Quand The Sopranos s’est conclue, terminer une série est étrangement devenue quelque chose de plus compliqué en apparences. Le challenge n’était pas de faire mieux ou pire, selon le point de vue, mais de réussir à suivre son exemple en créant une réelle discussion, car c’est ce qui permet à la série de continuer à vivre.
Damon Lindelof ne l’a pas fait de la meilleure façon qui soit avec Lost et il semble bien décidé à ne pas répéter la même erreur avec The Leftovers. Son idée était visiblement de nous laisser avec une conclusion qui offrait assez d’éclaircissements pour être satisfaisante, avant de nous demander — via Nora — si l’on y croit.
Là où nous avons dit au revoir à Tony et sa famille avec l’impression que tout pouvait se produire une fois que l’écran est devenu noir, The Leftovers nous abandonne en nous offrant une histoire où tout pouvait arriver et pour laquelle la version que l’on entend pourrait être — aussi extraordinaire soit-elle — la vérité ou non.
Quoi qu’il en soit, nous retrouvons donc Nora avant qu’elle ne monte dans la machine qui doit l’emmener où ses enfants se trouvent. Elle est avec Matt, ce qui permet à Christopher Eccleston de nous livrer une dernière performance tout en nuances qui injecte une sensibilité certaine à la situation.
Nora entre alors dans la machine et on la retrouve là où le season premiere s’était arrêté, dans un futur indéterminé en Australie où elle apprend qu’un dénommé Kevin la recherche.
La première moitié de la saison servit à poser le contexte du périple en Australie et à dire au revoir à certains personnages secondaires. La deuxième partie prit un à un les principaux protagonistes et les emmena au bout de leur voyage. Cette conclusion fait cela pour Nora — et accessoirement pour Kevin.
Il n’y a rien de plus à ajouter à ce stade. The Leftovers n’avait qu’une chose à réaliser, offrir au couple un semblant de fin. C’est donc ce que l’on nous délivre. Le chemin qui est emprunté pour y arriver n’est bien entendu pas le plus direct, mais il a le mérite de ne pas être dénué de charme.
Au bout du compte, ce final n’avait plus grand-chose à réaliser et cela se sent dans la manière avec laquelle le scénario prend des détours pour repousser au plus tard possible la discussion qui nous sert d’adieux. Celle-ci étant le meilleur moment de cet épisode, permettant à Carrie Coon de briller une dernière fois, c’est indéniablement sur une bonne note que la série se termine.
Cela dit, on peut se demander pourquoi, après nous avoir répété qu’il n’y aurait pas d’explications sur l’endroit où se trouvent les disparus, on nous en offre une. Cela joue un rôle dans le périple de Nora qui est primordial, mais cela diminue finalement la force d’un des principaux moteurs narratifs de la série – ne pas savoir est ce qui poussait les gens vers des extrêmes.
C’est probablement pour cette raison que Nora finit par demander à Kevin s’il la croit, car c’est une manière de faire planer le doute.
The Leftovers se termine en tout cas sans faire de vagues avec un épisode peu mouvementé et qui laisse de quoi continuer à débattre un peu sur la série. C’est presque trop peu pour un show qui, pendant un temps, fut bien plus ambitieux que cela. Au moins, on ne reste pas avec le sentiment qu’il y avait encore beaucoup plus à raconter. Quand l’écran devient noir, tout semble avoir été dit.
