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UnReal saison 3 : ça ne sent pas la rose

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UnReal Saison 3 Episode 3 - UnReal saison 3 : ça ne sent pas la rose

Que faire quand une série avec un fort potentiel se tue lentement mais sûrement ? Continuer, à ses risques et périls. Avec la première saison d’UnReal, Marti Noxon avait frappé fort en délivrant le récit cynique des coulisses d’Everlasting, un reality-show où un candidat devait trouver l’élue de son cœur (le Bachelor, en somme). Mais deux saisons plus tard, le constat est amer : la série ne parle plus de rien, elle maltraite ses personnages et ses acteurs cabotinent. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Cette saison 3 voit, pour la première fois dans l’existence d’Everlasting, débarquer une candidate en la millionnaire Serena (Caitlin Fitzgerald). Pour mener à bien les petites manipulations visant à susciter l’émoi et l’audience, Quinn (Constance Zimmer) tente de ramener Rachel (Shiri Appleby) de sa retraite spirituelle, entamée après les événements tragiques de la saison précédente. Producteurs et prétendants s’entremêlent alors dans des jeux dangereux.

La mécanique de la série est bien huilée : des éliminations chaque semaine après des rebondissements entre prétendants et Bachelorette, manipulés par Rachel et ses collègues pour faire de la « bonne télévision », toujours plus sensationnelle. Au passage, UnReal tente de nous brosser le portrait de personnages cassés tout en tissant une intrigue sur la prise de pouvoir de Quinn sur ses patrons. Malheureusement, rien ne prend, l’écriture étant d’une paresse confondante et d’un prévisible assez pathétique. Et ce n’est pas le pire.

Là où les rapports entre Quinn et Rachel donnaient naissance à une belle amitié en saison 1 et à une relation conflictuelle, mais fusionnelle, en seconde saison, cette année, ce n’est plus qu’une caricature de ce qu’elles étaient, surmontée d’une toxicité factice. Oui, Quinn fait ressortir ce qu’il y a de pire chez Rachel parce qu’elle tient à la garder au plus près et Rachel la voit comme un modèle. Oui, elles ne sont pas bonnes l’une pour l’autre, le savent, mais s’attirent. Mais au-delà de ce constat et du va-et-vient psychologique qui en joue, il n’y a rien, aucun développement qui permettrait d’expliciter ce comportement ou de le dépasser.

Ce n’est pas le cas avec Rachel et ses problèmes psychologiques. Après avoir perdu le semblant de stabilité qu’elle avait gagné avec sa thérapie, on nous introduit son père qui est supposé se faire écho par sa maladie mentale et expliquer le passé de la jeune femme. Or, tout ceci est mélangé au reste, lance des intrigues qui se terminent dans l’indifférence ou pour en lancer de nouvelles inutiles (encore un psychologue ? Vraiment ?).

Rachel cherche pourtant à ne plus reproduire les mêmes schémas (elle se lie d’amitié avec Serena et y croit jusqu’au bout, comme une tentative de s’en sortir), mais les scénaristes ne trouvent rien de mieux que de l’enfermer dans un cercle vicieux qui n’a rien à raconter. Ils tentent de nous vendre une version manichéenne du personnage qui ne fonctionne jamais : soit elle est enjouée et attentive aux autres, positive, soit c’est une manipulatrice nymphomane et instable. La caricature est entière et détestable.

Ce n’est pas mieux du côté du propos féministe que UnReal – et plus spécialement cette saison – tente de nous vendre. Un peu de name dropping (Virginia Woolf, etc.), une affirmation de la dynamique femme contre homme avec Quinn et Gary (CEO de la chaîne), un peu de harcèlement sexuel, le tout mélangé par un message sur le pouvoir par l’argent et UnReal pense délivrer une vision féministe de ses personnages. L’arrivée de Serena ne s’accompagne pas d’une autre perspective sur l’amour et les relations hommes-femmes, elle, l’émission (fictive et réelle) ne répète que les mêmes rapports et clichés, se confortant dans le fait qu’une femme ne peut réussir sans échouer quelque part dans sa vie.

Problématique, cette avant-dernière saison d’UnReal l’est à bien des niveaux et ce n’est pas son casting qui peut la sauver. Avec une quatrième saison « All Stars », elle risque de pousser le bouchon encore plus loin, mais ne pourra plus se cacher derrière son propos faussement engagé, inutilement cynique et réellement dépassé.