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Séries The Marvelous Mrs Maisel : l’émancipation par le rire

The Marvelous Mrs Maisel : l’émancipation par le rire

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The Marvelous Mrs Maisel saison 1 - The Marvelous Mrs Maisel : l’émancipation par le rire

À l’inverse de Netflix qui annonce puis diffuse ses séries d’une traite, Amazon a opté pour une stratégie légèrement différente en faisant le choix de soumettre les pilotes au vote du public abonné. Si le géant du commerce en ligne s’éloigne de plus en plus de cette approche, The Marvelous Mrs. Maisel en a bénéficié, profitant d’une certaine exposition qui aura conduit à la commande de deux saisons.

Il faut dire que le fait que la série soit créée par Amy Sherman-Palladino (Gilmore Girls, Bunheads) a sûrement aidé à lui donner de la visibilité. C’est ainsi que l’on se retrouve avec les huit épisodes de cette première saison nous narrant le parcours personnel et professionnel de Miriam « Midge » Maisel (Rachel Brosnahan). Cette bourgeoise new-yorkaise des années 50 et future divorcée se découvre des talents de comédienne et veut dès lors percer dans le métier, aidée par Susie (Alex Borstein), une employée d’un cabaret au bagou impressionnant qui va devenir son agent.

Quand la série commence, Miriam est une femme mariée qui maintient les apparences. Elle est apprêtée en toutes circonstances, se plie aux règles de la société juive et bourgeoise à laquelle elle appartient et surtout, elle aide secrètement son mari comédien dans l’écriture de ses sketchs. Ainsi, lorsque Joel (Michael Zegen) lui annonce, après avoir été pris en flagrant délit de plagiat, qu’il la trompe, son monde est renversé. Le pilote se termine avec elle dans un cabaret où, ivre, elle délivre un numéro qui enchante le public et révèle alors une réelle vocation.

Tout au long de la saison, nous la suivrons donc dans un début de carrière compliqué, n’étant soutenue que par Susie qui voit en elle une future star du rire. Et elle l’est, on nous le démontre constamment dans ses interactions, sauf que les autres ne le réalisent pas. Son père (Tony Shalhoub), sa mère (Marin Hinkle) ou son futur ex-mari ne voient en elle que la jeune femme bien sous tous rapports qui doit s’occuper en premier de sa famille et en second… de récupérer son mari.

Mais Midge ne l’entend pas ainsi et son chemin vers la carrière de comédienne de stand-up, même s’il est plus que compliqué, sera surtout la voie de l’indépendance. Elle sort de son confort de l’Upper East Side pour naviguer dans les appartements et troquets de Harlem ; ce voyage dans le New York de la fin des années 50 veut à la fois montrer la contre-culture naissante et l’hypocrisie hystérique des riches.

En passant de l’ombre à la lumière, Midge bouleverse sans le vouloir sa famille et les conventions. Un divorce est encore socialement réprouvé à l’époque, tout comme l’émancipation de la ménagère est une chose presque impensable et pourtant en mouvement. La série tente de capturer l’image d’une société privilégiée en mutation, dans la droite lignée d’un Woody Allen.

Habile avec les mots et les situations, Midge et Susie forcent le chemin de la célébrité. Malheureusement, celui-ci se perd quelque peu au milieu de la saison, à force de scènes similaires et situations faciles qui se font écho et perdent ainsi de leur force. Ce coup de mou aurait pu facilement être évité en étoffant les personnages secondaires, encore trop linéaires pour tenir tête à ce merveilleux personnage qu’est Miriam.

The Marvelous Mrs. Maisel possède un charme brut, désordonné et enlevé, à l’image de Rachel Brosnahan, épatante de bout en bout. Elle tient la série sur ses épaules et donne vie à l’écriture de Palladino qui trouve dans cette ambiance comedy club l’écrin parfait pour le verbe et le tempo comique qu’elle développait sur Gilmore Girls et Bunheads.

Quand arrive la fin de saison, nous ne sommes qu’aux balbutiements de la carrière de Midge et pourtant, elle a déjà profondément changé. Cette première saison se regarde alors principalement pour cette comète comique qu’est Midge et ce que l’avenir va bien pouvoir lui réserver. Si elle a encore des soucis d’écriture, la fraîcheur de The Marvelous Mrs. Maisel vous emportera très vite, vous arrachant quelques rires bien mérités.