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Séries The Virtues : Un douloureux passé pour une série poignante (sur Arte.tv)

The Virtues : Un douloureux passé pour une série poignante (sur Arte.tv)

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S’inspirant d’une expérience personnelle traumatique, Shane Meadows nous revient en compagnie de Jack Thorne après la saga This is England pour nous livrer un drame psychologique en 4 épisodes avec The Virtues, diffusée en 2019 sur la chaine anglaise Channel 4 et disponible dès aujourd’hui en France sur Arte.tv.

L’histoire s’intéresse à Joseph (excellent Stephen Graham), un homme brisé et alcoolique dont la sobriété est remise en cause lorsqu’il doit affronter le départ de son ancienne partenaire et son jeune fils qui quittent l’Angleterre pour s’installer en Australie pour se construire une nouvelle vie.

N’ayant plus rien à quoi se raccrocher, Joseph sombre avant de faire ses valises sur un coup de tête et se rend en Irlande pour reconnecter avec sa sœur (Helen Behan) qu’il n’a pas vue depuis 20 ans et qui le croyait mort. Si Joseph retrouve un foyer aimant, il doit faire face contre son gré à ses démons du passé, ayant enfoui au plus profond de lui-même les douloureux souvenirs de son enfance.

Meadows et Thorne nous y ont habitués, The Virtues s’impose comme une série représentant avec une conviction désarmante à quoi ressemble une vie ordinaire où se mélange chaos, amour, humour et tragédie. D’une scène de beuverie qui s’éternise à la réalité peu réjouissante du réveil le lendemain en passant par la discussion autour d’une table,  la série capte la banalité du quotidien, le meilleur comme le pire.

La série est alors ce cocktail d’humour et d’intensité émotionnel dont le duo a le secret, mais avec une lente montée de tension. Elle explore le comportement destructeur de Joseph forgé par un passé qu’il a refoulé et comment les souvenirs peuvent violemment revenir à la surface. Un parallèle émerge progressivement entre Joseph et Dinah (Niamh Algar), soeur de son beau-frère et jeune femme égarée avec une forte personnalité.

À l’image de Joseph, Dinah est une personne marquée par un passé difficile qui a forgé l’adulte qu’elle est devenue et duquel elle n’arrive pas à sortir. Leur rencontre les pousse dès lors à tenter de donner du sens à ce qui leur est arrivé, si ce n’est qu’ils vont chacun confronter leur passé et faire un choix différent face à ce dernier.

Au cours de ces 4 épisodes, The Virtues montre bien évidemment la difficulté à explorer ce qui est douloureux et opte d’ailleurs pour une forme un brin répétitive dans ces thématiques, illustration d’un certain cercle vicieux difficile à briser. Le défaut principal qui en émerge est que le scénario établit certains faits et refait plus d’une fois le même point sur l’état psychologique de ses personnages sans pour autant trouver le moyen d’y ajouter quelque chose de plus à dire que ce qui a déjà été révélé. Ce n’est pas forcément handicapant, mais cela diminue à l’occasion la portée émotionnelle de la série.

The Virtues s’affirme comme le genre de séries qui en dit peu pendant un moment, mais où bien des éléments prennent de l’importance en conclusion. Le fait que l’histoire se déroule en Irlande n’est pas le moins du monde anodin. Si les scénaristes ne pointent au départ pas du doigt les signes, la réalisation et les thématiques traitent avec intelligence et subtilité d’un passé irlandais glauque défini par la religion, l’abus, l’oppression et l’alcool.

Les plans sur les croix ou les figures religieuses s’accentuent au fil du temps jusqu’à occuper une place de choix dans un final éreintant qui nous expose une tragédie où les actions des uns se répercutent sur les autres, etc. Le bourreau est aussi la victime et il reste surtout des vies marquées ou juste détruites par des expériences horrifiques.

The Virtues relate une histoire à la fois simple et douloureuse, mais pas dénuée de toutes formes d’humour. L’existence dans toute sa simplicité et sa cruauté. On arrive à une conclusion qui est, à l’image de bien des choses dans la vie, un peu trop ouverte pour son propre bien – spécifiquement pour Dinah que l’on quitte dans une position plus que compliquée et qui laisse un arrière-goût d’inachevé. Reste une œuvre dans son ensemble poignante par ses portraits humains authentiques et une tragédie sociale qui l’est tout autant.


The Virtues sera disponible sur Arte. tv du 01/10/2020 au 30/12/2020.