Le plus intéressant est peut-être un peu fort, mais certainement le plus intrigant et incontournable. Quand 12 Monkeys débuta, Emily Hampshire endossa le rôle de Jennifer Goines, prenant ainsi la suite Brad Pitt qui incarnait Jeffrey Goines dans le film de Terry Gilliam. La différence entre les deux était principalement que la série n’allait pas suivre la même trajectoire concernant l’armée des 12 singes et Jennifer n’avait pas une place très importante à occuper.
Cela changea donc notablement dans la saison 2. Il n’était plus question de ramener Jennifer à l’occasion, on lui a offert un rôle prépondérant au cœur de l’intrigue. En fait, elle est devenue la clé de cette dernière, s’imposant dès lors comme n’étant plus un électron libre.
Jennifer Goines est folle, mais elle ne l’est pas. C’est tout le génie de la réinvention du personnage. Ce qui était attribué à des problèmes psychologiques était en réalité une connexion au Temps. Passé, présent et futur s’entrechoquent dans la tête de la jeune femme et, plus qu’altérer sa vision du monde, cela étend sa compréhension de celui-ci.
Régulièrement, Jennifer est utilisée comme un simple accessoire, ne servant qu’à mettre Cole (Aaron Stanford) sur la bonne voie dans son combat pour sauver l’humanité de l’Armée des 12 singes. Du moins, la Jennifer du futur. Celle du passé occupe une place différente. Elle est l’amie de Cole – et deviendra de façon complètement improbable celle de Cassie (Amanda Schull). Elle a trouvé un but dans sa vie et tente de l’atteindre.
Néanmoins, plus que la dynamique entre le personnage et les voyageurs temporels, Jennifer Goines est la colle qui tient tout le concept derrière cette saison 2 de 12 Monkeys cohérent. Difficile de ne pas qualifier l’approche de Terry Matalas et Travis Fickett d’ambitieuse. Leur réappropriation des bases du film original était intéressante, mais ils dévoilent à présent ce qu’ils cherchaient réellement à raconter et cela est fascinant. Non seulement ils ont une vision du voyage dans le temps qui contourne les poncifs du genre, mais ils posent des questions qui mettent à l’épreuve leurs propres concepts pour mieux le renforcer.
Malgré tout, si tout cela tient réellement la route, c’est grâce à Jennifer. Le personnage est placé dans une position où elle fournit les explications nécessaires pour que tout ne s’écroule pas. Si cela fonctionne, c’est parce qu’elle a gagné la légitimité dont elle avait besoin pour éviter que ce qui n’est finalement qu’une facilité scénaristique n’apparaisse n’être que cela.
Le véritable risque alors était que, il faut bien le reconnaitre, il n’est pas toujours aisé d’apprécier Jennifer – ce n’est pas Cassie qui dira le contraire. Emily Hampshire a parfois la main lourde avec le côté lunatique de la jeune femme qu’elle interprète, mais elle le garde suffisamment sous contrôle pour que l’on puisse apprendre à aimer Jennifer pour ce qu’elle est. L’actrice a clairement beaucoup de crédit à prendre pour cela, même si les scénaristes ont aidé en nous la montrant à travers le regard de Cole, ce qui la rendit attachante, de façon surprenante.
En tout cas, Jennifer Goines occupe à présent un rôle indispensable dans 12 Monkeys et cela a indéniablement fait d’elle un personnage intéressant et, selon les points de vue, peut-être le plus intéressant du show.
