Aller au contenu
Séries Autres séries Versailles : les fondations du pouvoir (Pilote)

Versailles : les fondations du pouvoir (Pilote)

  • par
  • 3 min read

Versailles Pilote - Versailles : les fondations du pouvoir (Pilote)

L’Histoire française ne manque pas de figures fortes sur lesquelles la télévision peut se pencher, celles-ci permettant souvent de peindre une époque, une ambiance particulière. Canal+ choisit l’une des plus connues en la personne de Louis XIV (George Blagden) et lance alors Versailles.

En 1667, Louis XIV a 28 ans. Pour imposer son pouvoir absolu sur la noblesse frondeuse, il veut sortir de terre son plus grand rêve : Versailles. Dans cette cage démesurée et dorée où il entend faire régner sa loi et assouvir ses passions, comment être le plus grand des rois ?

Ce premier épisode nous invite ainsi à suivre les prémices de la construction du château de Versailles, véritable symbole du règne de Louis XIV et théâtre de bien des luttes de pouvoir. L’ouverture du pilote nous introduit alors en quelques minutes à ce que sera la série : une peinture des grandeurs et des décadences d’un roi qui s’autorise tout, même le plus grand des palais, pour marquer son empreinte et asseoir sa position.

En cela, le discours de sa mère, Anne d’Autriche (Dominique Blanc), sur son lit de mort prophétise les défis auxquels le roi va devoir faire face. Il a bien des adversaires et ceux-ci avancent parfois masqués. Qu’il soit dans sa cour, à l’extérieur du pays ou en lui, Louis XIV est en proie aux doutes et à la difficulté de garder sa position.

On nous impose alors une relation conflictuelle avec un frère qui se présente comme étant autant son confident que son ennemi. Le procédé est dépourvu d’originalité et, même si le matériel historique l’incombe, insister autant sur la dualité fraternelle apparaît rapidement stérile. Oui, il aura besoin de lui, peut-être va-t-il le trahir ou l’aider, mais le chemin de leur relation importe peu.

On pourrait dès lors trouver de quoi étoffer l’ensemble auprès de la cour ou des conseillers du roi. Or, il s’agit ici de ne faire que de la figuration. L’introduction aussi brève que futile des nobles ou du peuple n’offre pas l’ampleur dont le récit a besoin. Le scénario se colle alors au plus près de la personnalité du roi et de son rêve de château. Il reste que les enjeux que son entreprise implique sont assez intéressants pour tenir jusqu’au bout.

Derrière la caméra, Jalil Lespert (Yves Saint Laurent) ne semble pas en manque d’inspiration ni de style. L’époque lui insuffle une réalisation léchée, utilisant des plans larges pour filmer les décors, épousant parfaitement l’ampleur suggérée du récit. Entre un générique sobrement efficace et un montage intéressant, il parvient à donner un semblant de rythme qui cache certaines lourdeurs dans le texte. En ce sens, la scène où Louis se retrouve face à des loups et où son frère lui assène : « Les loups vont revenir et ils seront plus nombreux » montre clairement une absence de subtilité dans les métaphores voulues.

Par son introduction, Versailles semble être un bel objet à regarder, mais qui sonne un peu creux. L’ambition de son sujet se ressent dans sa réalisation, mais beaucoup moins dans le développement de ses personnages et ses intrigues. Louis XIV s’impose alors comme unique point de vue sur les événements. Ceux-ci sont assez intrigants pour donner envie de continuer, mais ce premier épisode laisse beaucoup de place à l’amélioration.