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Séries En manque d’Hannibal ? The Path pourrait combler un peu le vide

En manque d’Hannibal ? The Path pourrait combler un peu le vide

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the path hugh dancy - En manque d’Hannibal ? The Path pourrait combler un peu le vide

Il y a un an de cela, Will Graham pourchassait Hannibal Lecter en Italie à cette même période. La série de NBC mettant en scène le plus fameux des cannibales se dirigeait vers sa conclusion pour laisser un vide dans nos vies.

Ce thriller psychologique nous plongeait dans les affres de la psyché pour décortiquer la frontière entre le bien et le mal à travers la relation ambivalente entretenue par Will Graham (Hugh Dancy) et Hannibal Lecter (Mads Mikkelsen). Le récit était élevé par une magnifique esthétique glacée.

Quel est alors le rapport avec The Path, création de Jessica Goldberg pour Hulu ? Si les deux séries sont très différentes l’une de l’autre, elles s’affirment comme deux productions qui – au-delà de leurs thématiques – possèdent quelques points communs. De par son approche soignée et son jeu d’acteurs impeccables, The Path a quelques atouts dans sa poche pour inviter des fannibals à rejoindre son culte.

The Path s’intéresse aux membres d’un mouvement, le Meyerism. Plus précisément, cette dernière – qui n’a pas grande chose à voir avec Hannibal sur papier – commence au moment où Eddie Lane (Aaron Paul) revient d’une retraite qui a ébranlé sa foi dans le mouvement. Ils cherchent alors à maintenir les apparences auprès de sa femme Sarah (Michelle Monaghan) alors qu’ils tentent de découvrir la vérité.

Hugh Dancy, de profileur pour le FBI à leader instable d’un culte

Après Hannibal, Hugh Dancy n’aura pas tardé à retrouver un rôle à la hauteur de son talent avec The Path dans laquelle il incarne Calvin « Cal » Roberts, le charismatique leader non officiel du meyerism.

À la recherche d’attention, frôlant quelque peu la psychopathie, habité par de multiples sentiments contradictoires, Cal peut être vue comme une sorte de monstre incompris ou d’homme brisé qui veut faire les choses bien en faisant constamment les mauvais choix.

S’imposant comme le personnage le plus complexe et le plus difficile à cerner de The Path, Cal fascine autant qu’il révulse et les deux sont inséparables. Le scénario s’attèle à ce que l’on ne place pas Cal en méchant de l’histoire malgré un nombre d’actions qui lui feraient aisément endosser ce rôle. Hugh Dancy nous pousse par son interprétation à chercher à le comprendre, à saisir ce qui l’anime et  nous entraine avec lui dans des eaux troubles.

La sombre beauté de l’image, le lyrisme musical

Pour véhiculer l’ambivalence représentée par le meyerism et ses membres, l’équipe de The Path s’appuie sur un traitement visuel qui dote la série d’une ambiance particulière et captivante. Le jeu des couleurs, les effets d’ombres donnent vie à des images qui laissent entrevoir à la fois la noirceur et la beauté de l’âme de ses protagonistes. La composition est impeccable, ne laissant quasiment rien au hasard. Certes, si personne ne risque d’être aussi bien habillé que dans Hannibal, les membres de cette communauté sont avant tout des gens ordinaires avec lesquels on pourrait sympathiser et lier une relation. Le style reste néanmoins pensé en conséquence pour mieux refléter cet environnement et son économie (qui joue un rôle important dans le récit).

L’ensemble ne serait pas aussi hantant si ce n’était pour la musique de Will Bates, magistrale d’un bout à l’autre. Celle-ci s’impose, complétant une scène, accompagnant un personnage dans ses actions, retranscrivant ses émotions.

L’horreur psychologique

Personne n’a encore été mangé dans The Path qui n’est pas obsédé par la nourriture. Pour autant, la série n’est pas dénuée d’une certaine forme d’horreur psychologique de par la dévotion qui peut ressortir au sein du mouvement/culte.

Entre les ambitions de Cal, les âmes perdues qui trouvent du soutien au sein de cette communauté et ceux qui sont simplement nés dedans comme Sarah, The Path maintient un juste équilibre terriblement angoissant entre le libre arbitre et l’endoctrinement. Cela fonctionne, car personne ne semble prisonnier alors que mouvement isole ses membres du reste du monde de manière plus qu’habile.

Derrière les visions, la réalité

À l’image des hallucinations de Will dans Hannibal qui ont servi plus d’une fois à illustrer son lien avec le cannibale, The Path utilise aussi ce procédé bien qu’à des fins différentes. Les membres du mouvement consomment de l’ayahuasca qui va alors fournir des visions et les « aider » à guérir de leurs blessures. Cela se révèlera souvent intense pour Eddie qui emprunte à cause de ses dernières une route différente qui le poussera à remettre en cause ses croyances.

Que l’on croit ou non dans les idées du culte, ces visions participent à créer une forme de mysticisme que le personnage doit déchiffrer pour mieux trouver sa voie.

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Ave une première saison comprenant 10 épisodes, The Path a trouvé sa voie en nous entrainant dans le quotidien des membres d’un mouvement, où la normalité dissimule un mal psychologique bien plus profond sur lequel un culte se nourrit. Avec un tel sujet, la série aurait pu aisément tomber dans l’horreur simpliste qu’il existe à rejoindre un culte. Au lieu de cela, l’équipe créative nous offre une œuvre détaillée, que ce soit dans le portrait complexe de ses personnages et de leurs motivations ou dans une mise en scène qui vient retranscrire la richesse de son univers.