer et de se tourner vers plus de prestige. Pour ce faire, la chaine a donc fait appel à Jack Amiel et Michael Begler pour donner le jour à The Knick. Cela dit, c’est avant tout le fait que Steven Soderbergh s’investisse pleinement dans le show qui a réellement fait parler.

C’est tout à fait légitime, car il ajoute à cette série médicale historique une identité visuelle unique, mais cela ne fait pas tout – bien que, dans le cas présent, cela aide énormément.

Quoi qu’il en soit, The Knick nous entraine à New York en 1900, à l’hôpital du Knickerbocker. Quand le docteur Christiansen se suicide, le Dr Thackery prend sa suite à la tête de l’équipe de chirurgiens et doit alors accepter la présence à ses côtés du Dr Algernon Edwards, un Afro-Américain. 

La série nous raconte ainsi le quotidien du Dr Thackery qui est interprété avec brio par Clive Owen. Quelque peu raciste, cocaïnomane arrogant et génie du scalpel, ce personnage légèrement à part veut révolutionner la médecine à une époque où elle a véritablement besoin d’une révolution. Un siècle commence, mais la chirurgie s’apparente encore à la boucherie.

L’imagerie n’en est d’ailleurs pas loin, comme Soderbergh nous le démontrera amplement en n’hésitant pas à montrer dans les détails les entrailles de malades. Il ne faut néanmoins pas percevoir cette tendance à flirter avec le gore comme une tentative pour heurter les plus sensibles, mais bien comme un moyen pour faire comprendre ce que vivaient vraiment les chirurgiens de cette période.

La saison débute d’ailleurs par un suicide qui prend tout son sens à partir du moment où on commence à saisir l’étendue de ce qui est inconnu et le nombre de patients qui meurent de maladies qui, aujourd’hui, se soignent sans aucun risque. La médecine en 1900 était une terre de découverte pour des explorateurs qui se devaient d’avoir le cœur bien accroché et la volonté de changer les choses.

The Knick parle de ça et se propose aussi d’évoquer d’autres sujets sensibles, de l’avortement quand celui-ci était illégal au traitement des maladies mentales, en passant naturellement par la consommation de drogues et le racisme – deux points liés aux principaux protagonistes. Tout ceci permet également d’explorer les inégalités sociales et d’autres thèmes qu’une série historique se doit d’aborder.

Dans ce sens, Jack Amiel et Michael Begler prennent moins de risques qu’ils auraient pu le faire, mais cela est compensé par des scénarii et une mise en scène qui se marient parfaitement pour anéantir la notion de banalité et pour développer des dynamiques entre les personnages qui fonctionnent admirablement bien. Regarder The Knick se révèle dès lors plus divertissant et captivant que cela aurait pu l’être si la série n’était pas aussi soigneusement produite. Néanmoins, ce n’est par moment pas suffisant pour corriger le tir de certaines digressions qui se font étrangement plus sentir durant le dernier tiers de la saison.

Certaines storylines suivent en effet une évolution trop linéaire sur la fin, tandis que certains personnages se retrouvent négligés. L’attention se fixe uniquement sur les intérêts des différents protagonistes, laissant alors l’environnement électrisant de la chirurgie disparaitre au profit d’une forme de drama qui tend à devenir prévisible, pour ne pas dire conventionnelle.

Cela dit, si la dernière ligne droite affiche quelques signes de fatigue – d’un point de vue narratif –, il faut admettre que cette première saison de The Knick tient néanmoins ses promesses créativement parlant, ce qui permet finalement à l’ensemble de rester relativement cohérent.

En tout cas, The Knick réussit sa mission, offrant à Cinemax le type de série prestigieuse qui vaut largement le détour, délivrant de l’inattendu et du surprenant régulièrement de façon bienvenue. Dans son genre, le show d’Amiel et Begler adopte un angle historique qui mérite d’être encore plus exploré – ce qui sera fait dans la saison 2 – et parvient à se construire un univers bien plus accueillant qu’il n’y paraissait à la vue des premiers hectolitres de sang versé. Réjouissante et dépaysante à sa façon, cette première saison est globalement réussie, intelligente et d’une rare et étrange beauté.

Les deux saison de The Knick sont dès à présent disponibles en DVD et Blu-Ray.