En 1995 en Louisiane, Martin Hart et Rustin Cohle se retrouvent à enquêter sur le meurtre d’une femme, Dora Kelly Lange. La scène de crime ressemble à quelque chose de rituel. 17 ans plus tard, ils sont appelés pour témoigner de ce qui s’est passé.
Annoncée par HBO comme une possible anthologie policière, True Detective nous vient du romancier Nic Pizzolatto et nous propose de revenir sur 17 ans de la vie de deux détectives, Martin Hart et Rustin Cohle, et sur l’investigation qui marqua leur carrière et leur existence.
L’idée n’est cependant pas de le faire de façon linéaire. Ce premier épisode nous sert ainsi une introduction à la construction peu conventionnelle, puisque l’on navigue entre deux périodes temporelles. Rapidement, il devient évident que le scénario veut prendre la forme d’un puzzle dont l’image devant se dessiner au fur et à mesure que les pièces seront assemblées n’est pas celle nous dévoilant les mystères du tueur en série pourchassé. Au lieu de ça, c’est clairement le portrait des deux détectives qui commence ici à se composer.
Dans ce sens, avoir été chercher des acteurs du calibre de Matthew McConaughey et Woody Harrelson apparait comme étant une décision créative à part entière, et non un simple coup marketing visant à offrir à True Detective un alibi artistique quelconque.
The Long Bright Dark nous sert ainsi une ébauche de Martin Hart (Harrelson) et Rustin Cohle (McConaughey) qui travaillèrent sept ans ensemble, mais qui ne se connaissent à peine quand l’affaire Dora Kelly Lange leur tombe dessus. La construction narrative à deux vitesses a alors pour but de donner la parole aux deux hommes afin qu’ils apportent leur point de vue et leurs commentaires sur l’un et l’autre, et sur les évènements qui les marquèrent le plus.
Une information après l’autre, on se familiarise avec les détectives, Rust apparaissant clairement dès le départ comme étant torturé et énigmatique, mais derrière sa façade plus propre et stable, Martin laisse furtivement transparaitre quelques fissures. Celles-ci seront indéniablement explorées alors que l’on remontera doucement les différentes pistes qui doivent mener à la résolution de leur investigation.
People out here, it’s like they don’t even know the outside world exists. – Rustin Cohle
C’est d’ailleurs là que Nic Pizzolatto, lui-même originaire de la Louisiane, complexifie encore un peu les choses en exprimant par-dessus tout ça l’envie de nous plonger dans la conjoncture culturelle unique dans laquelle baigne la région où tout cela se déroule. True Detective s’affirme ainsi sans tarder comme étant une série atmosphérique, ce qui est aidé par le travail du réalisateur Cary Fukunaga (Sin Nombre, Jane Eyre) qui magnifie l’ensemble grâce à une photographie faisant écho au pessimisme assumé de Rustin Cohle.
Rust’d pick a fight with the sky, he didn’t like its shade of blue. – Martin Hart
Dès les premières images, True Detective captive et s’efforce de ne pas simplement recycler les poncifs d’un genre qui semble de plus en plus éculé. Cette histoire se présente alors comme étant plus qu’une enquête sur les agissements d’un tueur en série et c’est cet angle d’approche qui donne envie de s’investir pleinement dans ce récit.