Depuis quelques semaines, NBC a confirmé le retour pour la saison prochaine de Will & Grace. Si la série de David Kohan et Max Mutchnick n’a jamais réellement trouvé sa place dans le paysage télévisuel français, elle demeure un véritable phénomène outre-Atlantique. Couronnée de quelque 16 Emmy Awards, le show de NBC a surtout été pionnière dans la représentation de la communauté LGBT à l’écran.
En effet, la série nous présentait Willam Truman (Eric McCormack), un avocat homosexuel partageant son appartement avec sa meilleure amie Grace Adler (Debra Messing), décoratrice d’intérieur, juive et hétérosexuelle. À cela s’ajoute Karen (Megan Mullally), secrétaire riche et antipathique de Grace, et Jack (Sean Hayes), l’ami acteur de Will.
Depuis son arrêt en 2006, la série a souvent été saluée pour avoir aidé à améliorer l’opinion publique sur la communauté LGBT. Joe Biden — l’ancien Vice Président des États-Unis — a reconnu que la sitcom de NBC avait permis d’éduquer le public américain aux problèmes des communautés gay comme peu l’avaient fait jusqu’ici. En effet, à son lancement en 1998, le risque était réel, mettre en vedette un personnage gay n’avait rien d’évident, pourtant la série s’est rapidement imposée comme l’un des piliers de la chaîne.
Plus que l’impact sur le public, Will & Grace est avant tout une sitcom hilarante. De nombreuses répliques demeurent pour les fans — tels que moi — totalement cultes, tout comme certains personnages dont l’inoxydable Karen Walker interprétée par la géniale Megan Mullally. Mais surtout, la série peut se targuer d’avoir eu une liste impressionnante de guest-stars, de Glenn Close à Michael Douglas en passant par Elton John, Madonna, Jenifer Lopez ou encore Demi Moore, Debbie Reynolds, mais surtout l’icône de Jack, Cher !
Pour autant, la série a pu échapper à certaines critiques vis-à-vis de sa représentation de la communauté gay. Si certains ont critiqué la caricature du personnage de Jack, d’autres ont pointé du doigt l’hétérosexualisation de Will.
À titre personnel, c’est le traitement des intrigues romantiques des deux meilleurs amis qui a pu me poser problème. En effet, si Grace a eu quelques relations sérieuses qui s’inscrivaient dans la durée, Will n’a eu que quelques flirte qui ne durèrent que peu de temps. Il faudra attendre la saison 6 pour que Will connaisse une vraie relation avec le personnage de Vince interprété par Bobby Cannavale.
Indéniablement Will & Grace demeure l’une des grandes sitcoms des années 90/2000. Néanmoins, son retour sur NBC, s’il est compréhensible, n’est pas pour autant sans risque. Depuis un peu plus de 10 ans, la représentation des différentes sexualités sur les networks américains s’est largement développée, comme le montre la chaîne ABC, avec Modern Family, les séries du Shondaland ou la récente The Reals O’Neals.
Dans ce contexte, le retour de la série phare n’est pas foncièrement pertinent. Personnellement, j’ai toujours beaucoup d’affection pour le show, il m’arrive fréquemment d’en regarder quelques épisodes. Mais cette tendance au retour de série culte n’est pas gage d’une meilleure qualité, en témoigne les multiples retours en demi-teinte tels que The X-Files ou Gilmore Girls. Alors Will & Grace va-t-elle s’inscrire comme beaucoup dans un sentiment de déception ?
En tout cas une chose est sûre, la création de David Kohan et Max Mutchnick va devoir relever quelques défis pour être à la hauteur. Tout d’abord, éviter le retour en arrière des personnages, a-t-on réellement envie de revoir Will et Grace vivre ensemble ? Jack n’a-t-il pas le droit d’avoir une relation un minimum sérieux ? Bien sûr, la série doit garder dans le même temps son ton, son humour et capter les changements de la société. En somme, les showrunners vont devoir travailler d’arrache-pied pour espérer être l’exception qui confirme la règle.