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Séries The New Pope : Nous avons un nouveau Pape

The New Pope : Nous avons un nouveau Pape

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The New Pope Jude Law John Malkovich - The New Pope : Nous avons un nouveau Pape

Plus de trois ans après The Young Pope, le cinéaste Paolo Sorrentino vient de nouveau s’immiscer dans les couloirs d’un Vatican plus baroque que jamais; au sein avec une saison 2 se payant le petit luxe de changer de titre : The New Pope.

Une coquetterie visant à assurer une certaine cohérence narrative. Cette nouvelle salve d’épisodes s’ouvre sur un Pie XIII (Jude Law) dans le coma, une situation qui oblige le secrétaire d’État Voiello (Silvio Orlando) a réunir le conclave afin d’élire un nouveau Pape. Un processus qui va faire émerger François II, Pape totalement incontrôlable et menaçant l’ordre établi. Sa soudaine mort conduit une nouvelle fois la curie à trouver un remplaçant, Voeillo tente alors de convaincre lord John Brannox (John Malkovich), grand adepte de la « voie du milieu ».

Cette suite retranscrit l’esprit de The Young Pope, guère étonnant avec Sorrentino de nouveau aux manettes. On retrouve ainsi cette mise en scène grandiose propre au réalisateur qui ne cesse d’osciller entre magnificence et kitch. Entre des moments transpirants de poésie et d’autres dégoulinants de sexualité, The New Pope juxtapose les tonalités pour articuler une œuvre osant les grands écarts. Certaines séquences, dont un entretien avec Sharon Stone et Marilyn Manson, sont proprement désopilantes, là où une tentative de résurrection se voile d’émotion.

Mais la série parvient également à prendre en compte les bouleversements qui ont parsemé ces quelques années. C’est comme cela que The New Pope évoque notamment l’émancipation des nonnes du Vatican, la menace terroriste représenter par cet écran de télévision anxiogène ou encore l’émergence du fanatisme au sein même de l’Église catholique — comme un écho au désir de dévouement absolu de Pie XIII.

Au milieu de tout cela, une — nouvelle — figure centrale, le pape aux faux airs de dandy : Jean Paul III. Il ne fallait rien de moins que le raffinement de John Malkovich pour donner vie à une personnalité tout aussi troublante que l’archaïsme juvénile de Pie XIII. Car l’homme est criblé par les balles de son passé, la perte de son frère jumeau, la rancœur de ses parents et une mystérieuse boite sans laquelle il ne peut vivre. Il est, dans le même temps, totalement en décalage avec la rigueur de son prédécesseur. Loin de tout extrémisme, il est un homme de compromis, moderne sans mettre en péril les dogmes de l’Église, il est l’incarnation du « juste milieu ».

Cependant, tout n’est pas parfait. Surtout quand la série s’éloigne du Vatican pour suivre le destin d’Esther. Totalement désemparée par le coma de Pie XIII, elle tente de monnayer son « miracle » avant de s’enfoncer dans une sorte de descente aux enfers la faisant trempée dans une histoire de prostitution. Si la finalité de cette intrigue est satisfaisante, son cheminement n’est pas toujours captivant et tombe parfois dans un certain male gaze (le regard masculin sur les femmes).

Dans ce prolongement évoquons la sexualité, une des thématiques centrales du cinéma de Sorrentino, donne ici des séquences proprement splendides — un lavement de corps érotisant au possible, mais également des passages franchement dispensables — la relation entre Sofia et son époux. Mais, il faut reconnaitre qu’au-delà de ce qu’elle montre, The New Pope dans son exploration de la frustration sexuelle de ces hommes et femmes d’Église esquisse une véritable critique de ces dogmes surannés n’apportant que malheur et dérive.

Ainsi, poétiquement excessive, caustiquement chatoyante, Paolo Sorrentino entrechoque les tonalités pour extirper une œuvre spirituelle trempant dans les troubles d’une époque en pleine révolution. Indéniablement sorrentinesque, avec tout ce que cela comporte de splendide et de kitch.

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