Après s’être lancée dans la série scriptée originale en 2010 avec Hot in Cleveland, TV Land tente maintenant de faire évoluer sa programmation dans le but de toucher un public un peu plus jeune, sans pour autant trop bousculer les choses.
C’est en tout cas dans cette optique que la chaine a commandé Younger, une création de Darren Star qui se base sur le roman du même nom écrit par Pamela Redmond Satran. Après avoir séduit le public (de non Broadway) avec Bunheads, Sutton Foster endosse le premier rôle de cette comédie single camera et joue alors Liza, une mère au foyer d’une quarantaine d’années qui, après s’être séparé de son mari, décide de reprendre le travail.
Cependant, Liza va se retrouver confrontée à un obstacle de taille : son âge. Ayant quitté le monde professionnel il y a 15 ans pour se consacrer à l’éducation de sa fille, elle fait face à un système qui ne veut pas d’elle. Pour réussir à décrocher un emploi, Liza ment et fait croire qu’elle a juste 26 ans.
Avec un tel point de départ, on aurait pu imaginer que Younger avait des choses à dire sur la place de la femme dans notre société. Tout est là en tout cas pour qu’un regard critique puisse se développer à bien des niveaux. Que ce soit sur les standards de beauté, sur la difficile réinsertion sociale, sur le possible clash générationnel, les pistes sont multiples, mais le pilote semble ne pas vouloir en aborder une seule comme il faut.
En vérité, ce premier épisode de Younger délivre un humour assez pauvre ; celui-ci se repose en partie sur des références de pop culture franchement limitées et tout aussi réductrices – ce qui est assez triste vu que le show se déroule dans l’univers de l’édition. Quand ce n’est pas le cas, c’est un enchainement tout aussi peu inspiré pour signifier les différences entre la vingtaine et la quarantaine. Liza est alors coincée dans un monde avec des codes sociaux différents, mais cela n’est pas tant ce qui prime, mais plus des commentaires assez peu agréables sur le fait que vieillir n’est clairement pas une bonne chose. La série n’offre pas non plus un portrait très reluisant de ces personnages dans la vingtaine, ce qui met au moins tout le monde au même niveau. Il y a aussi bien des choses à dire à travers le personnage de Kelsey Peters, incarnée par Hilary Duff, mais elle ne sert à ce stade qu’à mettre en valeur la différence d’âge.
Reste tout de même Sutton Foster qui insuffle une certaine énergie à l’ensemble, donnant définitivement corps à une femme de quarante ans qui peine à croire que l’on peut penser qu’elle n’en a que 26 ans. Elle a bien raison, car elle fait définitivement bien plus vieille et ce pilote ne s’offre même pas une petite note d’humour sur le sujet alors que cela aurait sans aucun doute aidé à solidifier le point de départ.
L’épisode parvient aussi à aborder avec une certaine sensibilité le possible développement d’une relation entre Liza et Josh, le premier à l’avoir prise pour plus jeune qu’elle ; une potentielle romance se met en place et elle n’est pas dénuée d’intérêt, justement pour la différence d’âge qui existe.
maniYounger approche donc son sujet avec une superficialité agaçante et un humour faible. Pour autant, les éléments sont bien là pour donner le jour à une série qui aurait des choses à dire autant sur la places des femmes de quarante ans que sur celles dans la vingtaine. Pour y arriver, il faudra cependant y injecter beaucoup de finesse, car ce pilote nous introduit à un univers qui est dépeint de manière particulièrement grossière et caricaturale.