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Transferts Saison 1 : Perdu dans l’espèce

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Grand sujet de société dont on ne commence qu’à effleurer les contours, le transhumanisme est déjà bien ancré dans la fiction. Ce ne sont pas ceux qui ont vu Real Humans qui diront le contraire. La quête de la vie éternelle (qui n’est qu’un sujet transhumaniste parmi d’autres) a fait rêver – ou l’inverse – des générations de lecteurs de science-fiction. Arte dégaine avec Transferts son point de vue réaliste dans une série qui pose les bonnes questions.

Dans un futur vraisemblablement pas très éloigné, la sauvegarde de l’esprit humain dans un nouvel hôte corporel est acquise. La pratique est démocratisée, mais les échecs, peu nombreux, mais significatifs d’une science encore imparfaite, ont poussé les politiques à déclarer les « transferts » illégaux. Le débat s’est donc cristallisé autour des libertés individuelles (peut-on décider de devenir un hôte ?) et d’un regain de foi, l’Église retrouvant un nouveau grand combat à mener sur la question du corps et de l’âme. C’est dans ce contexte que Florian, un ébéniste, père de famille aimant et sans histoires, sort de cinq ans de coma dans la peau de Sylvain Bernard, un policier zélé à la tête d’une brigade chargée de traquer… les transferts illégaux.

L’exposition a tout pour définir un univers propre, dans un cadre bien connu : celui de la série policière avec un flic « infiltré », censé chasser les membres de son « espèce ». Mais le combat de Florian/Sylvain va se centrer sur autre chose. Florian, humaniste et droit, intègre contre son gré le corps d’un homme brutal et limite fasciste, et s’expose à un « contre », qui fera peut-être rejaillir la personnalité de Sylvain. Peut-on et comment concilier une âme et un corps issus de deux entités ? Florian peut-il continuer à vivre sa vie de famille sans que la violence innée de son corps hôte ressurgisse ? L’acteur belge Arieh Worthalter compose un personnage dual, complexe, avec précision et humilité. Les troubles qu’ils traversent, les revirements de sa personnalité et le chaos dans lequel il est plongé sont restitués finement grâce au talent de l’acteur.

Malheureusement, si l’écriture du personnage de Florian évite la plupart des clichés, les autres protagonistes offrent moins de subtilité. Entre la collègue amoureuse, le prêtre opportuniste, le scientifique mégalomane ou le chef corrompu, tout cela donne parfois des moments de déjà vu. Sans que cela ne gêne pour autant la qualité du récit, Transferts navigue à l’occasion en terrain un peu trop connu.

C’est lorsque la série s’aventure sur le terrain philosophique et éthique qu’elle livre ses plus beaux morceaux. Dans le monde de Transferts, un fils peut-il hériter de son père en devenant son hôte ? Un enfant issu du corps de Sylvain ressemblera-t-il seulement à Sylvain ? Et sous couvert d’un geste d’amour altruiste, Sophie, la femme de Florian, n’est-elle pas juste égoïste ?

Pas étonnant que la religion soit donc au centre du récit. La série en propose une vision ancrée dans son époque, qui a tous les atours d’un parti politique (Transferts joue d’ailleurs le mélange des genres avec brio), avec ses militants, ses stratégies purement électoralistes et ses financements parfois douteux, entraînant des compromissions difficilement tenables.

On regrettera que Transferts ne sorte pas plus des sentiers battus. Avec un potentiel aussi impressionnant ne ressort qu’une série agréable, qui tient fermement sur ses bases, mais n’offre finalement pas plus que ce que l’on espérait. Mais après les échecs de Cannabis et de Trepalium, Transferts permet de se rassurer en nous montrant que la chaîne Franco-allemande sait encore choisir des projets ambitieux et novateurs. Le cliffhanger du sixième et dernier épisode de la saison pourrait rebattre des cartes et libérer ainsi sa véritable ambition, si une saison 2 est commandée.

Transferts est disponible en DVD et VOD sur Arte Boutique, et l’intégralité de la saison est visible en ligne jusqu’au 16 décembre sur http://www.arte.tv

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