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Séries The Resident Saison 2 : À un battement de cœur près

The Resident Saison 2 : À un battement de cœur près

The Resident Saison 2 Episode 15 - The Resident Saison 2 : À un battement de cœur près

Après une première saison efficace, l’équipe du Chastain Park Mémorial Hospital revient et continue sa dissection amère des dessous de la médecine américaine. Diffusée sur FOX, cette deuxième saison, presque deux fois plus longue que la précédente, installe The Resident comme une série médicale différente et pleine de qualités, mais met en exergue des défauts déjà entrevus.

On retrouve Conrad (Matt Czuchry), Nic (Emily VanCamp), Devon (Manish Dayal) et les autres immédiatement après les événements du final de la saison 1. L’enquête autour des malversations du Dr Lane (Melina Kanakaredes) a droit à une conclusion expéditive, mais satisfaisante, et laisse place à de nouveaux enjeux. Pour cela, The Resident étoffe son casting et intègre de nouveaux médecins à son équipe. Elle continue également de nous immerger dans les challenges de ses héros du quotidien pour qui la limite entre travail et vie privée apparaît de plus en plus floue.

Le côté obscur de la médecine, partie 2

Après avoir adressé la réalité des erreurs médicales, l’importance de l’image, les injustices sociales dans l’accès aux soins et les professionnels corrompus, cette saison prouve qu’elle en a encore sous la pédale. Laboratoires pharmaceutiques véreux, fraudes, trafics parallèles, tout y passe et est traité avec pertinence et fluidité. The Resident étend aussi son champ d’attaque à des problèmes plus globaux comme les pressions sociétales — au sein du couple notamment —, les addictions et le racisme intégré.

Ce dernier point est magistralement analysé dans l’épisode « If Not Now, When? » qui dénonce les inégalités de traitements entre les femmes enceintes selon leur couleur de peau. The Resident joue toujours sur deux axes pour véhiculer ses messages, l’émotion et un pragmatisme quasi documentaire, installé par une écriture très factuelle et une réalisation sans détour. À l’instar de ce fameux épisode, c’est lorsqu’elle use des deux simultanément qu’elle touche en plein cœur.

Par cet aspect, la série n’est pas sans rappeler Urgences, tout en adoptant un angle plus large. The Resident s’éloigne des dilemmes de médecins pour se tourner davantage vers l’administration, les collaborateurs ou encore les avocats. La nuance entre le professionnel carriériste ou résigné et le malfrat est ici ténue. À ce sujet, la saison a presque trop de choses à dire, et par conséquent nos personnages se retrouvent avec un sacré mauvais karma, Nic en tête.

Une histoire de famille(s)

En parallèle, The Resident prend cette année le temps de développer ses personnages. Parmi les pseudo-oubliés de la saison passée, Mina (Shaunette Renée Wilson) et le Raptor (Malcolm-Jamal Warner) occupent enfin la place qui leur est due — à eux et à leurs incroyables interprètes. Le grand gagnant de la saison est le Dr Bell (Bruce Greenwood) qui devient plus complexité et particulièrement attachant, une prouesse insoupçonnable il y a peu de temps.

La famille, celle que l’on a, celle que l’on rejette et celle qui nous manque, est au cœur de la saison. C’est en effet par le biais du rapport aux autres que l’on voit les personnages évoluer. Le lien qui unit un enfant à ses parents revient de façon récurrente, mais jamais redondante. Nic et Jessie (Julianna Guill) continuent aussi leur portrait de sœurs dysfonctionnelles, mais inconditionnelles, tandis que tout le monde y met du sien pour établir un large panel de relations de couple.

À vouloir beaucoup en faire, l’équipe créative s’est malheureusement laissée dépasser. L’exemple le plus flagrant en est Julian (Jenna Dewan), immédiatement réduite au stade d’intérêt romantique pour Devon — également totalement inutile une grande partie de la saison — puis littéralement abandonnée par le scénario. La volonté de se différencier en évitant les triangles amoureux rend laborieuse l’écriture de certaines relations, spécialement celle de Conrad et Nic à qui est refusée une rupture nécessaire.

Un problème de construction évident

Un épisode à la fois et semaine après semaine, la saison 2 de The Resident semble plaisante et bien construite. Au niveau de la saison, on note cependant d’importants problèmes de rythme. Cette dernière est à tel point scindée en deux qu’il est difficile de l’analyser comme un tout. Au-delà du changement d’antagoniste classique, on observe une inversion des personnages centraux qui déstabilise. Seule Mina et Bell ont droit à une évolution linéaire et équilibrée.

Malgré quelques fulgurances, les derniers épisodes sont mal gérés. La dernière menace de la saison est amenée trop tard et sort de nulle part, uniquement pour créer de la tension lors des scènes finales. La conclusion de la saison parvient à rattraper quelques erreurs, mais en choisissant une nouvelle fois de se concentrer sur un drame intimiste et en remettant en question la position de Bell, on a une impression désagréable de déjà vu.


The Resident nous offre donc une deuxième saison relativement inégale, mais sait jouer de ses atouts pour séduire. Un peu au culot, elle s’attèle à des sujets qui la dépassent un peu, mais force est de constater que cela fonctionne. Portée par des personnages touchants et inspirants, elle contrebalance avec talent toute la noirceur qu’elle dénonce avec un espoir naïf et omniprésent qui manque à de nombreuses autres séries médicales.


Publié au mois de mai 2019, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion de cette saison 2 de The Resident en France ce mardi 3 septembre à partir de 20h55 sur Warner TV.

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