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Séries Veronica Mars : Depuis bien longtemps, nous sommes amis

Veronica Mars : Depuis bien longtemps, nous sommes amis

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Veronica Mars Serie - Veronica Mars : Depuis bien longtemps, nous sommes amis

A long time ago, we used to be friends…” : soixante-quatre fois, pendant trois ans, nous avons entendu ces quelques mots ouvrant l’épisode de la semaine de Veronica Mars, que ce soit entre 2004 et 2006 sur The WB (puis un an sur The CW) ou lors ces multiples diffusions sur M6, à la sortie du collège ou du lycée.

Il est difficile d’écrire sur une de ses séries préférées. Une part de mémoire sélective ou de mauvaise foi peut s’inviter dans notre regard sur la série, lui donnant l’importance personnelle qu’elle a eue pour nous comme un repère valable pour tous. Pourtant, sur certaines, on risque peu de se tromper et il suffit de trouver les mots pour lui rendre au mieux justice.

À l’époque – et comme la série à laquelle on la compare souvent, Buffy –, Veronica Mars a été catégorisée teen show à tort et à travers. Elle en est un, sans nul doute, dans son contexte et l’âge de ses personnages, sa volonté de nous montrer les amitiés et amours de Veronica la lycéenne avec ses différents prétendants, Logan, Duncan et plus tard Piz. Mais la série est bien plus. Elle est aussi une chronique à intrigues policières d’une jeune femme brisée par son passé, par la mort de sa meilleure amie, Lily Kane. Mort sur laquelle l’apprentie détective privée va enquêter, pourtant toujours meurtrie par l’abandon de sa mère qui l’a poussée à devenir méfiante, sarcastique et incapable de faire confiance à qui que ce soit. Même son père, l’ancien shérif déchu suite au meurtre de Lily, n’aura pas toujours ses faveurs malgré une relation fusionnelle.

Au cours de ses trois saisons, Veronica Mars deviendra plus qu’un Buffy sans les vampires ou un Daria sans animation pour être une série culte, portée par une écriture et une interprétation d’exception, chapeautée par Rob Thomas. Kristen Bell donne vie avec pugnacité, fraîcheur et simplicité à celle qui sera notre enquêtrice préférée, inoubliable du premier au dernier épisode. Avec elle, on grandit de ses erreurs par rapport à ses amis (Mac, Wallace, Wevil ou Parker) et ses petit-amis. Nous aussi, nous sommes traversés par le fantôme de Lily, figure Twin-peaksienne qui hante la jeune femme et contribue à lui construire une carapace. Mais elle n’hésite pourtant jamais à aider ses camarades. Veronica, la Misanthrope du 21 ème siècle.

Avant le #TeamMichael et #TeamRafael, Veronica Mars nous donnait #TeamLogan, #TeamDuncan ou #TeamPiz. Représentant chacun une des périodes de la vie de la jeune femme, leurs différents duos donnent vie à des moments iconiques, mais aussi à des dilemmes moraux véritablement intéressants. Veronica est rarement définie par sa relation avec un garçon, femme indépendante mais qui apprend à ne pas les rejeter, seulement à ne pas se fondre en eux. Les différentes ruptures avec Logan en seront la preuve.

Mais si l’on ne devait garder qu’une relation de la série, ce serait celle de Keith et sa fille. D’un rapprochement forcé par le départ de la mère en découle un rapport père-fille comme on en voit peu à la télévision, nous donnant un des meilleurs duos qui ait existé. L’équilibre entre drame et comédie, entre amitié d’égal à égal et le rôle d’éducateur et de formateur de Keith, les dilemmes éthiques et moraux qui les séparent parfois, tout cela contribue à donner une belle ampleur à la meilleure famille monoparentale de la télévision, ni plus, ni moins.

Son ton acerbe, son point de vue sarcastique sur les humains, Veronica Mars le porte par des enquêtes à la semaine d’une précision et d’une pertinence rarissime, mais aussi et surtout par des intrigues au long cours parmi les plus captivantes. Du meurtre de Lily Kane à l’accident de bus en saison 2, Rob Thomas est parvenu à faire de son environnement de riches lycéens privilégiés un terreau d’une critique de la société portée par une histoire pertinente. Écriture sombre et profonde, se renouvelant sans se renier, la série sait surprendre constamment tout en brossant un des portraits les plus fascinants de la télévision.

Si elle connaît un changement léger de formule en saison 3 (moins d’intrigues feuilletonnantes) avec l’entrée à l’université de Veronica, Logan, Wallace et Mac, elle fait la transition de manière adulte et nous laissent malheureusement sur sa fin en 2007, après son annulation (toujours une des choses les plus injustes de tous les temps). Heureusement, les fans ressuscitent la série en 2014 avec une campagne Kickstarter pour un film de conclusion terriblement efficace, délivrant une dernière enquête de choc sur fond de réunion de promo de lycée mouvementée. Mais ce qui devait être l’adieu aux fans que nous méritions, Hulu en a décidé autrement et nous ramène notre détective préférée pour une quatrième saison très prochainement.

Drôle, piquante, addictive, intelligente, Veronica Mars est une vieille et meilleure amie que l’on revoit toujours avec le même plaisir, avec qui on a autant de discussions intelligentes que de bon temps facile, une amie que l’on mésestime souvent et qui se révèle bien plus précieuse que l’on pouvait le penser au départ. Si elle a acquis un statut d’œuvre culte et classique, c’est par ses Marshmallows (fans) et leur dévotion envers une série généreuse, profonde et qui manque fortement.


Publié en aout 2018, cet article est aujourd’hui remis en avant pour célébrer le retour de Veronica Mars dont la saison 4 arrive sur Hulu le 26 juillet 2019.