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Séries True Detective : Souvenirs accablants (3.01 & 3.02)

True Detective : Souvenirs accablants (3.01 & 3.02)

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True Detective Saison 3 Episode 1 et 2 - True Detective : Souvenirs accablants (3.01 & 3.02)

Est-ce que la première saison de True Detective a posé la barre trop haut ? C’est la question qui était incontournable après la saison 2. Celle-ci avait ses qualités, mais son défaut est que ces dernières n’égalaient pas celles de la saison 1. Le résultat est alors apparu comme étant peu inspiré.

La comparaison a fait mal et la saison 3 se retrouve à devoir faire face à la même chose. La différence est que, cette fois, il est évident dès le départ que Nic Pizzolatto a l’intention de ne pas essayer de se démarquer de son précédent travail. Au contraire, il compte clairement l’émuler. C’est en tout cas ce qui ressort des deux premiers épisodes.

Cette saison 3 de True Detective nous entraine dans la région du nord-ouest de l’Arkansas, sur le plateau Ozark. On est alors introduit à un duo de flics, Wayne Hays (Mahershala Ali) et Roland West (Stephen Dorff), deux vétérans du Vietnam qui sont désormais des détectives et qui se retrouvent à enquêter sur la disparition de deux enfants.

Comme la saison 1, tout commence avec une nouvelle investigation qui fait remonter à la surface des souvenirs compliqués. Il y a cependant des différences, puisque nous suivons principalement Wayne, et ce, durant trois périodes de sa vie. Le tout nous servant un récit morcelé qui doit nous permettre de découvrir toute la vérité derrière les évènements tragiques qui ont eu lieu au début des années 80.

Réalisés par Jeremy Saulnier (Green Room), ces deux premiers épisodes nous immergent dans une ambiance qui est différente des deux premières saisons, mais nous rappellent tout de même la première. L’identité visuelle est néanmoins plus générique, tout comme l’écriture de Nic Pizzolatto qui se focalise sur les éléments de l’affaire et se montre maladroite avec l’installation des personnages.

Une chose s’impose en tout cas immédiatement, c’est la sobriété de l’ensemble. De plus, même si l’on regarde une anthologie, Pizzolatto parait enclin à se reposer sur les codes de la série et la familiarité qui en découle au lieu de prendre le risque de faire des vagues en essayant de se renouveler.

Concrètement, ce lancement joue la sécurité et ne promet pas une réinvention de True Detective. C’est alors à Mahershala Ali de faire le show et, comme le reste, il se montre efficace, minutieux, mais également monotone. Il fait ce qu’il peut pour s’approprier le matériel, mais se retrouve rapidement à être limité par les non-dits sur lesquels le scénario s’appuie pour tenter de capter notre attention.

Le rythme n’est pas soutenu, mais on ne peut pas nier que le récit est dense. En plus des trois lignes temporelles qui suggèrent qu’il y a beaucoup de choses à creuser dans la vie du détective Hays, de ses échecs à son mariage, l’investigation nous parle des traumatismes des vétérans, de l’influence de la pauvreté sur le développement des peurs collectives et du mal qu’un agenda politique peut avoir sur le travail de la police.

Néanmoins, l’accent reste sur Wayne alors qu’on le voit souffrir, déambulant en tentant de camoufler ses blessures intérieures, s’investissant dans l’enquête comme si sa vie en dépendait.

Ce qui manque peut-être le plus, c’est le sens du dialogue et la philosophie qui ont rendu True Detective si mémorable à ses débuts. C’est encore présent à un certain degré, mais Pizzolatto étouffe ces particularités en cherchant à faire quelque chose de différent et de similaire à la fois. C’est un travail d’équilibriste qui pourrait payer sur la durée, mais ces deux premiers épisodes promettent avant tout pour le moment une saison 3 qui a du potentiel, mais qui manque d’énergie et de personnalité. À voir donc comment cela évoluera.