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Séries Travelers saison 3 : Une si belle fin du monde

Travelers saison 3 : Une si belle fin du monde

travelers saison 3 - Travelers saison 3 : Une si belle fin du monde

Produite et scénarisée par Brad Wright (Stargate), Travelers avait fini sa deuxième saison sur un twist longtemps redouté qui changeait radicalement la situation des voyageurs : leur existence était enfin exposée au grand jour. La saison 3 reprend directement après cette révélation, alors que leur vie personnelle se complique et qu’ils perdent peu à peu le contrôle de leur ultime mission, à savoir sauver le futur.

Un nouveau souffle

Qui dit nouveaux enjeux, dit nouvelle ambiance. Si dans Travelers, le danger pouvait toujours venir de n’importe où, cette sensation est largement amplifiée dans cette saison et l’équipe créative exploite davantage ce fait. Sentiment qui est amplifié par le fait que la série est maintenant une production Netflix, qui a donc racheté les droits de la série qui nous venait de la chaine canadienne Showcase. Ce changement s’accompagne d’un budget pour les effets spéciaux à l’évidence plus conséquent.

Travelers a enfin le droit à des catastrophes dignes de ce nom ! Le plus appréciable est qu’on ne tombe pas pour autant dans l’exubérance visuelle, l’équipe portant avant tout un soin particulier aux détails comme cela est le cas depuis les débuts. Le travail se fait sur les décors, la réalisation toujours plus technique et l’image, dynamique et aux couleurs pastel, très loin des standards à néons instaurés par Blade Runner.

Travelers se montre également plus ambitieuse dans sa construction. Aucun épisode ne ressemble au précédent, entre huis clos et narration inversée ou éclatée.L’utilisation d’une narration non linéaire est parfaitement maîtrisée de bout en bout. Une jolie réussite pour une série qui joue avec les lignes temporelles.

Un bijou de science-fiction

Peu de séries avec un concept aussi fort sont parvenues à maintenir un tel niveau sur la durée. Beaucoup s’essoufflent, faute de fil conducteur solide. Pour Travelers, c’est tout l’inverse. L’ensemble s’étoffe au fur et à mesure avec une cohérence et une fluidité incroyables. Le voyage temporel a rarement été aussi bien traité, petit et grand écran confondu. La série ne fait pourtant pas dans la simplicité et demande beaucoup d’attention de la part du spectateur. Cet investissement se montre cependant vite payant et offre une expérience gratifiante.

Pour la première fois, nous avons également droit à un aperçu furtif du futur dont sont originaires les voyageurs. Le plus beau, c’est que cela sert uniquement un développement de personnage et ne gâche en rien le parti pris originel de suggérer plutôt que de montrer. En parallèle s’accumulent des indices qui permettent d’entrevoir la chaîne d’évènements ayant conduit à la presque-extinction de l’humanité.

Travelers ne cherche pas particulièrement à faire peur, mais essaie de façon totalement assumée de provoquer des prises de conscience, que cela soit autour des risques de la recherche scientifique, des considérations environnementales ou des injustices sociétales. À l’instar des saisons précédentes, l’engagement, politique s’il en est, s’avère d’autant plus efficace qu’il n’est pas au cœur de la série. Ce rôle-là est réservé aux personnages.

Un cocktail d’émotions explosif

Alors que l’histoire progresse à vive allure, elle trouve toujours le temps de se recentrer sur l’essentiel : l’humain. Le casting de Travelers est encore une fois impeccable, et au service d’une écriture de personnages remarquable. Cette année, Marcy (MacKenzie Porter) et David (Patrick Gilmore) crèvent nos cœurs l’écran, Philip (Reilly Dolman) nous touche, Trevor (Jared Abrahamson) émeut et MacLaren (Eric McCormack) impressionne. Excellents seuls, mais meilleurs ensemble, Travelers repose sur une équipe qui fonctionne, et dont même les éléments les plus secondaires ne laissent pas indifférents.

Cette troisième saison est forte en émotions. Elle est marquée par des pertes, évidemment, mais pas uniquement ! C’est là le tour de force. Alors que les enjeux sont on ne peut plus dramatiques, Travelers ne manque jamais une opportunité de faire rire, d’instaurer de la tension, de se lancer dans l’action et de nous rappeler que la vie vaut le coup –une prouesse dans le contexte. Grace à un incroyable sens du timing, ce mélange des genres qui aurait vite pu devenir indigeste évite tous les écueils et propose un condensé détonnant de tout ce qui fait une grande série.


Si la qualité de cette saison est indéniable, le futur de Travelers est incertain. Consciente de la situation, la série propose une conclusion incroyablement satisfaisante, un véritable aboutissement de ces trois dernières années. Si tout devait s’arrêter là, on aurait entre les mains une petite série parfaitement pensée et construite, mais tout de même quelques regrets de ne pas en voir davantage.