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Séries Victoria : Un début de règne compliqué (Pilote)

Victoria : Un début de règne compliqué (Pilote)

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Victoria saison 1 episode 1 - Victoria : Un début de règne compliqué (Pilote)

Alors que Netflix proposera au mois de novembre The Crown qui s’intéresse au règne d’Elizabeth II, ITV a quant à elle choisi de revenir sur celui de la reine Victoria – incarnée par Jenna Coleman.

Prenant la place de Downton Abbey sur la grille des programmes, Victoria est une création de Daisy Goodwin qui ne laisse aucun doute sur le genre de productions qu’elle compte délivrer. En gros, nous n’allons pas avoir le droit à un Wolf Hall consacré à cette reine emblématique, mais plus à une série pop-corn qui préfère les ragots de la cour aux enjeux politiques et bouleversements sociaux.

Nous sommes donc en 1837 lorsqu’Alexandrina Victoria, alors âgée de 18 ans, devient Reine. Elle a jusque-là vécu une existence aussi protégée que contrôlée par sa mère (Catherine Flemming) et le conseiller de cette dernière, Lord Conroy (Paul Rhys).

Bien que son éducation soit incomplète, Victoria est déterminée à prendre sa place sur le trône selon ses propres termes. Malgré une réputation tâchée par le scandale dans sa vie privée, Lord Melbourne est choisi par la reine pour lui servir de mentor. Un long règne peut donc commencer…

Pour la scénariste Daisy Goodwin, il n’y a à l’évidence pas une minute à perdre. Si la série démarre au moment où Victoria devient reine, on peut légitimement se demander pourquoi le choix n’a pas été fait de commencer au couronnement ou après vu la volonté de nous entrainer dans les couloirs du palais aussi vite que possible. Le récit s’éparpille rapidement pour tenter de nous familiariser avec les visages récurrents et dynamiser l’ensemble à l’aide d’intrigues financières et sentimentales.

À l’image d’une reine qui manque de maturité, le premier épisode de Victoria manque d’une direction affirmée et d’un véritable rythme narratif. Le ton est avant tout donné par un esthétique majoritairement léchée et par la composition musicale de Mearl et Ruth Barrett. Les deux assurent l’immersion dans une histoire où les dialogues peinent à véritablement prendre vie.

Victoria n’est pas dépourvue d’idées intéressantes, mais dont l’exploitation laisse à désirer ou qui aurait dû être développé après l’introduction. L’histoire du trafic de gants (appelons-le ainsi !) parmi le personnel se révèle être plus que légère et détourne notre attention d’enjeux qui apparaissent bien plus importants à ce niveau du récit. Le sujet du budget parait on ne peut plus pertinent, mais il est avant tout présent pour fournir des éléments de comédies à l’intérêt limité. Enfin, le scandale de Lady Flora Hastings (Alice Orr-Ewing) aurait gagné en force avec une meilleure familiarité des personnages.

On peut définitivement se demander pourquoi Daisy Goodwin a pensé qu’il était si important d’installer à ce point les personnages secondaires avant d’avoir vraiment pris le temps de solidifier le statut de la nouvelle reine et de son entourage. Dans la peau de Victoria, Jenna Coleman (Doctor Who) commence comme une jeune femme avec un certain potentiel pour vite se retrouver à se comporter comme une jeune gamine immature dominée par des rancœurs qui ont à peine été effleurées. Connaitre le rapport entretenu par Victoria et sa mère ne devrait pas être un pré-requis.

Loin de son rôle dans The Man in The High Castle, mais avec toujours autant de présence à l’écran, Rufus Sewell mène alors la danse lorsqu’il est dans la pièce et dessine ainsi les contours d’une série moins superficielle. Il apporte une dose de gravité qui est plus que bienvenu et s’impose sans aucun doute comme le mentor dont a terriblement besoin Victoria.

Au final, Victoria ne commence pas son règne en beauté. La série s’ouvre sur un épisode qui réussit à divertir dans certaines limites, mais qui se montre particulièrement brouillon et approche son sujet plein de potentiel avec un manque de subtilité certain.