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Séries This Is Us Saison 2 : patchwork émotionnel (Diffusion 6Ter)

This Is Us Saison 2 : patchwork émotionnel (Diffusion 6Ter)

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This Is Us Saison 2 - This Is Us Saison 2 : patchwork émotionnel (Diffusion 6Ter)

Après une première saison acclamée et pourtant imparfaite, This Is Us a continué avec une seconde saison qui poursuit dans la même veine mélodramatique. En explorant plus la vie passée et présente des Pearson, elle tient sa promesse de nous offrir de l’émotion, coûte que coûte, parfois au détriment de ses personnages ou, au contraire, en les sublimant.

Peu de réelles lignes directrices, si ce n’est l’histoire de Jack Pearson, nous sont données cette année. Nous allons suivre pendant 18 épisodes une storyline pour chaque personnage, celles-ci étant surtout un prétexte à faire des parallèles avec le défunt patriarche. Ainsi, Kate est enceinte, Kevin doit faire face à un problème de carrière et d’addiction, tandis que Randall et Beth veulent devenir une famille d’accueil.

Si ces storylines permettent d’en apprendre plus sur les personnages et leur relation avec Jack, elles montrent que la série a beaucoup à offrir en termes d’émotions, mais pêchent quand il s’agit de donner des histoires solides dans le présent. À enchaîner la famille au souvenir du père, prisme de lecture de chacune de leurs actions, les scénaristes paraissent incapables de creuser ailleurs, surtout lorsqu’il s’agit de Rebecca. Heureusement, cet état de fait semble changer la mi-saison venue.

Concernant le Big Three, il y a déjà plus de matériel, mais celui-ci est trop souvent maladroit. Kevin, face à une carrière en dents de scie et une blessure, est à la dérive, tombant dans l’addiction. C’est ponctuellement intéressant, la cure de désintoxication notamment (quoique trop survolée), mais cela peine à être approfondi. Les conséquences sur sa relation amoureuse sont expédiées sans que l’on puisse s’attacher à cette partie. Il aurait été judicieux de déconstruire progressivement le personnage plutôt que de nous amener au gouffre aussi rapidement. Certes, cela nous donne de chaudes larmes quand sa famille le confronte, mais on se sent manipulé.

Kate souffre d’un problème similaire. Avec les prémisses d’une carrière musicale, une grossesse et une vie affective solide, on commençait à dépasser celle qui était jusque là uniquement définie par son poids. On explore alors les origines de cet état, mais au détriment du personnage dans le présent et de sa trajectoire professionnelle. En réalité, l’écriture semble ne pas réussir à lier tout de manière fluide, devant toujours justifier la présence de Jack, dénominateur commun omniprésent. Mais la succession de jolis moments la concernant compense en partie, surtout lorsqu’elle se retrouve face à Toby, qui mériterait plus également.

Si un personnage de la série est bien traité, c’est Randall. Après le deuil de son père biologique extrêmement bien géré et émouvant, il trouve un nouveau sens à son existence en devenant à son tour une famille d’accueil. Que ce soit dans ses rapports à Beth, sa femme, ou le lien qu’il tisse avec Déjà, la fille qu’il accueille, son chapitre de vie, bien que trop déconnecté du reste de sa famille, est réellement convaincant. Il est ponctué par un superbe épisode, du point de vue de Déjà. C’est ici que This Is Us prouve qu’elle peut être un drame pertinent et émotionnellement éprouvant.

Depuis son second épisode, le grand mystère de la série était la mort de Jack, fil d’Ariane qui nous perdait parfois, souvent pour jouer sur une corde sensible trop tirée. Heureusement, il trouve sa résolution cette saison et ce qui devait être le pic émotionnel de la série l’est bel et bien. Simple, juste, poignant, l’épisode clé démêle tout le puzzle narratif qui plombait la série pour délivrer un résultat libérateur. À partir de là, tout va enfin de l’avant avec des perspectives floues, mais engageantes.

Il n’est alors pas surprenant de voir la saison se terminer sur un mariage. À l’image de la série, celui-ci est teinté d’optimisme dans une époque où il est plus facile d’être désuni. Après que chaque personnage ait atteint une certaine stabilité personnelle réinstallée ici, il faut désormais qu’ils dépassent tous le deuil de ce père qui semble les définir constamment et les alourdir. Ainsi, le discours de Kevin envers sa famille est représentatif de cela : il ne faut pas oublier mais aller de l’avant. Les flashforwards qui terminent la saison nous poussent à penser que c’est la direction empruntée, pour le meilleur comme pour le pire de leurs vies.

This Is Us est à l’image d’une vraie famille, totalement imparfaite et perfectible mais attachante. Si on peut se sentir parfois manipulé par un mélodrame trop appuyé et répétitif, la série n’est jamais meilleure que lorsqu’elle regarde avec précision ses personnages dans le présent, avec leurs désirs et envies personnelles. Devant désormais tourné une page majeure de son histoire, elle pourra sûrement faire encore mieux en saison 3.


Publié en mars 2018, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion de cette saison 2 de This Is Us sur la chaine française 6Ter dès ce mercredi 2 janvier 2019 à partir de 21h00

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