Un des pires rouages narratifs sur le petit écran est lorsqu’un personnage a un plan, mais que celui-ci est, au final, inexistant, ou se résume à peau de chagrin. Tout ça pour ça ? Oui, tout ça pour ça !
Qu’importe quel était le plan de Rick – et sa soi-disant Phase 2 –, car Negan et les Saviors réclament vengeance. Cette saison 8 de The Walking Dead boucle sa première partie en se reposant sur une technique classique de la série : la destruction (par le feu).
Après 7 épisodes mettant à l’épreuve les plus braves des spectateurs, The Walking Dead veut donner l’impression que quelque chose se passe. Cependant, elle a passé tellement de temps à brasser de l’air pour en arriver là qu’il est difficile de pleinement saisir les choix et les réactions des personnages.
Si Daryl et Cie se demandent si leurs actions ne sont pas responsables de la libération des Saviors, ils ne sont pas les seuls à avoir pris des décisions dont il est difficile de mesurer l’impact et où cela devait nous mener. Au final, tout est fait pour qu’on ne les blâme pas (Eugene doit porter cette responsabilité), sans pour autant confirmer que ce qu’ils ont fait a servi à quelque chose. Combien y a-t-il de Saviors prêts à se battre à la moindre occasion ? Pas de doute sur le fait que Negan sait organiser ses troupes comme personne. Rick devrait s’en inspirer.
Ce dernier est temporairement tenu éloigné de l’action pour d’ailleurs laisser l’opportunité à Carl de briller en tant que leader d’Alexandria. Son père se fait de nouveau lâcher par le groupe de Jadis (mais on ne peut pas trop lui en vouloir) dans une énième storyline qui a pris trop de temps pour aboutir sur du vide.
Quoi qu’il en soit, quelqu’un a placé Carl en tant que responsable, chapeau de shérif à l’appui. La symbolique est difficile à rater, surtout avec un fils qui fait une lecture à son père sur la vacuité du combat qu’il mène contre les Saviors. Contre toute attente, Carl est donc le représentant d’une forme d’espoir dans la tragédie, prêt à y laisser sa peau pour sauver le plus grand nombre.
Face aux Saviors, il faut bien dire que notre groupe de survivants a pris des décisions étranges poussant certains dans leurs retranchements, d’autres à agir de manière incohérente et encore d’autres à suivre sans raison apparente le plan scénaristique qui a été déroulé pour eux.
De cette manière, Aaron et Enid se rendent à Oceanside pour les convaincre de rejoindre le combat. Pourquoi eux ? Comment comptent-ils s’y prendre après ce qui s’est passé ? Personne ne cherche à donner du sens à tout cela. Maggie décide d’employer des techniques plus radicales pour faire son point, elle qui était par le passé bien plus réfléchi et pragmatique. Et enfin, Ezekiel sort de sa torpeur pour redevenir le roi qu’il se doit d’être, car il était temps de tourner la page sur cette courte crise existentielle (en pleine guerre, il n’y a pas le temps pour ce genre de choses).
Il n’y avait pas besoin d’un quart d’heure supplémentaire (l’épisode durant 1 heure) pour nous relater tout cela ; les scénaristes de The Walking Dead sont déterminés à étirer une situation plus que nécessaire, soutenus par des plans serrés franchement désagréables. On peut regretter ce traitement narratif et cette stylisation peu inspirée, car un meilleur montage et des minutes en moins auraient donné le jour à un épisode plus accrocheur.
Celui-ci s’inscrit dans la progression naturelle de cette première partie de saison 8 de The Walking Dead et délivre une certaine dose d’action à travers la confrontation entre les Saviors et les autres groupes. Nous n’en sommes pas au niveau d’un épisode de mi-saison haletant, loin de là, le statut de l’épisode étant avant tout rappelé par le cliffhanger de fin – si on veut appeler cela ainsi.
Si nous ne sommes pas prêts de dire au revoir à Negan, le découpage par mi-saison de The Walking Dead peut au moins nous conforter dans l’idée que l’on peut tourner la page sur cette première partie et que les scénaristes peuvent remonter la pente en seconde partie. Celle-ci n’est cependant pas attendue avec impatience après ce qu’il a fallu traverser ces dernières semaines.