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Treme : les dernières notes (saison 4)

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Treme saison 4 - Treme : les dernières notes (saison 4)

Trente-huit mois se sont écoulés depuis le passage de l’ouragan Katrina. À la Nouvelle-Orléans, comme partout aux États-Unis, les élections présidentielles apportent un espoir nouveau, mais la vie se poursuit tout de même avec peu de changements positifs.

Pour sa quatrième et dernière saison, Treme s’est vue écourtée. Avec seulement 5 épisodes pour boucler leur histoire, les scénaristes de la série menés par David Simon ont donc décidé de faire un saut temporel plus important que prévu pour s’approcher au maximum du point où ils voulaient conclure le show.

Une partie de ce qui s’est produit pendant la coupure aurait dès lors dû se retrouver à l’écran. Cette absence est malgré tout assez bien gérée grâce à une maitrise narrative indéniable qui offre de la fluidité durant la courte période d’exposition qui était nécessaire pour nous replonger dans le quotidien des habitants de la Nouvelle-Orléans.

Dans de telles circonstances, on pourrait presque dire qu’il aurait été facile de simplement jouer la carte de l’épilogue, mais la nature même de la série fait que cela était impossible. Il est question de continuité et la vie se poursuivra d’ailleurs au-delà du générique de fin pour les protagonistes que nous avons suivis jusqu’ici. Simon avait encore des sujets à évoquer et à explorer, et casser le rythme ou la tonalité du show pour y arriver plus rapidement n’était pas d’actualité.

Concrètement, rien ne change réellement à la Nouvelle-Orléans, et cela mérite vraiment d’être développé. Ce n’est pas tant que l’existence des personnages n’est pas marquée par des évènements importants, bien au contraire, puisque le cancer de Big Chief affectera plus d’un. Néanmoins, c’est éternellement la culture de la ville qui s’impose comme étant cette constante qui fait vivre les gens, plus qu’autre chose. Dans celle-ci, trouver sa place peut-être un challenge.

Nelson Hidalgo en est la meilleure illustration qui soit, car il a beau être tombé amoureux de la Nouvelle-Orléans, celle-ci parait en avoir fini avec lui. Il reviendra encore, mais jamais il n’y sera vraiment chez lui. À l’opposé, Davis est tellement noyé dans ce qu’est cette culture qu’il atteint un stade où il devient confus au sujet de qui il est – et sera – en tant qu’individu.

À côté de ça, bien que l’ouragan est désormais loin, la ville fait toujours beaucoup de victimes et cette dernière saison ne comptait pas édulcorer cette réalité. La violence est là, même quand la musique parait être en passe de l’étouffer. Elle revient invariablement au petit matin, et Toni doit continuer à se battre pour les familles des victimes – tout comme Terry qui sacrifie beaucoup en conséquence.

La musique demeure indiscutablement bien présente, même si elle a finalement pris du recul en tant que symbole. Bien entendu, elle sert encore à nous parler d’identité, tout particulièrement quand on s’y intéresse du point de vue d’Annie, Delmond ou Antoine, mais cette ultime saison la représente avant tout comme étant cette partie de l’âme de la Nouvelle-Orléans qui est immuable. On pourrait presque dire qu’elle occupe une bonne place dans le décor et n’a que peu d’occasions d’en sortir. Le temps a manqué et peut-être que tout avait été dit.

Simon a révélé qu’il avait plus ou moins fait le tour de la question avec Treme, qu’il ne pensait pas avoir le matériel pour tenir une saison 5 – je paraphrase – et cela se ressent à un certain degré. Ce n’est pas qu’il n’y a rien à raconter autour des personnages, mais l’exploration des thématiques du show apparaît être arrivée naturellement au point où poursuivre encouragerait surtout une redondance qui n’est pas nécessaire.

En tout cas, cette saison 4 offre une belle conclusion à cette série unique à l’identité forte. Elle s’est terminée plus rapidement qu’on aurait pu l’escompter, mais cela s’est fait sans concession et avec émotion. Dire adieu aux habitants du Treme de David Simon se fait sur une pointe d’amertume, bien que leur histoire a certainement été racontée de la meilleure façon possible.