Cohle et Hart remontent la piste religieuse, mais se retrouvent rapidement dans une nouvelle impasse. Maggie se rapproche de Rust et l’introduit à une de ses amies.
Il a clairement été établi dès le premier épisode que cette première saison de True Detective voulait avant tout nous dresser le portrait de deux détectives bien différents sur beaucoup d’aspects, mais semblables à un niveau qu’ils se refusent certainement d’admettre. L’enquête apparait alors comme étant secondaire, mais plus on avance, et plus il devient clair que cette investigation est plus qu’un simple fil conducteur. C’est un catalyseur servant à faire montrer Marty et Rust sous différents angles et c’est également une force qui les entraine inexorablement vers un endroit sombre qu’ils ne veulent pas évoquer ouvertement pour le moment.
Ce troisième épisode jongle avec les non-dits pour modeler la perception que l’on peut avoir des deux détectives. Cela débute avec la thématique religieuse qui commençait à prendre forme dans le second épisode et qui est ici abordée sans détour durant le premier quart d’heure.
Sans surprise, plus que sur le sujet de la paternité, la religion s’impose comme étant ce qui éloigne le plus Cohle et Hart. Le premier ne manque pas d’exprimer son dédain envers ceux qu’ils considèrent comme pauvres et sans éducation, les victimes de cette arnaque qu’est la croyance en Dieu. Là où son partenaire voit une lumière d’espoir qui tient des gens démunis dans le droit chemin, Rust ne perçoit qu’une supercherie élaborée.
If the common good’s got to make up fairy tales then it’s not good for anybody. – Cohle
Cette aversion contre la religion tend à rendre Rust simplement arrogant, montrant bien son incapacité à proprement respecter ses collègues. Ironiquement, son discours a beau se noyer dans ses palabres métaphysiques occasionnellement épuisantes, il devient la parfaite description du mensonge que Marty se raconte à lui-même pour justifier ses choix. D’ailleurs, plus l’épisode progresse et plus ce dernier parait accepter les fables qu’il a confectionnées comme étant ce qui s’est réellement passé.
Ainsi, plus la saison avance et plus les deux détectives nous révèlent que leur vision des choses était altérée par leurs propres névroses et les excuses qu’ils fabriquaient pour les rendre convenables. C’est ainsi que la narration alternée gagne en pertinence et dépasse le simple effet de style – même si dans ce registre, cela devient assez élaboré également.
True Detective s’affirme dès lors progressivement comme un jeu d’apparences entre Rust et Martin. L’un et l’autre entretiennent une façade et nous sommes encouragés à creuser dans les fissures de plus en plus apparentes pour tenter de deviner où cela nous entraine. D’une certaine manière, on peut par moment avoir l’impression de prendre la place des détectives Gilbough et Papania qui écoutent attentivement ce qu’on veut bien leur raconter, mais contrairement à eux, nous ne savons pas ce qui vient après. La réalisation de la série est alors instrumentalisée pour exploiter ce que nous ignorons afin de nous captiver encore plus.
The Locked Room nous laisse dans l’expectative après nous avoir suggéré que tout allait se précipiter vers cet instant déterminant qui n’a été jusque-là qu’évoqué à demi-mot. True Detective est indéniablement brillamment découpée, chaque épisode s’aventurant dans des zones toujours plus sensibles. Plus on avance et plus Rust et Marty paraissent vouloir nous dire quelque chose, mais ils ont passé tellement de temps à réinterpréter tout ce qui s’est produit durant cette période trouble de leur existence qu’ils semblent incapables d’arriver au point qu’ils tentent de faire. Cette fuite en avant pourrait cependant toucher à son but au vu de la direction prise par l’enquête, mais rien n’est moins sûr, car le fin mot de l’histoire n’est évidemment pas pour tout de suite.