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Hank Moody, cet auteur en perdition dans la Californication

Hank Moody Californication - Hank Moody, cet auteur en perdition dans la Californication

Il y a dix ans de cela, David Duchovny faisait son retour à la tête d’une série. Pour tout le monde, il était Fox Mulder, le célèbre agent du FBI de The X-Files. C’est surement pour cette raison que la première scène de Californication se devait de montrer que Hank Moody était plus qu’un autre rôle pour l’acteur.

Créé par Tom Kapinos pour être une sorte de voix libératrice devant lui permettre d’exorciser tous ses démons sur l’industrie du divertissement, Hank Moody est un écrivain — librement inspiré par Charles Bukowski — qui se laisse avaler par Los Angeles.

Bien entendu, s’il déteste la Californie, véritable lieu de perdition à ses yeux, Hank Moody ne parvient pas à s’en échapper avant qu’il ne soit trop tard. Il tente néanmoins de lui résister à sa façon, abusant de l’alcool, du sexe et occasionnellement de la drogue. C’est un style de vie qui ne sied pas spécialement à un père de famille ni à une carrière fructueuse dans l’écriture.

Durant les sept saisons de Californication, Hank ne cessa donc jamais de courir après l’un et l’autre, à sa façon. Et être un aimant à problèmes, véritable catalyseur de situations aussi improbables que grotesques, ne l’a certainement pas beaucoup aidé. En tout cas, sa carrière n’en a tiré aucun bénéfice, car Los Angeles tue le talent.

C’est du moins là où semble en venir Tom Kapinos qui fera passer Hank par toutes les branches créatives possibles. Il fut naturellement romancier, mais aussi biographe de rockeur, scénaristes de télévision, parolier, consultant pour l’industrie cinématographique et même professeur. Partout où il se rend, le chaos suit et il ne parvient à retrouver sa voix qu’une fois qu’il retourne à New York.

Dans ce sens, Hank Moody avait beau se laisser porter par la déchéance californienne, il n’abandonnait jamais son style grunge et son cynisme à toute épreuve. Los Angeles absorbe peut-être les artistes pour mieux les recracher sans leur talent, Hank a l’avantage de ne jamais s’être considéré comme étant un artiste. Cette étiquette que tout le monde semble adorer brandir frauduleusement dans cette ville où la médiocrité est célébrée à son maximum, il la rejette et s’en moque. Malgré tout, Hank est l’archétype de l’artiste en perdition, et il ne le sait que trop bien.

Après 7 saisons de Californication, Hank a donc exploré tout ce que Los Angeles pouvait lui offrir comme possibles carrières et en est ressorti vieilli, fatigué et assagi. Il ne s’est néanmoins jamais totalement perdu et finit même par se retrouver ou, plutôt, par réaliser ce qui était finalement important pour lui.

Il est indéniable que la série a vécu plus longtemps qu’elle n’aurait dû, et Hank Moody en paya le prix. De critique acerbe à victime presque complaisante, il a plus d’une fois cédée à la tentation californienne et perdit petit à petit ce qui faisait de lui ce personnage de série à part. Malgré cela, Hank Moody a eu ses moments de gloire et il ne faudrait pas les oublier.